« E. Macron n’a pas eu l’air de trouver que l’immigration est un problème »

« J'ai en effet évoqué cette école du centre-ville où 90 % des enfants sont issus de l'immigration. »
Robert Ménard Béziers

Robert Ménard, maire de Béziers, était présent sur le plateau de TF1 « face » à Emmanuel Macron, ce mardi 13 au soir. Il s'est montré particulièrement offensif avec le chef de l'État (voir notre question du jour) sur les questions de sécurité et d'immigration. Il nous confie ses impressions.

 

Sabine de Villeroché. Quelles sont les circonstances qui vous ont amené à être l'un des contradicteurs choisis pour faire face à Emmanuel Macron ?

Robert Ménard. C'est la direction de l'information de TF1 qui m'a appelé en me proposant d'intervenir dans le cadre de cette émission sur ces deux sujets : l'insécurité et l'immigration. Je ne suis pas un spécialiste de ces deux questions ; j'en connais une partie des conséquences dans ma ville. Je leur ai donc dit oui avec grand plaisir, que je viendrai parler de ce que ça représente pour ma ville et, au-delà, de ce que ça représente pour notre pays. C'est aussi simple que cela. Je n'ai jamais eu, de près ou de loin, l'Élysée sur cette question-là. Je n'en ai discuté qu'avec TF1, que je remercie évidemment de m'avoir donné cette occasion de dire ce que ce que je ressens comme maire, comme bien d'autres maires mais aussi comme un paquet de nos concitoyens.

 

S. d. V. Que ressent-on, face à Emmanuel Macron ?

R. M. C'est intéressant de parler avec le chef de l'État, même si c'est toujours un peu intimidant. Je suis beaucoup dans les médias, mais là, c'était, bien sûr, plus impressionnant. Je me suis dit que j'allais parler de ce que je sais, de ce que je vis, de ce que je ressens. Et d'ailleurs, l'avez-vous remarqué ? Je n'avais pas pris de notes. Je voulais juste lui faire part de ce qui me semble à la fois un constat amer, dur, compliqué sur ces deux questions et lui suggérer un certain nombre de réponses, de solutions à mon niveau.

 

S. d. V. Qu'avez-vous pensé des réponses du chef de l'État ?

R. M. J'étais un peu étonné qu'il réponde quasiment oui à tout ce que je lui ai demandé. J'en suis ravi, mais maintenant, la question, c'est : est-ce qu'il va le faire ? Il faudra faire bien attention à ça.

Sur les questions de police municipale, il paraissait favorable à ce que les choses changent et ce matin, M. Retailleau a annoncé un projet de loi dans ce cadre-là qui sera présenté dans les semaines qui viennent. Sur la question des prisons, Emmanuel Macron n'a pas dit non à ma proposition de louer des places ailleurs. Ce sont les deux domaines dans lesquels il n'a pas tenu ses engagements. Sur le sujet des OQTF, le chef de l'État a même repris le terme « ubuesque » que j'avais choisi pour évoquer le fait que je vais me retrouver devant le tribunal correctionnel alors que j'ai en face de moi quelqu'un qui a été condamné pour des faits de vols avec violence en réunion, qui s'est maintenu de façon illégale en France. Et c'est moi qui pourrais être condamné pour ça ? Je ne peux pas marier quelqu'un qui, normalement, n'a pas le droit d'être en France sous le coup d'une obligation de quitter le territoire [NDLR : Robert Ménard fait allusion à cette affaire].

Je suis donc satisfait de ce qu'a dit Emmanuel Macron. À condition qu'il fasse ce qu'il dit. Si ce n'est pas le cas, cela serait une preuve, encore une fois, que ses promesses ne sont pas tenues. Je ne veux pas lui faire de procès d'intention. Je lui ai fait des propositions. On va voir si elles sont mises en œuvre, sinon, chacun en tirera les conséquences, et moi le premier.

 

S. d. V. Lors de l'émission, vous avez cité ce chiffre : plus de 90 % des enfants d'une école de votre ville sont d'origine immigrée. Qu'en est-il de l'immigration, à Béziers ?

R. M. J'ai en effet évoqué cette école du centre-ville où 90 % des enfants sont issus de l'immigration. À Béziers, l'immigration est  omniprésente dans une partie de la ville comme dans plein d'autres villes ; elle n'est pas partout mais elle est très présente. Plus globalement, les deux tiers des enfants des écoles publiques sont issus de l'immigration. Quand les proportions montent à 90 %, comme l'exemple cité, c'est un ghetto préjudiciable pour les enfants eux-mêmes. Je l'ai d'ailleurs raconté sur le plateau de TF1 : les mamans de ces enfants me demandent qu'il y ait plus de petits Français. Vous avez bien compris ce qu'elles veulent dire, même si elles-mêmes ne sont pas françaises.

Par ailleurs, il y a tout un tas de gens qui font les marioles, y compris à gauche, mais qui jamais ne mettent leurs enfants dans une école comme ça. Ça veut dire que c'est ça qu'il faut combattre, et on ne peut le combattre qu'en limitant l'immigration. Je ne parle pas seulement de l'immigration illégale. Je l'ai dit, il y a plus de 500.000 personnes qui sont entrées en France, en 2024 - l'équivalent de la ville de Toulouse. On est incapable d'intégrer autant de gens ; il faut arrêter avec ça. C'est ce que j'ai essayé de dire en tant que maire au chef de l'État.

 

S. d. V. Avez-vous trouvé la réponse d'Emmanuel Macron, sur ce sujet de l'immigration, pertinente ?

R. M. Non, Emmanuel Macron n'a pas eu l'air de trouver que c'est un problème. Je ne suis pas pour une immigration zéro, qui n'a pas de sens, mais pour une immigration choisie, comme au Canada où, chaque année, le Parlement vote le nombre de gens qui peuvent entrer dans le pays. Le Canada n'est pas un régime dictatorial, c'est ce qu'il faut faire en France.

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Sabine de Villeroché
Journaliste à BV, ancienne avocate au barreau de Paris

Vos commentaires

37 commentaires

  1. Il faut le croire : ce sujet sur l’immigration l’agace. C’est le genre de conversation que l’on n’aborde pas quand on est invité à la table de gens bien élevés. Robert Ménard l’est-il vraiment ? On vous le dit : dans la vie, la parole est d’argent, mais le silence est d’or.

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