Chaque Français pourra bientôt choisir son nom de famille

Arbre_Généalogique_de_Gustave_Courbet,_créé_par_Claude_Coulet_et_exposé_à_la_Ferme_Courbet_de_Flagey

On ne sait pas si, sous l’influence d'Éric Zemmour, beaucoup de gens ont demandé à changer de prénom, mais le candidat semble avoir réveillé les députés de la majorité. Ils entendent, en effet, déposer une proposition de loi visant à faire encore plus fort : simplifier le changement de patronyme. « Une évolution soutenue par Éric Dupond-Moretti  », précise La Dépêche, ce qui suffirait à éveiller la méfiance de toute âme bien née.

Il y a longtemps, bien sûr, que, dans sa grande sagesse, la législateur avait prévu (non sans une sérieuse procédure) une échappatoire à ces handicapés patronymiques dont Élie Semoun tira, jadis, un petit sketch irrésistible : les Labitte purent ainsi devenir des Laffitte et les Groslard des Grossart ou des Grouard. Mais à l’heure de la déconstruction tous azimuts et des couples de même sexe ou des familles recomposées, dont le géniteur est parti avec la baby-sitter et la porteuse d’utérus avec un copain de son fils, il faut évidemment faire plus, et plus facile.

Dans un entretien du 19 décembre accordé au magazine Elle (jamais en retard d’une avancée androclaste), Éric Dupond-Moretti présente cette nouvelle réforme. Pour les mineurs, « la loi permettra que l’enfant puisse porter, à titre d’usage, le nom de la mère, soit en ne portant que son nom, soit on adjoindra le nom de la mère à celui du père, soit on modifiera l’ordre des noms de famille », explique le garde des Sceaux. Il faudra quand même que les deux parents en soient d’accord, sinon « il y aura recours au juge » (ça l’occupera, il a tant de loisir !). Bien sûr, dès 18 ans, et sans qu’il y ait à fournir de justification, « nous allons donner la liberté à chaque Français de pouvoir choisir son nom de famille pour garder celui de sa mère uniquement, celui de son père, ou les deux, dans le sens que l’on souhaitera », poursuit Dupond-Moretti.

Mais tant qu’on est dans les changements d’état civil, ne faudrait-il pas que nos législateurs éclairés réfléchissent à l’odieuse discrimination que constitue le lieu de naissance ? On sait combien voir le jour en Seine-Saint-Denis, voire beaucoup plus au sud, vous discrimine ici et là. Il est temps de changer cela pour qu’au terme de ces avancées sociétales - dont la fluidité de genre n’est pas la moindre -, Mohamed ben Mabrouk né à Ouargla puisse, s’il lui en vient la fantaisie, devenir la Versaillaise Marie-Amandine de Saint-Oultrerive et arborer fièrement le serre-tête en velours qui en est la marque incontestable. Les généalogistes de demain vont avoir du pain sur la planche...

Richard Hanlet
Richard Hanlet
Médecin en retraite, expert honoraire près la Cour d'appel de Versailles

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