Présidentielle 2022 : Christiane Taubira fera-t-elle don de sa personne à la gauche ?

TAUBIRA

Le dérèglement climatique s’accélère. La preuve par ce poisson d’avril survenant en décembre, même si, malgré de trompeuses apparences, ce n’en est pas un : ainsi, Christiane Taubira, sorte de Jeanne d’Arc en dreadlocks, songerait à réunifier les forces de progrès sous son panache blanc pour la prochaine élection présidentielle.

Tout démarre le mardi 7 décembre, avec un article publié sur le site de BFM TV, faisant état « des confidences de l’entourage de l’ancienne (sic) garde des sceaux (sic) sur ses possibles intentions, pour que le cœur d’une partie des électeurs socialistes, humanistes, et au-delà, s’embrase ». Après le printemps en hiver, les feux de forêt, si l’on résume. Trois jours plus tard, Le Point révèle : « Elle considère comme insupportables l’extrême-droitisation de la campagne et l’éparpillement de la gauche. »

Il est vrai qu’en cette dernière matière, elle en connaît plus qu’un rayon de bicyclette, ayant contribué, avec sa très folklorique candidature de 2002, à hisser un certain Jean-Marie Le Pen au second tour de l’élection suprême. Christiane Taubira s’activerait donc en coulisses, multipliant les rencontres à gauche, à l’exception d’Arnaud Montebourg toutefois, par ses soins excommunié pour ses propos, pourtant dès le lendemain reniés, relatifs à sa proposition de couper les transferts de fonds vis-à-vis des pays refusant de récupérer leurs ressortissants clandestins.

Pour mener à bien cette audacieuse stratégie de rassemblement, Christiane Taubira entend s’appuyer sur les têtes pensantes de la « Primaire populaire », réunies en un collectif de près de 250.000 citoyens d’excellence entendant désigner un candidat unique. Le problème, c’est que dans un registre approchant, Anne Hidalgo vient elle aussi d’en appeler, le 8 décembre, à une primaire de la gauche, réalisant ainsi l’unanimité… contre elle.

Bref, la situation se complique, surtout quand Le Point dévoile : « Christiane Taubira veut que les candidats de gauche se rangent derrière sa candidature. […] Mais elle n’entend pas additionner son nom à la liste, déjà longue, des prétendants à l’Élysée. » Voilà qui s’annonce complexe : être candidate sans l’être ou en l’étant sans la concurrence d’autres candidats ; la logique guyanaise, sans doute. En attendant, elle fourbit armes et arguments. Invitée à « Quotidien », la prestigieuse émission télévisuelle qu’on sait – à côté, « Touche pas à mon poste ! », c’est « Apostrophes » –, elle s’en prend donc à Éric Zemmour, dont elle dénonce « l’ignorance crasse de ce qu’est ce pays, cette nation, de la façon dont elle s’est construite, consolidée, épanouie. […] C’est absolument impressionnant comme niveau de méconnaissance de ce qu’est ce pays, son bouillonnement. » C’est sûr qu’effectivement, le pays « bouillonne », mais peut-être pas dans le sens qu’elle le souhaiterait. Par ailleurs, on ne saurait faire autrement que de remarquer, et ce, à l’entendre, que Zemmour serait ignorant de son propre pays, comme s’il y était étranger, qu’il n’était pas un vrai Français. Attention, terrain glissant…

Mais cette dame, qui chérit évidemment la France, l’ayant prouvé durant ses jeunes années en militant pour l’indépendance de la Guyane contre la métropole, reconnaît néanmoins : « Sans doute collectivement, nous avons une responsabilité. La gauche plus encore que les autres pour la simple raison que les idéaux de gauche sont vraiment la réponse collective de cohésion, d’égalité, de justice sociale. » On n’avait pas forcément remarqué ; mais si elle le dit, c’est sûrement vrai.

Nonobstant, à l’approche de Noël, il convient de demeurer chrétiens. Certes, la gauche française est mal en point, mais elle n’avait tout de même pas mérité de se retrouver avec Christiane Taubira sous le sapin.

Nicolas Gauthier
Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

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