Christine Angot élue à l’académie Goncourt ? Plus fort que Paris Hilton et Kim Kardashian !

Christine Angot, c’est un roman. Bien meilleur que les siens, qui n’en sont pas, au demeurant, s’agissant d’autofiction. Soit l’art de mal raconter une vie qui n’en est pas une. Ce qui ne l’empêche nullement d’être, à elle seule, sa petite entreprise qui ne connaît pas la crise. Pour lancer une enseigne nouvelle, au moins faut-il un produit porteur à mettre sous vide en tête de gondole. Pour elle, ce sera l’inceste dont elle aurait été victime dans son enfance. Un terrain qu’elle laboure depuis maintenant des années, n’en finissant plus de capitaliser sur ses souffrances juvéniles. De fait, son admission à l’académie Goncourt n’en est que le couronnement commercial et médiatique. Christine Angot, élue produit de l’année 2023 ? Il y a de ça.

Il est vrai qu’en bon gestionnaire de son image et de sa fortune, elle n’a pas pris de risques inconsidérés, tant ces livres consistant à débiner sa famille sont devenus à la fois genre littéraire à part entière et rente de situation. Des beaufs homophobes et crypto-lepénistes d’Annie Ernaux (prix Nobel de littérature millésime 2022) et d’Édouard Louis, autre protégé de la République des Lettres, à Papy qui, au lieu de faire de la résistance, faisait de la collaboration, pour Alexandre Jardin. Bref, le parricide de papier est une discipline ne nécessitant qu’un investissement minimal, mais qui assure un rendement maximal.

Faut-il le préciser, Christine Angot est de gauche. Parce qu’elle le vaut bien, même si elle déclare néanmoins : « Je ne suis pas une intellectuelle, je suis une artiste. Je n’ai pas de convictions. » Paris Hilton et Kim Kardashian n’auraient pas mieux dit qui, elles aussi, creusent leur sillon. Aux unes la télé-réalité ; à l’autre, l’inceste autofictionnel. Le parallèle entre ces trois bimbos est moins anodin qu’il n’y paraît, puisqu’elles mettent continuellement en scène leur quotidien de chipies trop gâtées.

Pourtant, dans le registre du déballage intime, Christine Angot conservera toujours quelques longueurs d’avance. Malgré les sextapes dévoilées à l’insu de leur plein gré par les deux premières donzelles, le titre revient de plein droit à la troisième, avec son livre Le Marché des amants (2008) dans lequel elle dévoile ses turpitudes de plumard avec son amant d’alors : le rappeur Doc Gynéco. Là, on touche le fond du fond du trou, mais des sommets de ventes ; ce qui était probablement le but, lui permettant ainsi de battre, avec ce livre de série Z, un Marc Dorcel et ses vidéos classées X sur son propre terrain.

D’ailleurs, vendre pour vendre et faire parler de soi est finalement l’essentiel, pour cette personnalité décrite dans Le Monde du 28 février comme « parfois éruptive, adorée ou détestée ». Nonobstant, il y a une autre dimension que semble ignorer le quotidien vespéral : celle du ridicule, mais qui fait les grandes heures de la matinale de Laurent Gerra sur RTL. Car dans le registre de l’humour involontaire, la nouvelle jurée de l’académie Goncourt demeure insurpassable, si ce n’est inaccessible.

Christine Angot n’est d’ailleurs pas sans le savoir, capitalisant encore sur les ronds de serviette mis à disposition à la télévision, principalement chez Laurent Ruquier, où elle succède au redoutable duo des deux Éric - Zemmour et Naulleau. Elle n’y fait certes pas d’étincelles, mais ses sorties de route sont assez spectaculaires pour entretenir le buzz et lui permettre de mener sa carrière avec la même rapacité qu’un footballeur, négociant âprement ses transferts successifs, de Gallimard en Stock, de Flammarion en Seuil.

Au moins aura-t-elle fait un peu de bien à ses contemporains : grâce à Christine Angot, il y a encore de l’espoir pour toutes les viragos rêvant des feux de la rampe. Accessoirement, elle nous fait beaucoup rire, fût-ce à son corps défendant.

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