Contre la mystification progressiste, la révolution nécessaire
La déliquescence dans laquelle la France s’enfonce comme un vice sans fin nous impose un choix de société radical. La crise est aiguë, l’heure grave. Pour échapper à une société technicienne aliénante, nous devons réaliser une nécessaire révolution, par conversion.
Les fondements de ce choix sont contenus dans les racines profondes de la culture française d’essence chrétienne, dont nous sommes les héritiers appelés à en vivre et à la faire croître ; à la défendre pour, à notre tour, la transmettre. Ce choix racinaire exclut la demi-mesure. Aucune posture n’est neutre ; silence et inaction valent soumission.
Car l’idéologie envahissante d’un simili-progrès érigé en idole est martelée dans les discours officiels pour nous conditionner ; elle sous-tend des lois déviantes pour nous emprisonner. Cette mystification est théorisée par des adeptes comme David Amiel et Ismaël Emelien, « têtes pensantes du macronisme », auteurs de l’essai mal transformé Le progrès ne tombe pas du ciel. Manifeste. Manifestement peu inspirés, ce sont leurs idées simplistes et leurs plaies idéologiques qu’il faut panser.
Pour déterminer les modes d’action de ce combat de civilisation, on peut puiser dans les ouvrages du juriste et sociologue Jacques Ellul (1912-1994), historien et théologien protestant, résistant antifasciste dès le début des années 1930, promoteur par l’exemple du principe « exister, c’est résister ».
En effet, l’œuvre éclectique et prémonitoire d’Ellul, dont deux trilogies sur la société technicienne et sur l’éthique, est source d’inspiration pour notre action contre la pandémie progressiste, nihiliste et scientiste. Dans la lignée de La Révolution nécessaire de Robert Aron et Arnaud Dandieu (1933), une troisième trilogie d’Ellul, consacrée à la révolution, explique la différence de nature entre révolte et révolution.
Alors que la révolte, dont les émeutes sont des épiphénomènes, est un élan instinctif qui s’insurge contre l’inacceptable, la révolution, réfléchie, repose sur une théorie et s’appuie sur une organisation. C’est une remise en question des données fondamentales que notre société tient pour des évidences, comme le modèle de croissance ou le mythe du progrès.
Ainsi, la révolte est un pis-aller d’une révolution dont on ne se donne pas les moyens. Effet d’un désespoir, elle conduit à sa propre ruine. Le mouvement des gilets jaunes en est un exemple, catalyseur de tous les mécontentements sans théorie ni programme autre que de revendications matérielles immédiates.
Or, dans une société technicienne de moyens sans finalité telle que le transhumanisme avec la dictature sanitaire qui se met en place, « les techniques » ont cédé la place à « la technique ». La recherche en toutes choses de la méthode la plus efficace est devenue la valeur suprême, nouveau milieu (non naturel) de l’Homme qui se soumet à l’implacable loi de Gabor selon laquelle « tout ce qui peut être techniquement réalisé le sera nécessairement ».
À sa différence, la révolution est avant tout personnelle, intérieure ; c’est l’affaire du quotidien, la libération de l’emprise de la propagande sur ma pensée et ma manière de vivre. Elle est nécessaire car elle répond à un impératif éthique, que je me donne l’obligation de réaliser pour échapper aux déterminations. Il s’agit de « défataliser l’Histoire » avant que la nécessité technique étouffe ma conscience.
Dire non au fléau progressiste implique donc de dire oui à une alternative. Les contemplateurs de Macron reprochent aux contempteurs du macronisme leur critique systématique, au prétexte qu’il serait plus facile de dire non que de dire oui. Or, si leur soutien inconditionnel n’impose pas la critique pour aller au bout de sa logique complaisante, notre opposition doit soutenir une alternative constructive pour aller au bout de sa logique critique.
Pour cela, on ne provoquera pas de lame de fond sans aller au fond de l’âme. Révolution bien ordonnée commence par soi-même. Réaffirmons par l’exemple les valeurs fondamentales de notre civilisation chrétienne, dont le culte est indissociable de la culture. Car à quoi sert de rechercher l’espérance de vie pour une vie sans espérance ?
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