Conflit Israël-Hamas : la reine Rania de Jordanie monte au créneau

Il est rare que les reines consorts s’évadent du domaine dans lequel elle sont généralement assignées, c'est-à-dire la mode, la culture et les œuvres sociales. La reine Rania, épouse du roi Abdallah de Jordanie, y excelle depuis bientôt un quart de siècle, offrant à son pays, musulman à 92 %, une image glamour et moderne, aux antipodes de celle qui nous est donnée, par exemple, dans certaines de nos banlieues françaises. Pour faire simple, Rania porte le voile lorsqu’elle va à la mosquée ou assiste à des cérémonies traditionnelles, sans pour autant renoncer à sa foi, et ce, dans un pays où l'islam est religion d'État... Mais, ce 25 octobre, interviewée par CNN, la reine Rania a fait de la politique.
Rania sur le front humanitaire
La fibre humanitaire est évidemment perceptible dans les propos de la reine lorsqu'elle déclare : « Je veux juste rappeler au monde que les mères palestiniennes aiment leurs enfants autant que n'importe quelle autre mère dans le monde. » Mais Rania fait de la politique internationale lorsqu'elle évoque ce qui se passe à portée de missiles de son pays, c’est-à-dire à Gaza, avec la perspective d’une catastrophe humanitaire. « Les habitants de tout le Moyen-Orient, y compris en Jordanie, sont tout simplement choqués et déçus par la réaction du monde face à la catastrophe qui se déroule actuellement », a-t-elle déclaré dans un anglais parfait. Et de poursuivre : « Au cours des dernières semaines, nous avons été témoins d’un "deux poids deux mesures" flagrant dans le monde. » La belle-fille du défunt roi Hussein n'occulte pas le crime du Hamas en rappelant que « le monde a immédiatement et sans équivoque soutenu Israël et son droit à se défendre et a condamné l’attaque », mais elle n’en dénonce pas moins ce qu’elle estime être un « silence assourdissant » à travers le monde.
Remise en cause des bombardements
Ses propos vont bien au-delà. Lorsque la reine s’interroge (« Est-ce qu'on est en train de nous dire que c'est mal de tuer une famille, une famille entière, à bout portant, mais qu'il est acceptable de bombarder des gens à mort ? »), c’est au fond la question éthique de la guerre totale, qu’elle pose. Souvenons-nous des bombardements de Dresde, en février 1945, qui firent des dizaines de milliers de mort en quelques nuits. Même Churchill s’inquiéta, dans un mémorandum daté du 28 mars 1945, de l’opportunité de la poursuite de tels bombardements : « Il me semble que le moment est venu de remettre en question le bombardement des villes allemandes dans le but d'accroître la terreur… » Bien évidemment, le but affiché d’Israël à travers ses bombardements est de détruire le Hamas. Mais jusqu’où peut-on accepter ce qu’on n’appelait pas encore, en 1945, les « dégâts collatéraux » ?
Une monarchie qui tient le pays dans une main de fer
Difficile, pour Rania, d'ignorer le sort de la Palestine. Ses origines sont palestiniennes (sa famille est de Tulkarem, ville de Cisjordanie). Par ailleurs, sur une population d’un peu moins de onze millions d’habitants, la Jordanie compte près de deux millions de Palestiniens. Le 13 octobre dernier, plus de 20.000 personnes manifestaient dans les rues d’Amman pour la Palestine, à l’appel des Frères musulmans et de groupes de gauche. Si la monarchie hachémite tient le pays d'une main de fer, malgré les gants de velours de la reine, elle doit cependant donner des gages à une population dont le cinquième est concentré dans la capitale. Du reste, on ne peut pas imaginer que Rania se soit exprimée sans l’assentiment du roi Abdallah, sans doute conscient que tout peut basculer très vite : la monarchie des Pahlavi, qui avait fêté avec faste, en 1971, les 2.500 ans de l’Empire perse, basculait, huit ans plus tard, dans la république des mollahs.
Rania, reine du soft power
Oui, Rania fait de la politique internationale pour le compte de son pays et de son roi de mari. La Jordanie, liée par un traité de paix avec Israël signé en 1994, use du soft power en dépêchant sa reine chez CNN, avec la certitude qu’elle sera écoutée par des millions d’Américains dont le pays est un soutien inconditionnel et traditionnel de l’État hébreu, pour faire entendre une voix d’équilibre avant qu’il ne soit peut-être trop tard. Pas impossible, d'ailleurs, qu’elle soit plus entendue et efficace qu’Emmanuel Macron…
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41 commentaires
On peut faire un soutien inconditionnel à Israël(et j’en suis) pour le massacre barbare dont ont été victimes des populations civiles juives, sans pour autant lui donner un blanc seing sur les méthodes utilisées dans la bande de gaza pour éliminer le hamas, qui en l’état actuel des choses fait beaucoup trop de victimes civiles. Qu’ils disperseraient façon « puzle » les barbares du hamas et les ayatolah iraniens, serait une très bonne chose pour le monde entier. Je crains que s’ils ne le font pas, le sort d’Israël sera réglé dès que l’Iran aura la bombe nucléaire, ce qui ne saurait tarder.
« Par ailleurs, sur une population d’un peu moins de onze millions d’habitants, la Jordanie compte près de deux millions de Palestiniens. » Il s’agit donc de ménager les palestiniens car ils constituent 20 % de la population. Comme en France avec les musulmans. Sacrée coïncidence.
Il ne faut pas oublier le spectre de septembre noir en 1970. Les jordaniens ont intéret à conserver un certain équilibre dans la région ! C’est là que l’on constate la nocivité de l’action des occidentaux dans ces régions qui ont favorisé l’émergence des islamistes au détriment des régimes autoritaires, tout cela au nom des droits de l’homme !!!! Trop forts ! Il est vrai qu’il a toujours manqué un interlocuteur et une diplomatie pour équilibrer le tout . Celui de la France ! Ne parlons pas de la diplomatie européenne, elle est inexistante, ou plutôt, c’est un copié collé de celle des américains . Et notre Macron, qui n’en rate pas une, a dissout(s?) le corps diplomatique pour le remplacer par quoi ? Alors que nous possédons le deuxième territoire maritime du monde ! il faut consolider les dynasties encore présentes et arrêter d’importer nos vices à la terre entière . Au fait, quelles sont les valeurs dont nous pouvons être fiers aujourd’hui ? Avant nous proposions une alternative crédible aux modèles communistes et capitalistes aujourd’hui nous nous revendiquons d’un mondialisme qui nie les identités et les civilisations . Ce n’est pas un modèle convaincant mais au contraire un repoussoir pour nombre de pays.
Bravo!
» Pas impossible, d’ailleurs, qu’elle soit plus entendue et efficace qu’Emmanuel Macron… » Sans problème.
Du moins elle, ne s’est jamais discréditée.
Difficile de comparer l’incurie notoire d’Emmanuel Macron avec des propos tenus par la plupart des personnages politiques du monde entier.
Notre président est devenu la risée à l’international.
Allons-y doucement quand même sur encensement de ce pays en matière d’image glamour et moderne: le respect des libertés individuelles, notamment les droits des femmes, y est épisodique! Disons que la Jordanie est assimilable à l’Iran du shah, où la torture était en usage pour les prisonniers politiques. Mais vu l’entourage géographique de ce pays longtemps malmené, on peut penser que le gouverner y est peu facile!
Lors d’un séjour touristique là-bas, notre guide jordanien, dans un élan de sincérité, s’est écrié : « Les femmes jordaniennes sont libres, elles peuvent même choisir la couleur de leur voile ». CQFD. Quant à la difficulté de gouverner le pays, il y a des limites à ne pas franchir. Les Palestiniens ont essayé en 1972, Hussein a envoyé ses bédoins, badaboum, ce fut Septembre Noir. Dont personne, même parmi les premier concernés, ne tient rigueur à la famille royale.
Selon Ben Gourion lui-même, les Romains n’ont exilé que quelques élites et la majorité des Juifs de l’époque est demeurée en Palestine. Cette population juive, sous l’influence arabe, influence qui s’est exercée pendant plusieurs siècles, pendant plus de mille ans, s’est transformée en ceux que l’on identifie aujourd’hui comme Palestiniens. C’est une guerre entre Yaveh et Allah.
Parfaitement, un historien juif, Schlomo Sand, dont les dires sont confirmés par les archeologues, soutient d’ailleurs que les populations exilées ont eu recours au proselytisme et ont intégré des non-juifs pendant la diaspora où il a fallu renouveler le sng dans des petites communautés trop endogènes, et que les colons revenus au pays n’ont pas plus de sang des anciens hébreus que les palestiniens qu’ils ont chassés. C’est uniquement une guerre de religion et de civilisation, la dernière aventure coloniale du monde, qui a repris avec succès le flambeau des Anglais, en adoptant la position radicale de chasser les autochtones de leur pays.
» C’est une guerre entre Yaveh et Allah. » Comme partout dans le monde lorsque les Musulmans sont présents mais minoritaires.
Si on justifie la création de l’état d’Israël, au nom de la présence juive d’il y a 2 millénaires, alors on doit pourvoir justifier, du moins discuter librement, de la récupération de l’Asie mineure par les peuples d’origine, Arméniens, Gréco-Européens, Galates & co, ainsi que de toute l’Afrique du Nord par les Kabyles, Berbères, Coptes…, ethnies indo-européennes pour les deux premières, qui occupaient ces territoires, et qui avaient adopté sans contrainte militaire le christianisme depuis les premiers siècles. Ces populations et leur territoire ont été conquis militairement par les arabo-musulmans vers le VIIIème siècle, ont été converties brutalement par la force, et reléguées dans les montagnes.
Rappelons que la civilisation gréco-latine s’était développée sur les continents européen et africain, autour de la Méditerranée, signifiant « la mer au milieu des terres ».
Ou parfois appelée « Mare Nostrum », c’est à dire « NOTRE Mer » …
Parfaitement exact. Et pour préciser : la conquête arabe a transformé Mare Nostrum en zone de pillages, d’esclavagisme et de rançons, forçant l’Occident à rechercher d’autres routes commerciales. Christophe Colomb et Vasco de Gama (entre autres) s’en sont chargé, transférant le commerce international de la Méditerranée à l’Atlantique, puis plus tard au Pacifique.
« Est-ce qu’on est en train de nous dire que c’est mal de tuer une famille, une famille entière, à bout portant, mais qu’il est acceptable de bombarder des gens à mort ? »
L’argument est recevable. Ce qui l’est moins ce sont les actes de barbarie qui ont été commis à cette occasion reléguant les Waffen au rang de petits amateurs.
« L’argument est recevable. » A un détail près : qui a déclenché ce massacre, gratuitement?
Hiroshima, Nagasaki…si peu d’émotions concernant les dizaines de milliers de citoyens japonais vitrifiés mais grâce ( a cause ..) de ces 2 bombes , le conflit s’arrêta plus vite . Aujourd’hui si Israël lève le pied , ça en sera fini de sa crédibilité , et les terroristes musulmans , aidés par leurs complices palestiniens pourtant si modérés , s’auront qu’ils peuvent continuer à massacrer femmes , enfants bébés , vieillards ..en Israël comme en Europe