Bien sûr que Donald Trump a perdu face à Joe Biden et que tricherie démocrate il y a eu, tel qu’en 1960 contre Richard Nixon, certains réseaux mafieux ayant largement aidé à bourrer les urnes en faveur de John Fitzgerald Kennedy. Tout comme les républicains ont aussi vraisemblablement volé l’élection d’Al Gore en 2000 contre George W. Bush.

Mais une fois l’ouragan médiatique passé et Donald Trump pour le moment évincé, le « trumpisme » disparaîtra-t-il pour autant ? Il faudrait être bien naïf pour imaginer que les problèmes ayant favorisé son émergence aient disparu par enchantement, en même temps que celui les ayant dénoncés. Aux USA, comme ailleurs : là où il y a de la demande, il y aura toujours de l’offre.

Ce dimanche 28 février, Donald Trump battait le rappel de ses troupes à l’occasion du traditionnel raout de la Conservative Political Action Conference, à Orlando, en Floride. Pour lui, cette alternative : fonder un nouveau mouvement ou continuer de bousculer le Parti républicain de l’intérieur. En fin renard, il a opté pour la seconde solution, se rappelant bien l’échappée infructueuse du milliardaire texan Ross Perot à l’élection présidentielle de 1992, qui tenta alors d’en finir avec le traditionnel bipartisme local en s’essayant à un populisme de droite ; exercice auquel s’est également, en vain, essayé Bernie Sanders, son alter ego populiste de gauche.

D’où cette harangue à contre-pied de l’ancien magnat de l’immobilier : « Le Grand Old Party [les républicains, NDLR] est uni. […] La seule division ? Entre une poignée de politiciens de l’establishment de Washington et tout le monde dans le pays. » On l’attendait en scissionniste ? Il arrive en rassembleur, se contentant de dresser la liste des dix-sept élus républicains ayant voté contre lui au Congrès et au Sénat.

Pas mal vu. Il joue la base républicaine contre une minorité de ses dirigeants ; mais encore celle, démocrate, qui ne se reconnaît plus dans les dérives sociétales de son parti, alors que Bernie Sanders y incarnait une forte sensibilité sociale. Refaire l’unité des travailleurs, des blue collars [les cols bleus, NDLR] contre l’aristocratie des côtes est et ouest ? Dans une optique populiste englobant droite et gauche, voilà qui n’est pas mal vu.

De dissidence annoncée, il n’y aura donc pas, sachant que ce sont plutôt certains caciques du Parti républicain qui devraient aujourd’hui se faire des cheveux blancs à la lecture des sondages ; tel celui commandé, le 28 février dernier, par USA Today, quotidien national le plus lu des USA, selon lequel « près de la moitié des électeurs républicains » se dirait prête à suivre Donald Trump s’il fondait son propre mouvement. Même si cette hypothèse est écartée, c’est dire le poids politique de Donald Trump et surtout de ce qu’il incarne. Pour tout arranger, le 16 février, le site Politico révélait déjà que « 59 % des électeurs républicains souhaitaient que Trump joue un rôle majeur à l’avenir », tandis que sa cote remontait de 74 % à 81 % chez les électeurs républicains, soit une hausse de 18 %, par rapport à un autre sondage réalisé au lendemain du happening du Capitole.

Après, si l’on s’en tient à l’avis de l’opinion globale, démocrates y compris, la popularité de Donald Trump résiste à hauteur de 34 %, ce qui n’est pas rien. Surtout quand on sait que s’il n’y avait pas eu le Covid-19, notre homme aurait probablement été réélu haut la main. Certes, s’il a échappé à la destitution, demeurent ses affaires d’impôts, lesquels n’auraient été payés que de loin ; ce qu’outre-Atlantique, on surnomme « optimisation fiscale », subterfuge qui n’a jamais tué personne.

Au contraire de ses prédécesseurs vaincus ayant rejoint la vie civile, Donald Trump persiste ainsi à s’obstiner en politique, brisant une fois de plus les règles communément admises. Mais il est vrai qu’il n’est pas tout à fait un politicien comme les autres.

Ses adversaires n’ont manifestement pas fini de s’en rendre compte. Rendez-vous en 2024 ?

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01 mars 2021 à 19:35

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