« 19e arrondissement. Quartier de la défonce ». Jamais le nord-est de Paris n’avait aussi bien porté son nom. Un an après le déplacement des consommateurs de crack depuis les Jardins d’Éole (18e) vers le square Forceval (19e), les habitants du 19e arrondissement parisien continuent de vivre un enfer.

Agressions, prostitution et drogue

« Depuis un an, la vie de mon quartier a été complètement chamboulée par l’arrivée massive de consommateurs et dealers de crack à 100 mètres de chez moi. » Comme Stéphanie Benoist, porte-parole du collectif Villette Village contactée par Boulevard Voltaire, nombreux sont les riverains du 19e arrondissement à dénoncer publiquement leurs conditions de vie dans l’espoir d’attirer l’attention de la préfecture et de la mairie de Paris. En cause, l’installation temporaire devenue définitive de centaines de consommateurs de crack et de leurs dealers dans le quartier de la Villette. Depuis ce jour, les agressions contre les habitants du quartier n’ont cessé d’augmenter, déplorent les membres de Villette Village dans un récent communiqué. En seulement une semaine, « deux jeunes filles mineures ont été suivies avec des agressions verbales à caractère sexuel », « une femme a été violemment interpellée par un toxicomane », « une opticienne a été agressée dans son magasin et a dû se battre avec un toxicomane » et une riveraine a subi « une agression sexuelle ». Stéphanie Benoist raconte elle-même avoir « failli se prendre un coup de tournevis » alors qu’elle promenait son chien. « Les enfants sont terrorisés et les habitants n’osent plus intervenir de peur de se faire agresser », nous rapporte un riverain. Outre les agressions, les habitants racontent avoir vu se développer un marché de la prostitution dans les cages d’escalier et sous les porches d’immeuble.

La montée de l’insécurité, et celle de l’insalubrité associée, n’est pas sans conséquence sur le quotidien des habitants de la Villette. Désormais, des familles, inquiètes pour leurs enfants, s’imposent des couvre-feux afin d’éviter le pire. Des commerces, confrontés aux comportements incontrôlables des toxicomanes, tirent le rideau. D’autres voient leur chiffre d’affaires considérablement baisser. Les pharmacies, notamment, sont régulièrement la cible des consommateurs de crack. Des agents RATP de la station La Villette, sur la ligne 7 du métro, ont également menacé d’exercer leur droit de retrait et de fermer la station au mois de février dernier. Enfin, « l’immobilier en prend un coup. Plus personne ne veut venir habiter ici », souligne Stéphanie Benoist. Tous déplorent une situation devenue « intenable » dans un quartier soumis aux toxicomanes. « Ils nous pourrissent le quartier », s’emporte Patricia T., membre du Collectif 19, engagé contre le trafic et la consommation de drogue dure dans le 19e arrondissement de Paris.

Que font les pouvoirs publics ?

Face à l’impasse du crack, les habitants se sentent abandonnés des politiques. « Jusqu’à maintenant, les riverains et les commerçants n’ont jamais été inclus dans aucune réunion », dénonce Stéphanie Benoist. Et les élus semblent faire la sourde oreille à leurs revendications. « Où est Madame Hidalgo ? La maire de Paris ne s’est jamais préoccupée de nous ! » s’emporte un membre du collectif Villette Village. Selon eux, Anne Hidalgo, qui s’était pourtant mobilisée contre le déplacement des toxicomanes vers le 12e arrondissement, abandonne volontairement le 19e arrondissement, un des quartiers les plus précaires de la capitale. Du côté de la préfecture, les efforts menés semblent vains. Si le préfet a bel et bien écouté les doléances des habitants du 19e et mène régulièrement des opérations anti-crack, le problème demeure. « Maintenant, nous demandons n’importe quelle solution pour être débarrassé des toxicomanes », conclut la porte-parole de Villette Village.

Si le statu quo demeure, à l’instar de Stéphanie, de nombreux habitants préviennent que bientôt, ils feront tout pour quitter les quartiers nord de la capitale.

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08 septembre 2022 à 17:35

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35 commentaires

  1. Où en Bretagne ? J’ose espérer que c’est un Fake, après avoir fuit Roubaix/Tourcoing et son enfer migratoire invivable !

  2. Fuir pour aller ou ? Partout en France on vit dans l’insécurité , les rodéos , les crimes , les revendeurs de drogue etc .Ceux qui se plaignent votent pout pour ceux qui laissent faire , ceux qui accueillent et protègent les racailles .Alors la seule solution est de virer ceux qu’ils ont mis au pouvoir .

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