[Cinéma] Un coup de maître, une comédie enlevée signée Rémi Bezançon
Propriétaire d’une galerie d’art, Arthur Forestier se désole de voir son meilleur ami Renzo Nervi, célèbre peintre dont les œuvres ont façonné sa réussite personnelle, traverser une crise existentielle et manquer d’inspiration créative depuis le décès de sa compagne.
Soutien indéfectible de Renzo, Arthur n’a jamais ménagé ses efforts pour promouvoir son talent et lui obtenir des contrats juteux, des œuvres de commande lui permettant a minima de subvenir à ses besoins. Un sens peu commun de l’abnégation souvent mal récompensé par cet ami acariâtre, ombrageux, incontrôlable, suffisamment égoïste pour saborder son travail et lui attirer des ennuis. C’est que Renzo n’hésite pas à dire haut et fort à ses commanditaires ce qu’il pense d’eux et à vandaliser, s’il le juge pertinent, les œuvres qui lui ont été demandées. Avec un ami comme ça, pourrait penser Arthur, plus besoin d’ennemis. Ce serait oublier que le galeriste est avant tout un admirateur de l’artiste, qu’il valorise son regard sur le monde, ses emballements comme ses aversions.
Lorsque, en pleine phase de dépression, Renzo reçoit par courrier un poison commandé sur le « Dark Web » dans le but de mettre fin à ses jours, Arthur l’empêche de commettre l’irréparable et échafaude tout un plan pour le faire passer pour mort, l’aider ainsi à s’extraire de la médiocrité du monde et à retrouver l’inspiration…
Après Le Mystère Henri Pick, comédie savoureuse qui mettait en scène Fabrice Luchini et Camille Cottin, Remi Bezançon adapte avec Un coup de maître un film argentin du même nom et nous réserve à nouveau de belles surprises. Porté par Vincent Macaigne et Bouli Lanners, qui est probablement à ce jour l’un des acteurs francophones les plus talentueux de sa génération, le film vaut principalement pour son éloge de l’amitié fusionnelle et inconditionnelle, celle qui s’inscrit dans le temps long et résiste aux déceptions passagères. À une époque où les liens sont de plus en plus incertains, éphémères, se font et se défont aussitôt au gré des circonstances et des aléas de « la société liquide » (Zygmunt Bauman), il est bon de rappeler que l’amitié aussi peut faire l’objet des ambitions les plus hautes.
Nettement moins abouti que le scénario du Mystère Henri Pick, qui reposait sur le matériau solide du roman de David Foenkinos, celui d'Un coup de maître semble chercher sa voie, lance trop tardivement le concept de la « fausse mort » de l’artiste et ne s’étend pas suffisamment sur les conséquences de celle-ci. Néanmoins, le film nous offre quelques séquences jubilatoires, notamment une tentative de meurtre par empoisonnement du seul témoin de la supercherie mise en place par nos deux « héros ».
Loin d’être la comédie du siècle, ce nouveau film de Rémi Bezançon aura le mérite d’exister et de nous faire passer un bon moment en compagnie de Bouli Lanners et de Vincent Macaigne.
3 étoiles sur 5
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