Darmanin a raison : la légalisation du cannabis serait une « défaite morale » !

Le dévoiement de la notion d’« inéluctable » joue en de nombreux domaines, dont celui des drogues et toxicomanies, justifiant la démission des uns ou servant les manipulations opérées par d’autres.

Le système cérébral « de récompense » a été conservé au cours de la phylogénèse des mammifères. Sa finalité est de faire éprouver du plaisir dans l’accomplissement de fonctions indispensables à la vie (satisfaction de la faim, étanchement de la soif) et à la pérennité de l’espèce (accouplement reproductif). L’Homme, avec son insatiable besoin de repousser les limites, a élargi la finalité de ce « système de récompense », devenant le seul animal qui boit sans avoir soif, mange sans avoir faim et fait l’amour en toutes saisons. Il a trouvé dans les végétaux des substances qui intensifient la transmission dopaminergique dans le noyau accumbens : les drogues, dont c’est le commun mécanisme d’action ; il en a synthétisé d’autres, encore plus puissantes.

L’exacerbation de ces mécanismes physiologiques paraissait inéluctable. Elle a été tempérée par diverses influences : religieuses (appelant à la patience sur Terre) ; philosophiques (incitant l’Homme à dominer ses pulsions) ; éducatives (pour autant que l’éducation familiale et nationale s’en préoccupe). À l’opposé, cette exacerbation a été exaltée par les excités de Mai 1968, adeptes du « jouir sans limite ».

Au stade atteint, davantage ferait beaucoup trop ! « Passées les bornes, il n’y a plus de limites » (Pierre Dac). Sans limites, l’Homme fonce tête baissée dans l’inconnu. Les égarés s’appliquent à entraîner leurs congénères dans leur perdition, car si le bonheur peut se vivre isolément, l’égarement a besoin d’être partagé. Ces égarés font du prosélytisme ; s’appliquant à réécrire la loi pour inscrire leurs déviances dans une normalité se confondant avec la majorité.

Le « toujours plus, toujours plus souvent, toujours plus fort » des toxicomanes conduit à leur autodestruction. Il faut composer avec le «système de récompense » en le mettant au service d’un plaisir nécessaire à une bonne qualité de vie, mais en s’appliquant à le canaliser et à le tempérer pour se prémunir de ses excès destructeurs.

Le défaitisme ambiant naît de la conviction du caractère inéluctable de ce qui nous détruit. Il explique le pourcentage important de nos concitoyens prêt à renoncer à l’interdiction des drogues au prétexte que les moyens policiers mis en œuvre n’ont pas empêché leur extension. Sans leur mobilisation, la situation serait pire, mais ils sont terriblement isolés et même critiqués. Beaucoup d’autres corps qui devraient les épauler sont défaillants, la Justice relâchant les contrevenants que la police lui présente ; les médias contribuant à la banalisation des drogues ; certains, même, prônant leur légalisation ; l’Agence mondiale antidopage baissant la garde en distinguant, désormais, le dopage de la consommation des « drogues récréatives », dont certaines sont pourtant dopantes ; le monde politique tiraillé entre démagogie, appétits budgétaires, idéologie déconstructrice et intérêts électoralistes ; un Olivier Véran qui, avant d'être ministre de la Santé, était, à l’Assemblée nationale, une figure de proue de la légalisation du cannabis ; un porte parole de LREM, député creusois, agriculteur (Jean-Baptiste Moreau), voulant faire de son département l’eldorado de la filière cannabique ; une mission parlementaire, acquise à la légalisation du cannabis, réalisant une « consultation citoyenne » en direction des 1.500.000 usagers réguliers de cannabis et qui se satisfait des 200.000 personnes acquises à sa légalisation (consultation « bidon » tournant au « bide ») pour envisager un référendum national sur ce sujet, comme si la France n’avait de sujets plus urgents à faire trancher par cette modalité exceptionnelle d’arbitrage démocratique...

Heureusement, certains politiques refusent la fatalité. Ainsi, Gérald Darmanin, vient de déclarer, après la mort de trois jeunes Marseillais, sur fond de trafic de drogue, que la légalisation du cannabis serait une « défaite morale ».

N’est inéluctable que ce que l’on ne veut pas combattre ; si les toxicomanies sont une tentation, elles ne sont pas une fatalité !

Jean Costentin
Jean Costentin
Docteur en médecine

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