[Cinéma] Dernière nuit à Milan, bon polar italien avec Pierfrancesco Favino

film dernière nuit à Milan

Après Nostalgia, sorti en France en janvier dernier, dans lequel ils se donnaient déjà la réplique, Pierfrancesco Favino et Francesco Di Leva se retrouvent pour un nouveau polar signé Andrea Di Stefano. Différent du film de Mario Martone, qui s’apparentait davantage à un drame populaire, Dernière nuit à Milan joue à fond la carte du polar sombre à l’américaine, avec son lot de personnages torturés, de voyous, de traîtres et de rebondissements.

L’intrigue suit un policier respecté de ses pairs, Franco Amore, qui, pour sa dernière nuit de service avant la retraite, se trouve mouillé jusqu’au cou dans une affaire de corruption. Lui qui n’a jamais fait le moindre pas de travers et a toujours pris soin de respecter la loi, en dépit de son maigre salaire, a eu le malheur, quelques jours plus tôt, de sauver la vie d’un riche entrepreneur chinois qui, pour le remercier, a décidé de l’engager comme agent de sécurité. Loin de se douter des accointances mafieuses de son nouvel employeur – ou bien refusant de les voir –, Franco Amore accepte, avec un collègue policier, de réceptionner en voiture deux individus à l’aéroport de Milan, porteurs d’une mystérieuse mallette. Une mission bien rémunérée et a priori facile… mais c’est sans compter sur des flics ripoux, parfaitement informés, venus les intercepter et s’emparer du contenu de la mallette. Très vite, la mission tourne au fiasco, une fusillade éclate dans un tunnel et laisse plusieurs personnes sur le carreau.

Ainsi s’engage, pour la dernière nuit de service de notre policier, un jeu d’équilibriste consistant à la fois à enquêter sur les derniers événements, à ménager les triades chinoises réclamant leur butin disparu, à protéger sa femme et à cacher à sa hiérarchie son implication personnelle dans le carnage qui vient d’avoir lieu.

Tourné sur pellicule 35 mm, à l’ancienne, favorisant la saturation des couleurs et sublimant la noirceur du récit, Dernière nuit à Milan prend le temps d’installer son intrigue et ses personnages, et s’affiche in fine comme une fable morale et implacable où le moindre accord passé avec le diable implique de lourdes conséquences. Toute complaisance envers les puissants, tout attrait pour l’argent facile se voient violemment sanctionnés, sans le moindre espoir de salut. Dans différents registres, le film d’Andrea Di Stefano nous évoque tour à tour les cinémas de Brian De Palma, de James Gray ou encore d’Olivier Marchal pour son empathie certaine à l’égard des flics.

Dans le rôle de Franco Amore – un nom qui ne fait que souligner l’honnête naïveté du personnage principal –, Pierfrancesco Favino n’atteint pas les sommets du Traître, le film de Marco Bellocchio sur le repenti sicilien Tommaso Buscetta, mais livre une prestation tout à fait satisfaisante.

On recommande.

3 étoiles sur 5.

https://youtu.be/S4tyV2NPD4I

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 19/06/2023 à 8:33.

Pierre Marcellesi
Pierre Marcellesi
Chroniqueur cinéma à BV, diplômé de l'Ecole supérieure de réalisation audiovisuelle (ESRA) et maîtrise de cinéma à l'Université de Paris Nanterre

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