[Chronique] Européennes : les vrais enjeux

union européenne

Le président de la République s’évertue, avec la Macronie, à faire de la guerre en Ukraine l’enjeu des élections européennes. Cette manipulation est à la fois indécente et improductive. Indécente parce qu’exploiter à des fins électorales la mort de milliers d’hommes, jeunes soldats, est innommable. Improductive car ce n’est pas le résultat des élections européennes qui changera en quoi que ce soit la situation en Ukraine. L’aide européenne peut sans doute aider les Ukrainiens à tenir plus longtemps mais, qu’on le veuille ou non, c’est à Washington que se trouve la possibilité de mettre fin au conflit. Il faut avoir les moyens de sa politique guerrière. Nous ne les avons pas, quelles que soient les qualités de nos armées. Si la situation actuelle rappelle certains événements historiques passés, ce n’est certainement pas Munich, contrairement à ce qu’affirmait sottement Valérie Hayer, mais plutôt la veille de la guerre de 1914. Plus que jouer au matamore, Macron devrait se souvenir de ce que peut produire le fatal engrenage des alliances.

En revanche, le vrai enjeu des élections européennes se trouve dans la question de savoir ce que l’on veut faire de l’Union européenne. Aujourd’hui, telle qu’elle est gouvernée, il s’agit d’un projet politique, économique et idéologique qui a été largement noyé dans l’ambiguïté afin d’en dissimuler les objectifs réels aux yeux des peuples qui les auraient rejetés.

Un projet politique : celui d’instaurer un État supranational destiné à se substituer aux États-nations, non pas un État fédéral dans lequel l’État fédéral et les États fédérés ont des compétences bien déterminées. L’article 5, paragraphe 3 du traité de Lisbonne stipule en effet que l’Union peut intervenir si « les objectifs de l’action envisagée ne peuvent pas être atteints de manière suffisante par les États membres et peuvent donc, en raison des dimensions ou des effets de l’action envisagée, être mieux réalisés au niveau communautaire ». C’est le principe de subsidiarité à l’envers et tout domaine peut ainsi devenir de compétence de l’Union. Principe aggravé par la jurisprudence de la Cour de justice de l’Union européenne (Costa c ENEL 15/07/1964), qui affirme que les États membres « ont limité leurs droits souverains » et, au fil des traités, dans des domaines de plus en plus larges. Il n’existe plus, dès lors, qu’une souveraineté limitée au profit d’une Union européenne qui a profité de « transferts d’attributions » successifs pour une « durée illimitée ».

Un projet économique : celui de la mondialisation des échanges au nom d’un libre échange élevé au rang « d’État de droit économique » par la Commission. Ce projet économique fait du projet politique un simple outil au service de la mondialisation. Mme von der Leyen a ainsi déclaré, au dernier forum de Davos : « Même si les pouvoirs publics disposent d’une bonne partie des leviers nécessaires pour relever les défis actuels, ce sont les entreprises qui possèdent l’innovation, les technologies et les talents pour apporter les solutions nécessaires », rejoignant ainsi feu David Rockefeller : « Quelque chose doit remplacer les gouvernements, et le monde des affaires me semble l’entité adéquate pour le faire » (Newsweek, février 1991). Au demeurant, dans le compte rendu de la réunion UE/CELAC (communauté des États latino-américains) du mois de juillet dernier, la Commission affirmait : « Nous soulignons la nécessité de renforcer le système multilatéral et de promouvoir une gouvernance mondiale. »

Un projet idéologique : le wokisme, qui est devenu la grille de lecture du monde de l’UE, ainsi qu’en témoigne la longue litanie de communications, de stratégies et de normes de communication des institutions européennes qui égrènent tous les poncifs de la déconstruction sociétale : théorie du genre, discriminations systémiques, stéréotypes, racisme inconscient, dénonciation du patriarcat, « démasculinisation » de la langue, contrition permanente, lutte contre « l’islamophobie » mais christianophobie assumée… Sans doute parce que détruire les nations n’était pas suffisant et qu’il fallait, de surcroît, détruire la société afin d’imposer un pouvoir oligarchique sans partage.

Le vrai enjeu des élections européennes est donc de reprendre le contrôle de l’UE pour la transformer en outil au service des nations, qui soutienne des projets majeurs d’intérêt commun pour parvenir à une Europe indépendante constituée de peuples souverains qui coopèrent entre eux. Une addition d’États vassalisés et faibles n’a jamais créé de force et encore moins une puissance dans le jeu mondial. Il faut dissiper l’ambiguïté et l’hypocrisie de ceux qui nous gouvernent ou qui nous ont gouvernés et donner une victoire massive à ceux qui veulent une France souveraine, c'est-à-dire libre.

Stéphane Buffetaut
Stéphane Buffetaut
Chroniqueur à BV, élu de Vendée, ancien député européen

Vos commentaires

24 commentaires

  1. « Depuis 2014, le système du Spitzenkanditat prévoit même que c’est le leader du groupe politique européen qui a obtenu le plus de sièges qui doit être proposé ». Tout est dit. Le 9 juin, il s’agira de bien voter.

  2. Il ferait mieux de s’attacher à faire revenir la paix entre la Russie et l’Ukraine, mais il en est totalement incapable, de plus que maintenant il est complètement grillé et pris pour le fou qu’il est. Mais rien ne l’empêche, lui qui aime se déguiser, de revêtir un treillis tout neuf et d’aller combattre auprès des soldats arméniens, il peut même emmener avec lui Attal, Darmanin et Véran, ça nous fera des vacances.

  3. RN, Reconquête même combat: changer l’UE. Et si on n’y arrive pas, entre autres à cause de Meloni et consorts. ? Il n’y a plus personne chez ces braves en parole. Et pourtant il y a une solution simple: frexit.

  4. Merci pour votre réflexion, que nous sommes nombreux à partager.
    Toutefois nous avons pu constater que les partis, qui se disent souverainistes, sont souvent si avides de pouvoir, qu’ils sont prêts à tous les compromis pour atteindre leurs objectifs.
    Combien de temps encore les chrétiens seront-ils marginalisés dans leur propre pays ?
    Combien de temps encore va-t-on nous rabattre les oreilles avec la sacro-sainte Laïcité, qui est le cheval de Troie d’une République Athée ?
    Que le Seigneur prenne notre France en pitié et qu’il nous accorde des dirigeants dignes des pouvoirs qui leurs sont confiés.
    Nous sommes tous fatigués de nous déplacer pour voter pour des gens sans conviction, ni combativité réelles ! La France souffre du manque d’amour de ses propres citoyens.
    La France souffre de notre manque de Foi, de courage et de loyauté.

Commentaires fermés.

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

L'intervention média

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois