Quarante années d'errements de l’école d’État et d'innovations pédagogiques désastreuses ont mis à bas l’école française (34e sur 50 au classement PIRLS 2017). Les élèves s’y ennuient, les parents s’en méfient et les professeurs la fuient. L’institution, qui n’assure plus sa mission enseignante, est en état d’agonie.

Face à ce constat, de nombreux parents, demandeurs d'une "autre" école, créent aujourd'hui leurs propres établissements. Les principales raisons de ces initiatives sont la recherche d'une meilleure "qualité de l'enseignement" et de "la sécurité de l'enfant"". D'autres motivations entrent aussi en ligne de compte, comme le niveau scolaire, la transmission des valeurs morales, le bon encadrement et l'autorité du maître. Sans aucun soutien financier de l'État, ils bénéficient d'une réelle liberté : celle du recrutement, de la pédagogie adoptée et du choix des manuels scolaires. En échange de cette autonomie, ils doivent répondre de leurs résultats, les objectifs d'acquisition des connaissances restant fixés par l'État et validés par les diplômes officiels.

Alors que les écoles publiques proposent un enseignement unique supposé convenir à tous, mais qui laisse, selon les statistiques officielles, 40 % d’une classe d’âge sur le bord de la route (échec scolaire, décrochage scolaire, phobie scolaire…), les écoles indépendantes, elles, procèdent d’une autre philosophie. Elles partent des besoins des enfants qui leur sont confiés et développent une pédagogie sans cesse adaptée aux besoins concrets qu’elles constatent sur le terrain.

Les résultats de ces laboratoires grandeur nature prouvent qu'un tel modèle mériterait d'être reproduit. Créées au rythme d'une centaine par an (122 en 2017), ces écoles sont en réalité une véritable chance pour l'Éducation nationale et son ministre, qui devraient trouver là quelques remèdes à leur échec et un modèle pour leurs réformes. En effet, la saine émulation induite par la multiplicité des offres devrait forcer les écoles publiques à rehausser leurs performances et la qualité de leurs programmes. Tout le système éducatif peut en être tiré par le haut, y compris et surtout l'école publique.

Ces établissements alternatifs sont d'abord un modèle économique. Un élève coûte en moyenne 6.810 € à la collectivité par an ; 2.000 € dans une école indépendante. Quand on sait que l'intégralité de l'impôt sur le revenu est consommé par la seule Éducation nationale, le contribuable est en droit d'exiger qu'elle soit gérée avec rigueur.

Structurellement, les écoles indépendantes présentent de nombreux avantages. Leur attention porte davantage sur l'élève que sur le programme. L'objectif n'est pas le « groupe classe » mais la formation intégrale de chaque élève. L'adaptation en temps réel aux besoins des enfants est rendue possible par la légèreté des structures et la souplesse de gestion que le statut hors contrat permet, à rebours du technocratisme centralisé et bureaucratisé des établissements publics, qui condamne trop souvent ces derniers à l'impuissance face aux difficultés des enfants.

Le rythme des cours, la pédagogie et les horaires peuvent être modifiés selon les besoins. Pragmatiques, elles utilisent les méthodes qui ont fait leur preuve (méthodes de lecture et de calcul, dictées et analyse grammaticale...) ou qui innovent (e-learning, langues interactives...). Leur but est de former l'intelligence et la personnalité des élèves. La force de caractère, l'esprit d'initiative et la connaissance de soi y sont développés autant que la formation intellectuelle. Les écoles indépendantes innovent également en créant des programmes particuliers comme les programmes internationaux, les écoles à vocation sportive ou artistique. Le port de l'uniforme dans plusieurs d'entre elles et l'interdiction des téléphones sont déjà en vigueur et bien vécus depuis plusieurs années déjà. Depuis longtemps, la pratique du chant y est coutumière.

Leurs promoteurs considèrent en effet que, dans la société plurielle qui est la nôtre, seules les écoles à l'identité clairement affichée peuvent délivrer un contenu qui ne soit pas vide de sens à force d'être consensuel.

Alors, puisque la qualité de notre école illustre le prix que nous accordons à l’avenir de notre pays, à nous de faire en sorte que l'école publique progresse grâce à l'exemple et l'expérience des initiatives menées "par défaut" au sein des écoles indépendantes.

Ce cercle vertueux doit profiter à tous.

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14 décembre 2017 à 7:22

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