[L’ÉTÉ BV] [CINÉMA] Une vie, l’histoire de Nicholas Winton, le Schindler anglais

une vie

À l'occasion de l'été, BV vous propose de redécouvrir des films mis en avant lors de leur sortie au cinéma. Aujourd'hui, Une vie, de James Hawes.

On connaît tous l’histoire d’Oskar Schindler, cet industriel allemand qui fit des pieds et des mains pour sauver 1.200 Juifs de la déportation durant la Seconde Guerre mondiale. Un destin admirable qui donna lieu, en 1993, à l’un des films les plus célèbres – mais non moins controversés de par ses partis pris esthétiques – de Steven Spielberg, La Liste de Schindler.

Moins connue mais similaire, l’histoire de Nicholas Winton a également droit, aujourd’hui, aux honneurs cinématographiques. Adapté du livre écrit par sa fille Barbara (intitulé If It’s Not Impossible), Une vie relate le sauvetage de 669 enfants, juifs pour la plupart, orchestré par un modeste courtier anglais du nom de Nicholas Winton, en cette année 1938 où Hitler, grâce aux accords de Munich signés avec l’Angleterre, l’Italie et la France, est en train de faire main basse sur les Sudètes, territoires à majorité germanophone de Bohême-Moravie.

À Prague, qui demeure pour un temps en zone libre, Winton pressent le pire et met sur pied un Comité britannique pour les réfugiés de Tchécoslovaquie (BCRC) visant à exfiltrer jusqu’en Angleterre des jeunes de moins de dix-sept ans auxquels il aura fallu, au préalable et dans l’urgence, trouver une famille d’accueil. Le film de James Hawes nous montre – un peu trop rapidement, il est vrai – comment Winton parvint à mobiliser l’État britannique et à lever des fonds pour mener à bien son projet.

Construit sur deux temporalités, 1988 et 1938, le récit nous plonge dans les souvenirs d’un Nicholas Winton vieillissant, incarné par Anthony Hopkins, hanté par le destin des 250 enfants qui constituaient le neuvième convoi – le plus important –, intercepté le 1er septembre 1939 par les Allemands…

Par un concours de circonstances, cette histoire inconnue de tous commence alors, cinquante ans après les faits, à sortir de l’anonymat et à se faire connaître des historiens et des journalistes au point de braquer les projecteurs sur Winton. Invité à l’émission télévisée That’s Life, le vieil homme fait face, dans une séquence poignante et alors qu’il ne s’y attendait pas, à des dizaines de personnes dans le public que son action a permis autrefois de sauver. « Les enfants de Nicky », comme on les désigne depuis lors, ont pu lui faire part, chacun, de leur profonde gratitude.

Mort en 2015 à l’âge de 106 ans, Nicholas Winton, fait chevalier en 2003 par la reine Élisabeth II et décoré en 2007 par la République tchèque, aura mené une vie exemplaire.

Premier long-métrage de James Hawes, Une vie est de ces films, hélas, qui doivent tout à la force de leur sujet et à la prestation de leurs comédiens, en l’occurrence Anthony Hopkins et Johnny Flynn. Car tout aussi académique que le titre de l’œuvre, la mise en scène n’a pas grand-chose de novateur ni de stimulant à proposer – la bande annonce présageait, d’ailleurs, du pire avec ses chansons sirupeuses. Par conséquent, le cinéaste nous laisse le sentiment désagréable d’avoir accouché d’un film anecdotique pour une histoire qui, assurément, ne l’est pas. Reste, malgré tout, l’intérêt historique de ce récit, qui justifie à lui seul le visionnage.

3 étoiles sur 5

 

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 22/07/2024 à 12:45.
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Pierre Marcellesi
Chroniqueur cinéma à BV, diplômé de l'Ecole supérieure de réalisation audiovisuelle (ESRA) et maîtrise de cinéma à l'Université de Paris Nanterre

Vos commentaires

10 commentaires

  1. Un beau film, je confirme.
    Mais comme je ne suis pas experte, je reprendrai vos mots qui confirment mon sentiment : assez académique

  2. Bien sur un film à aller voir surtout l’histoire des enfants sauver par un homme,rien que de sauver des enfants c’est magnifique.

  3. Excellent film, grâce à l’excellente interprétation d’Anthony Hopkins et Johnny Flynn. On s’interroge sur le rôle joué par Maxwell, d’origine juive ( père de Ghislaine Maxwell) dans la révélation de ces faits.
    Pas d’accord sur la volonté de rendre anecdotique cette histoire, si l’on considère que le cinéaste respecte la modestie et l’humilité de son héros, souhaitant seulement, avant son décès, confier ses archives à une fondation.

  4. Nous sommes allés voir ce film . Très émouvant . Si vous allez voir ce film , mouchoir indispensable . Sir Antony Hopkins est magistral dans ce film !

  5. Et donc seule la France ne sait pas faire de films patriotiques ? Que fait le CNC ?

  6. Comme il est bon d’avoir de temps en temps des faits qui remontent le moral et surtout mettant à l’honneur de vrais héros . Malheureusement l’histoire se répète partout dans le monde mais faute de héros nous avons des gouvernants qui cautionnent ces actes de barbarie , ces tueries . Peut on espérer que bientôt nous aurons « nos héros » pour y mettre fin .

  7. Que c’est il dont passé en grande Bretagne pourque quelques décennies plus tard les anglais soient des milliers dans les rues portant des drapeaux Palestiniens en hurlant des slogans antisémites !
    Un film qu’il me plaira d’aller voir au cinéma.

Commentaires fermés.

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