Christiane Taubira, presque candidate

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C’était, jusqu’alors, comme une sorte de bruissement, à peine perceptible, comme ça, l’air de rien. La rumeur faisait son petit chemin, de-ci, de-là, cahin-caha... Le 7 décembre dernier, Le Point évoquait « des confidences de l’entourage de l’ancienne garde des sceaux (sic) sur ses possibles intentions, pour que le cœur d’une partie des électeurs socialistes, humanistes, et au-delà, s’embrase ». Taubira pourrait y aller. Une première carte postale, un message en l’air, une bouteille à la mer. On croyait que le truc de l’homme – ou de la femme - providentiel était réservé à la droite. Du tout !

Christiane Taubira pourrait être celle qui embrasera la gauche. Embrasez-vous, Folleville ! Il est vrai qu’« on a vu souvent rejaillir le feu de l’ancien volcan », comme chantait Brel. Et ce 17 décembre, à quelques jours de la trêve des confiseurs, alors qu’avec les vacances scolaires qui débutent, une bonne partie de la France a autre chose à penser qu’à la campagne présidentielle, Christiane Taubira balance son petit cadeau au pied du sapin de Noël d’une gauche façon puzzle, celui qu’on va offrir à papi et mamie pour qu’ils occupent leur après-midi devant leur télé : « J’ai toujours dit que je prendrai mes responsabilités. Pour cela, j’envisage d’être candidate à l’élection présidentielle. » Un pas est franchi : elle envisage. Rien n’est décidé, mais elle pose ça là, gentiment.

On imagine que ça a quand même dû mouliner, derrière. Se lancer dans une campagne présidentielle ne se décide pas au fond d’un bar chic ou sur un coin de table dans un salon de thé bio. Enfin, on imagine. Des réseaux sont probablement en train de s’activer : sociaux, politiques, associatifs (la grande force de la gauche), financiers (la grande force de la gauche aussi). Une candidate de plus ? Non, et l’ancien ministre de la Justice le dit clairement. Clairement, donc, elle se pose en recours de la gauche : « Je mettrai toutes mes forces dans les dernières chances de l’union. » Version moderne et humaniste (forcément) du fameux don de sa personne à la France, comme disait qui vous savez, avec, en plus, ce je-ne-sais-quoi qui vous évoque tout à la fois une AG d'assoc' subventionnée et un slogan publicitaire pour produits de soins du corps : « Ce qui compte, c'est vous. » L’énergie du désespoir.

Pourquoi elle ? Pourquoi pas elle, me direz-vous. Parce que c’est eux, parce que c’est elle. Eux ? Les volcans poussifs : Hidalgo et Jadot qui font la paire. Et Mélenchon, le volcan qui jette ses derniers feux. À eux trois, 21 % au dernier sondage. Hidalgo, avec 4 % (moins que Gaston Defferre à l’élection de 1969, c’est dire), frôle la catastrophe technologique : celle du non-remboursement de sa campagne, si elle va jusqu’au bout du bout. Alors, Christiane Taubira se pose là, envoie sa petite carte de fin d’année (surtout pas de Noël !), joliment décorée : « Je vous souhaite de bien finir l’année… Et je vous donne rendez-vous à la mi-janvier. » En Provence, pour se « souhaiter les vœux », on dit traditionnellement : « À l’année prochaine, que si nous ne sommes pas plus, nous ne soyons pas moins ! » Là, c’est tout le contraire que nous dit Taubira.

Georges Michel
Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

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