Cinéma : Gérard Depardieu dans le rôle de Maigret

C’est un coup de massue qui s’abat sur le commissaire dès le début du film. Il faut qu’il arrête de fumer et, si possible, prendre du repos. Du repos, lui qui a consacré sa vie à son travail. Une annonce qui le déprime encore un peu plus ; cela fait déjà plusieurs jours que le célèbre détective n’a plus goût à rien. Qu’à cela ne tienne, Maigret décide de rentrer chez lui un soir où l’interrogatoire d’un suspect se prolonge. Un de ses collègues interloqué lui lance « Déjà ! » Manteau sur le dos, et chapeau sur la tête, il s'apprête à partir. C’est alors que retentit sur son bureau la sonnerie rétro qui caractérise tous les téléphones de cette époque. Une nouvelle affaire doit être résolue. Une jeune femme d’un vingtaine d’années vient d’être retrouvée morte et sans identité…

Le personnage principal arbore une démarche lourde, parfois pesante. On le sent épuisé tout au long du film. L’intrigue policière est bien moins importante que Maigret lui-même. Le spectateur comprend vite que le commissaire a un lien personnel avec l’enquête. Jusqu’à la dernière partie du film, on ne sait pas ce qui motive Gérard Depardieu à s’investir autant. En revanche, pas d’inquiétude, l’adaptation de Patrice Leconte ne tombe pas dans le pathos. Il exploite simplement un élément biographique, présent dans plusieurs romans de Georges Simenon, l’auteur de Maigret. Ce sentiment de dépression ressenti par le personnage principal est amplifié par la colorimétrie des images, plongeant le téléspectateur dans un Paris sombre et aux couleurs ternes des années 1950.

Plusieurs reproches pourraient être faits à ce film. Le drame personnel de Maigret, sous-entendu tout au long de l'œuvre, sert d’abord et avant tout la psychologie du commissaire. Il est possible que le spectateur reste sur sa faim, par manque de développement de cette sous-intrigue. Autre point négatif, les différents protagonistes ont peu d’intérêt et sont souvent caricaturaux. Ils servent uniquement de support au déroulement de l’enquête.

Hormis ces quelques points négatifs. Le film Maigret, de Patrice Leconte, est une valeur sûre. Gérard Depardieu, qui succède à une multitude d’acteurs dont Pierre Renoir et Jean Gabin, incarne de façon noble le personnage et n’a pas changé de façon de faire. Il a gardé les mêmes méthodes ancestrales pour mener ses enquêtes : fixer ses interlocuteurs avec son regard de marbre et laisser les suspects se confier. Il le dit lui-même : « Je les écoute, c’est tout. »

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