[CINÉMA] Le Jardin zen, ou l’impossible lâcher-prise

La réalisatrice s’accroche à l’idée qu’un retour au bon sens et au lâcher-prise est possible à tout moment.
Capture d'écran bande annonce
Capture d'écran bande annonce

On s’est beaucoup interrogé, pendant la crise du Covid-19, sur les conséquences, à long terme, du virus sur l’organisme, et sur celles du vaccin (plus de 152 millions de doses ont été injectées, en France). Les experts recensent, à ce propos, environ 163.000 signalements de suspicion d’effets indésirables, évoquant aussi bien la paralysie faciale et la myocardite que le retard de règles pour les femmes. Les psychiatres et psychologues ont, quant à eux, alerté l’opinion publique sur les risques psychiques liés au confinement des populations, et notamment des plus jeunes.

Le dernier film en date de Naoko Ogigami, Le Jardin zen, nous montre que la catastrophe nucléaire de Fukushima, au Japon, a également eu son lot de répercussions négatives sur la psyché du peuple japonais.

L’obsession hygiéniste

Profondément affectée par cet événement, Yoriko, au grand désespoir de ses proches, a commencé à développer des réflexes hygiénistes et paranoïaques vis-à-vis de son environnement. Une obsession de pureté totale, de maîtrise et de zénitude qui l’a poussée à rejoindre une secte écologique, « l’Eau de la vie verte », amalgamant des notions mal digérées de shintoïsme et de taoïsme. En effet, n’hésitant pas à exploiter leurs traumatismes divers, le gourou de la communauté vend à ses adeptes une eau miraculeuse censée purifier le corps et l’âme (!).

Dans sa quête de contrôle absolu des éléments du quotidien, et de quiétude intérieure, Yoriko va connaître bien des difficultés lorsque débarquera un jour à la maison, après de longues années d’absence, son mari Taro puis, ultérieurement, son fils Takuya, ramenant avec lui une compagne handicapée qu’elle juge fort déplaisante.

Yoriko aura alors toutes les peines du monde à maintenir son calme et à se conformer à son idéal de comportement zen…

Un sujet préoccupant traité avec humour

Cruelle et drolatique, cette comédie pince-sans-rire de Naoko Ogigami, qui doit beaucoup au talent de son actrice principale (Mariko Tsutsui, que nous avions découverte dans L’Infirmière, de Kōji Fukada), a pour grand mérite de nous faire rire d’un sujet préoccupant. Celui de ces sectes, plus ou moins syncrétiques des différentes spiritualités d’Extrême-Orient et d’Occident, les « Shinshinshūkyō », qui pullulent par dizaines de milliers au Japon et prospèrent sur la psychose collective comme sur le mal-être individuel – on se rappelle, notamment, la secte Aum Shinrikyô qui, en mars 1995, avait fait treize morts et six mille trois cents blessés lors d’un attentat au gaz sarin dans le métro de Tokyo.

Faisant le pari de l’ironie et de la légèreté, la réalisatrice préfère mettre en lumière le fossé existant entre les préceptes de vie de ces sectes et la réalité quotidienne de leurs membres dont le comportement n’est pas toujours aussi pur qu’ils le voudraient – Yoriko a bien du mal à réprimer les sentiments négatifs qui l’animent à l’égard de son entourage, ses bas instincts reprenant régulièrement le dessus.

Résolument optimiste, néanmoins, la réalisatrice ne désespère pas du genre humain et s’accroche à l’idée qu’un retour au bon sens et au lâcher-prise est possible à tout moment.

4 étoiles sur 5

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Pierre Marcellesi
Chroniqueur cinéma à BV, diplômé de l'Ecole supérieure de réalisation audiovisuelle (ESRA) et maîtrise de cinéma à l'Université de Paris Nanterre

Vos commentaires

3 commentaires

  1. Nous ne sommes pas exempts, nous, français, dits cartésiens, de tomber dans les mêmes travers , avec les pratiques ésotériques qui se répandent en cette période d’incertitudes et d’angoisse existentielles .
    J’ai pu mesurer le degré de zénitude et de bienveillance de personnes qui étaient adeptes de certains enseignements et pratiques ésotériques , deux termes que j’exècre parce que cela tient plutôt d’une posture . Les gens qui s’en revendiquent manquent souvent de l’humanité la plus élémentaire mais cela fait cool de se qualifier de bienveillant ce qui suppose, aussi, que les autres ne le seraient pas nécessairement ! Par cela , on devient juge et partie .
    ,

  2. Je ne sais si je me trompe mais, à la lecture de ce résumé, il me semble qu’il s’agit d’un film anti-nucléaire !! Or Fukushima n’est pas une catastrophe nucléaire, elle n’a fait de victimes (presque) que les ouvriers qui ont contribué à son arrêt, hélas. Le vrai désastre auquel les Japonais ont été confrontés c’est le tsunami qui a tout emporté, y compris la centrale.

    • C’est exact. Mais les écolos ont trouvé là une bonne occasion de travestir la vérité.
      Quand on montre la lune, l’ idiot regarde le doigt!

Commentaires fermés.

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