Crise de l’énergie : Cofigeo, géant de l’agroalimentaire, met 80 % de sa production à l’arrêt

supermarché

Cofigeo, c’est LE géant de l’agroalimentaire français qui rassemble les marques William Saurin, Garbit, Raynal et Roquelaure, et Zapetti. Ce lundi 2 janvier, il capitule, annonce la mise à l’arrêt de 80 % de sa production et ferme quatre de ses huit usines en France. Ce sont donc 800 des 1.200 salariés du groupe qui, après négociations avec les syndicats, vont se voir appliquer « un accord d'activité partielle de longue durée (APLD) ».

Mathieu Thomazeau, le président de Cofigeo, s’est confié au Figaro : « Le point de rupture est atteint », dit-il, et le groupe explique dans un communiqué publié le 6 décembre que « cette décision a pour objectif de faire face à la hausse spectaculaire de ses coûts d'énergie (gaz et électricité nécessaires à la cuisson et à la stérilisation des plats et recettes cuisinés), qui seront multipliés par 10 dès le début de l'année ». Soit une facture qui va passer de 4 à 40 millions d’euros.

On en parlait depuis l’automne, nous y sommes ; il y a donc fort à parier que la décision de Cofigeo inaugure une longue série. Entre inflation galopante, pénurie de matières premières et envolée des coûts de l’énergie, les fermetures vont assurément tomber en cascades.

Le 1er novembre dernier, c’est l’entreprise Duralex qui, la première, annonçait la mise en veille de son unique four pour cinq mois. Le verrier français capitulait lui aussi : « Le prix de l'énergie représente habituellement 5 % à 7 % de notre chiffre d'affaires. Aujourd'hui, c'est de l'ordre de 40 %. Ce n'est pas tenable », disait son président au Figaro. Passée de 3 à 12 millions d'euros en 2022, la facture pourrait encore grimper cette année.

S’agissant de la production alimentaire, secteur qui touche davantage les Français, les industriels du secteur sont encore plus alarmistes. S'ajoutent en effet aux coûts de l’énergie, du transport et du stockage les problèmes d’approvisionnement.

En septembre 2022, Dominique Chargé, le président de la Coopération agricole qui regroupe 40 % de l’agro-industrie française, expliquait (Le Figaro, 21 septembre) : « Alors que la sécheresse et la canicule estivale ainsi que le conflit russo-ukrainien pèsent sur la disponibilité et le prix de nombreuses matières agricoles », le choc énergétique se révèle catastrophique, sachant que « les prix de l’électricité et du gaz naturel alimentant les laiteries, sucreries et conserveries tricolores se sont envolés respectivement de 350 % et 380 % en un an ». Pour les géants comme Lactalis, la facture a atteint 1 milliard d’euros en 2022, et celle du groupe breton Sill « a bondi de 800 % depuis 2021 ».

L’industriel évoquait aussi un problème peu abordé, celui des productions à venir en raison, selon lui, « des risques majeurs de rupture sur les engrais, pour la prochaine campagne agricole ». Il ajoutait : « À l’arrêt pour 50 % d’entre elles, les usines européennes de ces fertilisants ont ainsi très fortement limité leur production d’ammoniac au vu des prix prohibitifs du gaz. Ce qui fait planer des risques de pénuries pour l’hiver prochain. » C’est-à-dire maintenant.

Conséquences pour les Français ? Une inflation sur les produits alimentaires qui va sans doute grimper à 20 % en moyenne et, en corollaire, le spectre d’une pénurie alimentaire. C’est Dominique Schelcher, le PDG de Système U, qui le confiait au Figaro, le 1er décembre dernier : « En 2022, les négociations ont essentiellement visé à répercuter dans les prix la hausse du cours des matières premières. Nous nous apprêtons désormais à affronter une seconde vague d’inflation, résultant de la hausse des prix de l’énergie. »

Alors, Français, préparez-vous : ça va secouer !

Marie Delarue
Marie Delarue
Journaliste à BV, artiste

Vos commentaires

57 commentaires

  1. Et tout ceci n’est que le début ; Courant 2023 s’annonce bien plus que catastrophique . Tant que nous serons gouvernés par des gougnafiers , ça ne fera qu’empirer . Il va bien falloir un moment prendre la décision de d’embastiller Foutriquet 1er . La FRANCE se meurt est rien n’est fait (pour l’instant !) .

  2. Mais jusqu’ou nos « gouvernants » vont saccager notre industrie pour faire plaisir à l’Allemagne?
    Sortons de ce piège d’indexation des prix de l’énergie gaz/électricité.
    Le coût de l’électricité alors sera supportable pour tous, mais pour cela il faut avoir du courage !
    Merci à tout ceux qui ont voté Macron

  3. Je reviens d’Espagne, pas de pénurie visible chez nos voisins. Je me pose la question : Ont-t-il quelque chose en plus que nous n’avons pas ? La réponse c’est qu’en fait, ils ont quelque chose de moins : L’ENA !

  4. Oser laisser publier et prononcer par France Télévision «  imaginez une coupure totale d’électricité »… est une honte absolue de la macronie, surtout quand on sait que les procès faits à notre énergie nucléaire sont honteusement mensongers.
    Lire sur ce sujet entre autres le livre « Le Monde sans Fin » que seuls les idéologues ultra gaucho-écolos osent contester.

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