Chaos du Stade de France : le fusible Lallement sur le gril du Sénat

LALLEMENT

Ce jeudi 9 juin, le préfet Lallement a donc été auditionné pour l’affaire du Stade de France par les sénateurs qui, pour le moins, ne l’ont pas ménagé. À trois jours du premier tour des élections législatives, l’opposition LR et socialiste n’allait pas se gêner ! Après tout, ou plutôt avant tout, ce haut fonctionnaire est le représentant du gouvernement, et plus précisément du ministre de l’Intérieur. Cette audition suit celles, la semaine dernière, des ministres Darmanin et Oudéa-Castéra.

S’il fallait retenir une seule chose de ce passage sur le gril sénatorial, c’est que Lallement l'a reconnu : « La gestion policière de la finale de la Ligue des champions Liverpool-Real Madrid, le 28 mai dernier, a été un échec. » Au moins, ce haut fonctionnaire parle français et ne tourne pas (trop) autour du pot : on est loin, en effet, des « dysfonctionnements » évoqués par le ministre des Sports au lendemain du match ! Le préfet de police a reconnu qu’il y a eu des personnes « bousculées ou agressées » et que l’image de la France a été « ébranlée ». C’est le moins que l’on puisse dire. Le préfet Didier Lallement « assume en totalité la responsabilité de la gestion policière » et tient à être tenu comme « le seul comptable opérationnel ». Ce qui n’est pas sans panache, en ces temps où le parapluie est devenu l’ustensile indispensable dans les hautes sphères. Le préfet Lallement se met donc en travers de la route de ceux qui voudraient chercher des noises à la police, sauf, bien évidemment, s’il y a eu des fautes flagrantes. Un « échec » que le préfet assume, pourrait-on dire, dans la grande tradition des grands serviteurs de l’État, c’est-à-dire en fusible du pouvoir.

Car il faut maintenant avoir une lecture politique de cette déclaration centrale de Didier Lallement. S’il assume effectivement la totale responsabilité de la gestion policière de ce fiasco, s’il est le seul comptable opérationnel de cet échec, c’est qu’en creux il existe des responsables, des comptables politiques de ces « événements », véritable honte pour notre pays. Or, a-t-on entendu Darmanin (ne parlons pas du ministre des Sports qui était là « pour info », puisqu’elle vient de prendre ses fonctions) dire « J’assume en totalité la responsabilité de la gestion politique de ce désastre » ou « Je tiens à être tenu comme le seul comptable politique de ce foutoir ? » Non. Du reste, souvenons-nous du communiqué très révélateur du ministre des Sports : « La priorité est désormais de cerner très précisément les dysfonctionnements avec l'UEFA, la Fédération française de football, le Stade de France, la préfecture de police de Paris, la préfecture de Seine-Saint-Denis et la mairie de Saint-Denis afin d'en tirer toutes les leçons pour éviter que de tels incidents se reproduisent pour nos futurs grands événements sportifs internationaux. » Plus il y a de fous, moins on risque.

On notera tout de même, à la fin de cette audition, une certaine gêne du préfet de police, interrogé sur les 300 ou 400 « indésirables » (ces « riverains », comme on avait pu lire ici et là...) venus ou pas de Seine-Saint-Denis. « Est-ce que c'est un type de population délinquante qu'on rencontre en Seine-Saint-Denis ? Oui, ça arrive, mais on en rencontre également dans le nord de Paris... Ce type de, de, de [bégaiement du préfet] profil... » Et le préfet de préciser qu'il y avait aussi des mineurs non accompagnés, en clair des clandestins étrangers : « Un grand classique », affirme le haut fonctionnaire.

Mais maintenant, pour revenir à la question des responsabilités, allons plus loin, plus haut, plus fort. Laissons sur le banc de touche les coupeurs de citron et occupons nous des athlètes de classe internationale. Quand a été décidé que ce match aurait lieu au Stade de France et non à Saint-Pétersbourg pour les raisons que l'on sait ? Le 25 février dernier. Moins de trois mois seulement pour préparer un événement de cette ampleur ? Quand, mais surtout qui. Qui ? Emmanuel Macron. À trois jours des élections législatives, on a le droit de le dire, non ?

Georges Michel
Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

Vos commentaires

34 commentaires

  1. Circulez il n’y a rien à voir, même pas les vidéos du Stade de France qui, ô heureux hasard, se sont autodėtruites

  2. Et comme par hasard, les services de justice de du ministre de la justice de Macron, M. Dupond Moretti n’ont pas demandé de «  dérogation de destruction » des bandes vidéos du Stade de France : toutes les preuves en images ont disparue au bout de 7 jours !
    Alors pensez donc,la possibilité, pour ce pouvoir, de truquer les résultats d’une élection c’est une possibilité admissible au vu des nombreux scandales d’état qui s’apparentent à un état de délinquants en « col blanc »

    • Je suis très étonnée que quelques personnes bien placées n’aient pas dupliquées ces vidéos en une semaine… je pense que cette destruction est volontaire, sur ordre, afin de cacher le vrai visage des fraudeurs, agresseurs, délinquants qui sévissent dans le 93.

  3. Prenons donc acte de l’honnêteté de ce monsieur, qui assume ses responsabilités… sans oublier qu’il sera douillettement réintégré d’office à la Cour de Comptes, pour toute « sanction ».

    • A quelques mois de la retraite il ne risque plus rien et sert de fusible au vrai responsable de ce désastre, à savoir le despote macron.

  4. Mr. LALLEMENT va tranquillement prendre sa retraite dès les législatives passées, et Macron / le gouvernement présenteront cela comme une sanction, …et le tour sera joué. !

  5. Tous les mêmes, supposons qu’il soit limogé, le successeur sera son clone, ainsi va la France et Jupiter poursuit son oeuvre.

  6. Tout est arrangé. Avant d’aller reconnaître sa responsabilité, ce préfet de choc a certainement accepté un nouveau poste pour couvrir son chef .
    Trop poli pour être honnête. C’est encore une pirouette de marionetistes patentés qui dirigent le pays dans le mur.

  7. En assumant « ses responsabilité » dans l’affaire du stade de France, mais il pourrait aussi bien prendre en compte toutes les bourdes, faites par lui, face aux gilets jaunes et aux antifas, Didier Lallement se prépare une retraite avec parachute doré en préservant la responsabilité du chef de l’état et son suppléant Darmanin.

    • on ne se fait pas de soucis pour sa reconversion : spécialiste spécial de la spécialité policière pour BFM TV ou encore conseiller sécurité auprès de Macron ou garde du corps de Mélanchon…

  8. Un véritable scandale que cette histoire du stade de France , Lallement et mais aussi Darmanin doivent être limogés . Assez de ces politiques qui commettent des fautes très lourdes , mais qui restent en place .

  9. Commode d’obliger un préfet quasi à la retraite à endosser maladroitement seul la responsabilité d’un tel échec mais apprendre que les images d’avant et après match n’ont pas été sauvegardées [ce dont je doute pour celles des vidéos extérieures] et supprimer ainsi tout moyen de faire l’entière lumière sur les exactions déroulées par des individus facilement identifiables, c’est dépasser la limite du supportable.

  10. Ah ! C’est beau le sacrifice ! Se déclarer responsable de tout, quelle probité, quel sens des responsabilités, quelle honnêteté ! Enfin un vrai serviteur de l’État. On en a la larme à l’œil, l’émotion au ventricule, le nez qui renifle.
    Simple curiosité et simple question : à qui obéit Monsieur le Préfet ?

  11. Ben voyons et comme à Nice, les vidéos ont été « écrasées », la France est pire que feu l’URSS !

  12. Les politiciens appliquent les mêmes mesures de défense que les racailles. Diluer la responsabilité au sein d’un groupe pour, qu’à la fin, il n’y ait plus aucun responsable.

  13. je dirais youpi mais attention au prochain , et puis le principal reste en place alors mais quand même .

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