Ce matin, par décret en Conseil des ministres, le gouvernement a dissous Génération identitaire. Des militants du mouvement s'étaient rassemblés à Paris pour protester contre cette décision et déployer une banderole, mais les forces de l'ordre qui ont procédé à des contrôles d'identité les en ont empêchés.

Boulevard Voltaire était présent et a pu recueillir les témoignages des militants qui ont annoncé faire appel de cette décision.

Retour en image avec Thaïs d'Escufon et Clément Martin.

Thaïs d’Escufon

 

Nous n’avons aucune raison donnée par la police. Nous nous trouvions donc dans ce parc en préparation de l’action que nous avions effectuée contre l’annonce de la dissolution de Génération identitaire. Il se trouve que trois camions de police sont arrivés et nous ont demandé nos identités. Nous attendons depuis trois quarts d’heure que l’on puisse nous laisser partir, sachant que nous n’avons strictement rien fait.

Nous attendions de partir vers le lieu de l’action. On se demande pourquoi autant de moyens de police sont déployés pour des jeunes pacifiques qui veulent effectuer une simple action alors qu’il y a des zones de non-droit qui ne sont jamais inquiétées. Encore pas plus tard qu’hier, un barbecue sauvage a eu lieu à Saint-Étienne, les policiers ont décidé, lorsqu’ils ont vu le barbecue, d’attendre que l’événement se finisse de lui-même. En revanche, des jeunes militants identitaires vont être empêchés d’effectuer leur action.

 

Pensez-vous que c’est une injustice ?

J’attends de voir quelle sera la décision prise par la police. Néanmoins, on voit une différence de traitement notoire entre nous militants et d’autres personnes qui enfreignent la loi et qui ne font l’objet d’aucune interpellation.

 

Avez-vous décliné sans résistance ?

Oui, nous sommes toujours coopératifs. Nous n’avons rien à cacher et si la police nous demande nos identités, nous la leur donnons bien volontiers. Tous les militants, ici, l’ont donnée et c’est pour cette raison que nous ne comprenons pas pourquoi cette situation s’éternise.

 

 Qu’avez-vous envie de dire aux policiers qui sont confrontés à la délinquance que vous évoquiez ?

La plupart des policiers sont conscients qu’ils n’ont pas les ordres nécessaires pour pouvoir interpeller des racailles ou cesser des trafics de drogue ou autre. Effectivement, j’aimerais que ces policiers-là, qui sont d’accord avec les constats que nous dressons, fassent entendre leur voix et disent à Gérald Darmanin cette absurdité qu’est la différence de traitement entre nous et des jeunes d’origine immigrée qui ne sont jamais interpellés.

 

Cette action est-elle annulée ?

Je n’en sais pas plus que vous. Nous attendons que la police se prononce. Je trouve cela assez absurde que nous ne puissions pas effectuer notre action sachant que nous sommes pacifiques et que nous n’avions encore rien fait lorsqu’ils sont arrivés. Il est donc assez curieux que nous attendions dans ce parc…

Clément Martin ( porte-parole Génération identitaire)

Ce matin, une action était prévue pendant le Conseil des ministres. Ce dernier devait annoncer la dissolution de Génération identitaire. Nous avions prévu le déploiement d’une banderole avec le slogan « On ne dissout pas une génération ». Malheureusement, cette action n’a pu avoir lieu parce que les militants ont été interpellés juste avant de commencer leur action.

 

Quelle était l’attitude des militants ? 

Génération a toujours prôné un activisme pacifique. Des contrôles d’identité ont été faits et nos militants sont restés calmes.

  

On suppose que vous vous opposez à la décision du Premier ministre qui est de dissoudre Génération identitaire. Quels sont les recours juridiques que vous allez employer ?

Nous allons utiliser tous les recours juridiques possibles. Nous allons évidemment contester devant le Conseil d’État avec un recours pour annuler ce décret qui sera pris en Conseil des ministres. Nous allons également faire un référé-suspension dans le but de suspendre ce décret pour que l’activisme de Génération identitaire puisse continuer, au moins, provisoirement pendant un certain temps. Le référé-suspension va prendre environ un à deux mois, tandis que le recours que nous allons faire devant le Conseil d’État pour annuler le décret devra prendre plusieurs mois. Par ailleurs, nous allons également poser deux questions prioritaires de constitutionnalité. La première visera à remettre en question l’ensemble du dispositif de dissolution des associations sous plusieurs motifs. Par exemple, il n’existe pas de hiérarchie des sanctions. On est sur quelque chose d’assez inacceptable qui est le tout ou rien. Alors que si nous prenons les groupes de supporters, il peut y avoir des suspensions d’activité pendant quelques mois.

La deuxième question évoquera l’appel à la discrimination. Finalement, c’est quelque chose d’assez flou. Le gouvernement est actuellement en mesure de décider quelles actions ou quels propos de Génération identitaire peuvent constituer des appels à la discrimination. Nous allons demander à ce que cela s’appuie sur des décisions de justice définitives. Si tel était le cas, on ne pourrait pas le reprocher à Génération identitaire, car aucun de nos membres, pour des propos qu’il aurait tenus ou notre organisation en tant que telle pour des actions que nous avons pu faire, n’ont jamais été, de manière définitive, devant les tribunaux pour appel à la discrimination.

Nous allons désormais basculer sur une bataille juridique. Nous allons mener cette bataille juridique avec tous les outils en notre possession.

C’est à partir de notre action dans les Pyrénées que M. Darmanin a cherché à nous dissoudre. Pour cette action, nous avions justement montré que, derrière les effets de communication du gouvernement, il n’y avait finalement que du vent et que la protection des frontières n’était pas assurée. Le fait d’avoir mis cela en lumière, cela a participé à cette décision gouvernementale. Ils n’ont pas supporté que l’on puisse révéler aux yeux de tous le double discours du gouvernement sur cette question.

 

Restez-vous optimiste vis-à-vis de cette dissolution ?

La question est de savoir si c’est le droit qui sera jugé. Si c’est le cas, nous avons toutes les raisons d’être confiants. Que ce soit dans la lettre que nous avons reçue ou dans les différentes déclarations qu’a pu faire le gouvernement pour justifier notre dissolution, nous nous sommes aperçus que c’était, au mieux, assez bancal. D’ailleurs, de nombreux observateurs ont pu relever que les fondements juridiques pour dissoudre Génération identitaire étaient assez légers.

Si on est sur une stricte question juridique, il y a toutes les raisons d’être confiants.

Est-ce la politique qui va prendre le pas sur la question juridique ? Si c’est le cas, nous avons du souci à nous faire.

 

Est-ce davantage un acharnement politique qu’une sanction juridique ?

Cela me paraît assez évident. C’est finalement le point d’orgue d’une répression globale à l’encontre du mouvement identitaire qui dure depuis longtemps, mais qui s’est particulièrement accélérée depuis l’élection d’Emmanuel Macron en 2017. Certaines de nos manifestations ont été interdites, nos locaux ont été fermés et nous avons été censurés sur les réseaux sociaux. Cette répression va aujourd’hui jusqu’à la dissolution de notre mouvement. Malgré tous ces tracas judiciaires et politiques, notre organisation continuait de progresser et notre message continuait de se répandre. Ils ont estimé que la seule manière de nous faire taire, c’était de procéder à une dissolution.

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03 mars 2021 à 22:33

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