Colère des agriculteurs : la nouvelle jacquerie du XXIe siècle ?

jacquerie

Alors que la colère de nos agriculteurs semble en partie apaisée par les annonces du gouvernement, leurs actions ne sont pas un fait isolé dans l’Histoire de France. Depuis le Moyen Âge, les paysans français ont toujours su montrer leur mécontentement à travers de nombreuses révoltes. Le nom de ce phénomène prend son origine dans la Grande Jacquerie ayant eu lieu en 1358, en pleine guerre de Cent Ans.

Le royaume de France est alors en conflit depuis 1337 avec l’Angleterre et subit de nombreuses défaites, comme celle de Crécy, en 1346, et de Poitiers, en 1356. C’est durant cette dernière que le roi Jean II le Bon est même capturé après un rude combat durant lequel son fils Philippe l’avait secondé et dont l’Histoire garda la célèbre citation : « Père, gardez-vous à droite ! Père, gardez-vous à gauche ! » Le triste emprisonnement du roi de France porte un rude coup au royaume, qui accepte de réunir une forte somme d’argent afin de payer la rançon du monarque. C’est ainsi que de lourdes taxes sont levées et imposées à tous les sujets de la couronne. En l'absence de souverain, le pouvoir est aussi affaibli et le prévôt des marchands de Paris, Étienne Marcel, en profite pour prendre le contrôle de Paris au détriment du dauphin, le futur Charles V.

Cette nouvelle charge fiscale et l’instabilité politique du pays sont de trop pour les paysans. La colère gronde alors dans les provinces :  Île-de-France, Picardie, Champagne, Artois et Normandie. Ces dernières doivent déjà subir les affres de la guerre, les pillages des troupes de guerre français et anglais. Les conséquences de l’effroyable et terrible peste noire qui s’est abattue sur l’Europe en 1348 sont encore présentes : un tiers de la population d'Europe disparaît. Face à une telle situation, de nombreuses révoltes éclatent dans l’objectif de mettre fin à cette oppression fiscale. Le moine Jean de Venette raconte : «  En cette même année 1358, en été, les paysans […] voyant les maux et les oppressions qui, de toute part, leur étaient infligés sans que leurs seigneurs les en protègent, au contraire ils s'en prenaient à eux comme s'ils étaient leurs ennemis, se révoltèrent contre les nobles de France et prirent les armes. Ils se regroupèrent en une grande multitude, élurent comme capitaine un paysan fort habile, Guillaume Carle. » Ce dernier, avec ses compagnons, est surnommé Jacques Bonhomme. Ce titre aurait ainsi donné son nom à ce mouvement : la Jacquerie. Malheureusement pour les paysans, l’insurrection, aussi courageuse soit-elle, ne résiste pas longtemps face à la contre-attaque de la noblesse. En effet, après douze jours de révolte, la rébellion est réprimée dans le sang et Guillaume Carle est décapité.

Aussi courte que fût cette jacquerie originelle, qu’on surnomma plus tard la Grande Jacquerie, cette dernière a marqué pour de nombreux siècles les esprits des politiques et des paysans. Ainsi, tous les autres mouvements de contestation de la paysannerie en France, de cette révolte jusqu’à, certains le prétendent, le mouvement des gilets jaunes, finirent par être désignés par ce titre de jacquerie. La révolte actuelle des paysans, comme la Grande jacquerie, sera-t-elle suivie de répliques ? On peut l'imaginer, en voyant l'amertume qu'expriment déjà certains sur les réseaux sociaux, comme Thomas Montagne ou Cédric, éleveur dans le Cantal...

Eric de Mascureau
Eric de Mascureau
Chroniqueur à BV, licence d'histoire-patrimoine, master d'histoire de l'art

Vos commentaires

26 commentaires

  1. Ah Jean II Le Bon, il aura toujours une place d’honneur dans ma mémoire. Car prisonnier à Londres après sa défaite de Poitiers, il fut autorisé à retourner en France pour réunir sa rançon, deux de ses fils étant placés comme otages. Ceux-ci s’étant évadés, il retourna derechef en Angleterre. Avant d’y mourir, il eut cette phrase admirable : « Si la bonne foi était bannie de la terre, elle devrait trouver asile dans le cœur des rois. » De quoi faire honte à notre république mafieuse.

  2. Les paysans et agriculteurs n’ont plus le même
    poids, de plus ils sont divisés entre les industriels et les petites entreprises.Par ailleurs l’opposition qui ne s’oppose pas, consent tacitement. Le gouvernement adhère au financement de la guerre du régime corrompu de Kiev à concurrence de 8 milliards et jette quelques miettes aux agriculteurs français, ( quelques centaines de millions)et l’opposition politique consent, car qui ne dit mot consent.

  3. Je pense que les cataplasmes sur les jambes de bois de la Macronie, les fausses promesses, les engagements de lopettes, vont très vite apparaître. Cette fois-ci, nos agriculteurs doivent aller directement à Bruxelles, et prendre d’assaut la Comission Européenne, mettre en état d’arrestation les commissaires, et les traduire en Justice pour empoisonnement, génocide, haute trahison, corruption agravée, trafic d’influence, enrichissement sans cause, etc., …
    C’est notre seul moyen d’en sortir, d’éviter les insectes et la famine dans nos assiettes, le contrôle permanent prôné par le WEF, et d’éviter la 3ème guerre mondiale. Ensuite, si rien ne bouge, ce sera la mort de la France… Hors comme toujours, nos Armées sont composées de fils et filles de paysans, de marin-pêcheurs, et d’ouvriers ou d’employés. Pas d’enfants de bobos et autres wokes… On arrive vite à un mouvement de plus d’un million de Français et si on y rajoute les autres peuples européens, qui pourra résister? Le gros Schwab, l’ignoble Soros ou nos tapettes de service?

    • D’accord avec vous . Maïs Bruxelles sera une forteresse dure à prendre . La Commission Européenne qui nous refuse la fermeture des frontières pour nous protéger des hordes de migrants , font sortir barbelés et herses pour eux mêmes

  4. Ils se sont bien fait enfumés nos agriculteurs et ça n’a pas trainé ! On apprend ce matin que le brillant ministre de la biodiversité n’a pas renoncé aux élucubrations des apôtres de la décroissance et que le premier sinistre s’est précipité voir l’ami Scholtz en Allemagne pour le rassurer sur son mercosur… Le couple Franco Allemand qu’ils disaient…

    • Oooh…! Comme c’est bien dit !!! Bravo pour ce bref résumé de la situation ! J’ouvrirai les robinets avec vous…

  5. Ben oui, une jacquerie menée par les gros de la FNSEA, de l’agro-alimentaire industriel, des structures agricoles financières et sociales (Chambres d’Agriculture, MSA, Crédit Agricole….) pour détruire les petits et moyens agriculteurs et promouvoir le mondialisme agricole. C’est réussi! A propos, ils vont voter qui en juin les « agriculteurs »?

  6. La taille des fermes françaises est trop petite. L’agriculture est, avec la politique et l’administration, où l’élite n’a pas droit de cité.
    Bien sûr, il y a l’action néfaste des gouvernements déjà décrite en long et en large par ailleurs.
    Mais les grandes fermes se portent mieux parce qu’elles sont souvent dirigées par des gens plus compétents de niveau ingénieur.
    Mais il ne faut pas n’importe quel type d’ingénieurs.
    Il faut des ingénieurs leaders capables de diriger 40, 50 ou 60 personnes sur des fermes de 3 ou 4 000 has
    La petite ferme des années 1950 ou 1960, c’est terminé.
    Pas de démagogie svp.

    • Le démagogue, c’est vous. Vous voulez confier l’agriculture à des ingénieurs ? Et pourquoi pas à l’intelligence artificielle ? Vous confondez la France avec le Brésil, le Canada, les States ? Où allez vous les trouver les 3 à 4000 Hectares ? Mais je vous accorde un point. Effectivement, ceux qui réussissent le mieux en agriculture sont des gens diplômés qui reviennent à la terre pour trouver un sens à leur vies. Le modèle que vous décrivez n’a pas de sens et pas sa place en France…

    • Comme disait le grand-père de ma femme en 1950-1960, on retournera au temps des grands seigneurs avec des serfs pour faire le travail. Ils pourront imposer aux politiques leur ukases comme Nestlé avec les eaux de source ou minérales.

    • Eh bien moi, je vais continuer à aller acheter mes fruits et légumes dans des boutiques de paysans locaux. Manger local et de saison. Je pense, à tort peut-être, que le bio n’apporte rien de plus sauf d’être plus cher. Alors tous à vos fourneaux pour des repas simples et des soupes maisons. Bon appétit!…

  7. Bruxelles suit le plan établi : réduction des terres cultivables, réduction de l’usage des pesticides, signature d’une multitude de traités de libre échange, etc… Le but de tout cela est la disparition de l’agriculture européenne donc des paysans pour que le consommateur mange de la viande synthétique, de la farine d’insectes , etc… Il y a tant à dire sur le sujet

  8. Cette fois-ci, la seule jacquerie possible etait pour les agriculteurs europeens de converger vers Bruxelles. Le reste ne sont que des gesticulations trop éloignées pour impressionner les responsables. Le mal devra être éradiqué à sa racine, la commission européenne. Il reste les élections, mais les électeurs abstentionnistes se réveilleront-ils pour voter pour des partis anti-européens ? Pas sûr, il y a tellement de parasites qui sont contents de vivre de subventions qu’ils craignent de changer le système, c’est ça le génie du socialisme !

  9. La nouvelle jacquerie ou la dernière ? Car si autrefois les paysans ETAIENT le peuple de France, ils ne sont plus que 400 000, en voie de disparition !

  10. les agriculteurs se sont bien fait enfumer par des syndicats maqués au pouvoir , connaissant les paysans , il vont faire le ménage du coté des syndicats , ils ne se feront pas avoir 2 fois , et je pense que la révolte n’est pas finie !

    • Les paysans sont comme le commun mortel des français, ils rééliront les mêmes à la tête de leur syndicat qui n’a rien « d’agricole », mais sait « exploiter » !

  11. Ce gouvernement a bien pris la mesure des révoltes. Fort de l’épisode covid qui leur a enseigné la répression par la trouille et le dénigrement de toute personne réfractaire, il se sert des médias aux ordres pour culpabiliser, du premier ministre pour faire des promesses et d’idiots utiles chez les frondeurs pour faire rentrer dans le rang les contestataires. Il ne reste plus que les antifas et black blocks pour pourrir le tout et c’est gagné. Ce n’est pas demain le veille que nos paysans auront gain de cause.

  12. Effectivement il y aura des suites et la suite des suites. L’histoire se répète. La France est en danger de mort culturelle et physique , nous sommes financièrement au bord de la faillite par la faute de ses dirigeants depuis 30 années. Le jour d’après arrivera.

  13. Oui Macron a achevé de tuer nos paysans pour importer des produits nocifs et dangeureux pour notre santé par des paysans qui ne respectent aucune des normes imposées chez nous , qui font travailer des clandestins dans des conditions inadmissibles qui ne subissent pas les mêmes taxes que les notres . Le tout bien orchestré par l’UE . Dernière chance pour eux comme pour nous c’est le vote , le bon bulletin dans les urnes , abstention zéro .

    • “importer des produits nocifs et dangereux pour notre santé“ et après macron demandera aux bigpharmas de nous soigner … Ainsi l’économie enrichira toujours le mêmes.

  14. Tant que la base élira les mêmes corrompus , qui font semblant de les défendre , à la tête de leurs syndicaux ou interlocuteurs de branches professionnelles la Macronie fera semblant d’écouter la base …le reste n’est que bla-bla , supercheries , jeux de dupes et enfumage

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