Christianophobie révolutionnaire : la vérité que Manon Aubry avoue

Lorsque Manon Aubry a affirmé, ce dimanche sur CNews, que « l’assassinat du père Hamel est le seul acte antichrétien depuis la guerre de Vendée », la stupéfaction, pour ceux qui connaissent un peu leur Histoire, a été double. D’abord, prétendre que la France n’a connu aucun acte dirigé contre les chrétiens depuis plus de deux siècles relève d’un déni flagrant de l’Histoire comme de l’actualité, lesquelles regorgent malheureusement de nombreux exemples contraires. Ensuite, il y a quelque chose d’ironiquement savoureux à entendre une responsable de La France insoumise - où certains, comme Antoine Léaument, ne cachent pas leur admiration pour Robespierre - reconnaître, même involontairement, que les guerres de Vendée furent bel et bien un moment de violence dirigée contre les chrétiens. En effet, c’est là une vérité trop souvent occultée : la Révolution française, surtout dans sa phase la plus radicale, fut le théâtre d’un déchaînement de haine religieuse jamais égalé, depuis, en France.
Une Révolution anticatholique dès ses débuts
Dès ses premiers instants, la Révolution française manifeste une volonté de soumettre l'Église à son autorité, à l'instar de ce qu’elle entreprend avec la royauté. Sous le prétexte officiel de corriger les injustices des privilèges passés et, officieusement, de combler la dette de l'État, de nombreuses églises et abbayes sont ainsi confisquées dès novembre 1789, avant d’être livrées à des vandales que la sacralité n’effraie plus.
Le 12 juillet 1790, l’Assemblée nationale adopte la Constitution civile du clergé, qui réorganise unilatéralement l’Église de France, sans consultation du pape. Ce décret impose aux ecclésiastiques de prêter serment à la nation et au roi, pour le peu de temps qui lui reste, en ces termes : « Je jure de veiller avec soin sur les fidèles de la paroisse qui m'est confiée, d'être fidèle à la nation, à la loi, au roi et de maintenir de tout mon pouvoir la Constitution décrétée par l'Assemblée nationale. » Les évêques et curés, devenus fonctionnaires d’État, devaient désormais prêcher dans le sens de la Révolution et être élus par des assemblées électorales composées de leurs ouailles mais aussi de non-croyants.
Cette réforme provoque une fracture profonde au sein de l’Église : environ la moitié des prêtres refusent de prêter serment et deviennent des « réfractaires ». Le pape Pie VI condamne alors la Constitution civile du clergé en mars 1791, consommant ainsi le schisme entre l’Église de France et Rome. Les prêtres réfractaires sont également considérés comme des ennemis de la Révolution, traqués et persécutés pour leur foi et leur fidélité au pape.
La Terreur : le martyre des chrétiens
Au fil des années, la Révolution se radicalise et sombre dans la Terreur. La haine du clergé devient alors haine de la religion et du croyant. Les sans-culottes entreprennent ainsi d’effacer toute trace du christianisme du paysage français : les églises sont fermées après avoir été dépouillées de leurs ornements et de leurs cloches, fondues pour fabriquer des canons, un nouveau calendrier révolutionnaire est institué, des noms de villes et de rues sont déchristianisés (en 1793, Saint-Denis devient ainsi Franciade) et certains, comme Robespierre, tentent même de supplanter le christianisme par une nouvelle religion : le culte de la Raison et de l’Être suprême, ultime tentative pour éradiquer le catholicisme en France.
Les tribunaux révolutionnaires se chargent également d’éliminer les derniers prêtres refusant de se soumettre à l’ordre nouveau. À Nantes, Jean-Baptiste Carrier orchestre une répression sanglante, notamment par les « noyades de Nantes », où des centaines de prêtres et de fidèles sont noyés dans la Loire, selon des procédés surnommés « déportations verticales » ou « mariages républicains », dans un fleuve que Carrier qualifie de « torrent révolutionnaire ».
Parmi les nombreuses autres victimes, nous pouvons aussi citer les seize carmélites de Compiègne, arrêtées pour avoir poursuivi leur vie religieuse malgré l’interdiction des congrégations. Guillotinées à Paris le 17 juillet 1794, quelques jours avant la chute de Robespierre, leur martyre est alors emblématique de la persécution religieuse de cette période. On pourrait encore citer les trente-deux martyres d'Orange, guillotinées en juillet 1794. Le week-end dernier, l'archidiocèse d'Avignon commémorait le centenaire de leur béatification. Selon les statistiques, même si le tiers état compta un plus grand nombre de morts pendant la Terreur, le nombre de prêtres exécutés fut proportionnellement plus élevé que celui des victimes des autres classes.
Les guerres de Vendée
Enfin, n’enlevons pas à Manon Aubry l’éclair de lucidité qu’elle a eu sur les guerres de Vendée et leur aspect christianophobe. En effet, lorsque les paysans vendéens se soulèvent, c’est à la fois contre la conscription obligatoire et contre la persécution religieuse, dans l’espoir du retour de leur bon prêtre. La répression qui s’ensuit est d’une brutalité extrême : villages incendiés, églises détruites, prêtres et fidèles massacrés. Les colonnes infernales, dirigées par le général Turreau, dont le nom est gravé sur l'Arc de triomphe à Paris, mènent une politique de terre brûlée visant à éradiquer toute résistance, causant la mort de milliers de civils, y compris femmes et enfants.
Les guerres de Vendée ne sont donc pas un épisode isolé de christianophobie parmi d'autres événements de la Révolution française, mais s’inscrivent bien dans une logique globale de soumission des institutions religieuses mais aussi des corps, des esprits et des âmes. La déchristianisation, la Terreur et la répression exercées par les sans-culottes témoignent d’une hostilité profonde envers le christianisme, faisant de la Révolution une période de persécution à l’encontre des chrétiens sans précédent en France mais, malheureusement, pas la dernière.

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28 commentaires
Lisez cet ouvrage en deux volumes, de Henri WALLON (1876): » Le tribunal révolutionnaire « : 20 ans de travail, 1.000 pages d’hémoglobine, la matrice de tous les génocides du 20ème siècle.
Les révolutionnaires LFIstes rêvent de provoquer une nouvelle Terreur politique , qui permettrait de faire la chasse à tous leurs opposants. Ils souhaitent lever une armée électorale dans les quartiers sensibles pour parvenir à leurs fins . Mais le compte n’y est pas et n’y sera jamais , le nombre est du côté de la France des terroirs et cela malgré le saupoudrage macronien.
Oui, mais c’était pareil en 1790 … La France des terroirs, catholiques ou pas, était beaucoup plus nombreuses que les révolutionnaires principalement citadins…
« La Terreur, en quelques mois, a exécuté treize fois plus d’hommes et de femmes que l’Inquisition en cinq siècles » Christine Célérier
La nocivité de LFI a été maintes fois constatée et dénoncée publiquement.
Quand un RIP (référendum d’initiative partagée) nous permettra t il d’éradiquer ce mouvement dangereux pour la vie politique française ???
Ce sont surtout des gens incultes et qui se permettent des contre vérités ! Ils feraient mieux de la fermer. Ça serait bénéfique pour eux !