Alain Houpert : « De toute évidence, après François Fillon et Nicolas Sarkozy, le contrat du PNF de casser la droite a été rempli »
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Le sénateur LR Alain Houpert revient sur la sévérité de la condamnation de Nicolas Sarkozy : trois ans d'emprisonnement dont un an ferme pour délits de corruption active et trafic d'influence. Décision dont il a fait appel.
Les juges ont-ils tout pouvoir en France ? Quelles répercussions cette condamnation aura sur la vie politique française qui s'apprête à de nouvelles élections présidentielles ?
Analyse et décryptage avec Alain Houpert pour Boulevard Voltaire.
https://youtu.be/w79MIeEd3yk
Je ne vais pas juger de la validité de la décision des juges, d’autant que je ne connais pas l’intégralité du dossier, mais Nicolas Sarkozy a fait appel de cette décision. Pour le moment, il est donc présumé innocent. C’est la grandeur de notre système judiciaire français.
À titre personnel, j’ai été surpris de la dureté des peines prononcées. Il n’y a visiblement pas de preuves formelles. Les juges se sont basés sur des faisceaux de présomption qui ont abouti à cette accusation de pacte de corruption. Or, ces présomptions ont été obtenues grâce à des écoutes qui ont été finalement validées par la Cour de cassation, et surtout grâce à l’acharnement du parquet national financier. Il faut rappeler que le PNF a été créé par François Hollande pour casser la droite, comme le rappelait, hier, dans Le Figaro, Hervé Lehman ancien juge d’instruction et avocat au barreau de Paris.
De toute évidence, après François Fillon et Nicolas Sarkozy, le contrat du PNF de casser la droite a été rempli. J’ai confiance en la combativité et la résilience de Nicolas Sarkozy. Il est toujours sur le fil du rasoir et aime les situations inconfortables. Il l’a d’ailleurs montré pendant son mandat de cinq ans. N’oublions pas qu’il a sorti la France de trois crises financières importantes. Nadine Morano a le sens des mots. L’exemplarité est le bon signe parce qu’elle s’exerce sur l’ensemble du personnel politique et pas seulement sur le Président.
La HATVP, la Haute Autorité de transparence de la vie publique, peut témoigner de la rigueur avec laquelle les élus nationaux sont contrôlés quant à d’éventuels accroissements de revenus pendant une durée de mandat. Un président de la République a les mêmes droits que tout citoyen. Nul n’est censé ignorer la loi et nul n’est au-dessus des lois. Je pense que le président de la République, Nicolas Sarkozy ne doit pas être jugé en fonction de son passé. On est à la limite du procès politique. De fait, la suspicion de procès politique est dégradante pour la fonction de Président. Il alimente ce qu’on appelle le « tous pourris ». C’est particulièrement mal venu à quelques mois de l’élection présidentielle où certains médias organisent déjà le second tour, un duel Macron-Le Pen qui n’a aucun sens. Il peut se passer tant de choses, d’ici 2022.
En revanche, dans notre pays qui n’a déjà plus confiance dans son exécutif, on le voit dans cette gestion de la crise sanitaire, les Français constatent le passage en force de l’exécutif qui ne respecte plus le Parlement et qui légifère par ordonnance. Il ne respecte pas les forces de l’ordre. Cela ajoute aux Français une perte de repères.
Le Président Macron a été élu par dépit. Je dénonce que les ficelles sont grosses. Souvenez-vous de l’histoire du mur des cons, il y a beaucoup d’affaires autour de la magistrature qui mériteraient le même écho comme l’affaire de l’ancienne présidente. Je n’ai pas à juger qui que ce soit, mais tout justiciable est égal. Ce n’est pas parce que Nicolas Sarkozy a été président de la République qu’il doit être davantage dans l’exemplarité. Il doit être traité comme tout justiciable. Le Français moyen est parfois agacé de voir quelqu’un sortir de prison très rapidement et être peu inquiété et de voir quelqu’un en haut de l’affiche peu inquiété. Je suis inquiet pour la démocratie. Je serais d’autant inquiet si la personne concernée par ce procès était une autre personne que Nicolas Sarkozy, de l’autre côté de l’Hémicycle. Je ne suis pas dans la partie de mes amis, mais dans la partialité vis-à-vis de tout le champ de l’Hémicycle. Je serais autant choqué si un élu de gauche, ancien Président de gauche, avait le même traitement. Il y a une différence de traitement qui fait mal à la France.
Cette condamnation peut-elle marquer la fin de la carrière politique de Nicolas Sarkozy ?
Une carrière politique est faite de rebondissements. Ce n’est pas la chute qui compte, mais la capacité à rebondir. Nicolas Sarkozy a une capacité à rebondir. Vous évoquiez la possibilité, en filigrane, d’une candidature. Par amitié et par reconnaissance pour ce qu’il a fait pour le pays, je trouve qu’une candidature de Nicolas Sarkozy aurait de la « gueule ».
Soutiendrez-vous Nicolas Sarkozy s’il se présentait aux élections ?
J’ai dit que cela aurait de la « gueule ». Nicolas Sarkozy est un personnage hors du commun. Il est passé par toutes les marches de la classe politique. Il a d’abord collé des affiches. C’est un militant et les Français se reconnaissent dans ce genre de parcours.
Le parcours qu’il a fait, sa force de caractère, le fait de ne pas céder et le fait d’aller en appel est déjà un appel pour dire « je ne cède pas ». Il est contre l’injustice. Il a dit que toute peine doit être exécutée. Il sent cette peine à son égard injuste et disproportionnée. Je partage son avis.
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