Ce que cache l’affaire McKinsey ? Le Grand Remplacement de la fonction publique

Macron 2019-01-17 à 14.13.37

Sur les réseaux sociaux, le hashtag McKinseygate n’en finit plus de grimper. « Le gouvernement a sûrement fait appel à McKinsey pour étouffer le scandale McKinsey ! » lance, à la cantonade, un twittos anonyme. Des photos de campagne détournées montrent un candidat Président dont on a pour partie changé le nom : Emmanuel Mackinsey. La syllabe commune tombe mal. Pour certains, par comparaison, le Penelopegate ressemblerait à une bluette provinciale : pensez, près d’un milliard d’euros, selon l’évaluation du Sénat, versé à une batterie de cabinets de conseil, le nom McKinsey donné à cette affaire étant une synecdoque.

« Ce n’est pas moi qui signe les contrats. Je vous invite à regarder le code des marchés publics. Le président de la République n’autorise aucune dépense », a déclaré Emmanuel Macron, légèrement Ponce Pilate, lors d’un déplacement à Dijon, lundi dernier. On doit donc comprendre que tout s’est fait dans son dos. Qu’il ignorait tout, qu’il ne savait rien. Tel Don Salluste dans La Folie des grandeurs : « Ce n’est pas moi, j’étais là, je priais. »

Sauf que le style très managérial adopté par Emmanuel Macron depuis cinq ans ne plaide pas pour cette thèse. Un faisceau de présomptions tend même à prouver, au contraire, qu’au plus haut sommet de l’État, il y a eu une volonté active, massive et décomplexée de recourir à des prestataires extérieurs « quoi qu’il en coûte ».

Il y a, tout d’abord, cette fameuse réforme de la fonction publique, entrée en vigueur en janvier 2022, qui procède à la disparition de l’ENA (devenue l’INSP) et à la mise en extinction de 17 grands corps de l’État dont la préfectorale, regroupés désormais dans un grand fourre-tout : le corps des administrateurs de l'État. L’idée, dit-on, est de rendre la fonction publique plus « opérationnelle ». Elle ne le serait donc pas aujourd’hui, ce qui expliquerait l’appel incessant à de la ressource externe ? En creux, c’est la justification qu'avançait Gabriel Attal, sur CNews, jeudi matin : « La réforme de la haute fonction publique doit nous permettre d’avoir moins recours à des cabinets de conseil. » Bref, démantelons cette bande d’incapables poussiéreux au parcours balisé « à l'ancienne » et tout va s’arranger. Il fait mine d'ignorer l'engrenage entre la poule et l’œuf : de plus en plus sur la touche, de moins en moins au courant des dossiers, la fonction publique perd son savoir-faire et sa capacité à réagir seule en situation de crise.

Il y a surtout ces techniques bien connues des grands groupes que l’on a cherché à plaquer sur le peuple français.

Tout d’abord les grands débats consécutifs aux gilets jaunes, semblables à ces concertations de salariés en entreprise dont on s’empresse ensuite d’oublier les doléances. Le simple fait de leur donner la parole est supposé avoir des vertus lénifiantes.

Ensuite, dans la crise sanitaire, l’usage du nudge. Cette méthode douce pour inspirer la bonne décision est issue du domaine marketing et a valu, en 2017, le prix Nobel d’économie à l’Américain Richard H. Thaler « pour ses travaux sur les mécanismes psychologiques et sociaux à l’œuvre dans les décisions des consommateurs ou des investisseurs ».

Enfin, pour faire craquer les plus réfractaires à la vaccination sans endosser les responsabilités inhérentes à l’obligation, le recours à la méthode du mobbing. Cette technique de DRH roué permet de se débarrasser d'un collaborateur sans les tracasseries juridiques d'un licenciement. On le met au placard, on le dénigre, l'évince des réunions et des missions, bref, on « l'emm.. » jusqu'à ce qu'il craque et démissionne.

Sauf que les Français ne sont pas des salariés ni des consommateurs. Par le suffrage universel, ils ont mandaté ce Président et lui ont confié, pour ce faire, cet argent durement gagné et aussitôt ponctionné que l’on appelle impôt. L’usage immodéré de cabinets de conseil dispendieux en lieu et place de fonctionnaires laissés sur la touche mais néanmoins rémunérés sonne donc pour eux comme une double peine. Comme Don Salluste, Emmanuel Macron va devoir prier : déposer un cierge pour que ce McKinseygate ne lui coûte pas sa réélection.

Gabrielle Cluzel
Gabrielle Cluzel
Directrice de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

91 commentaires

  1. Et par ailleurs, ce cabinet américain, McKinsey n’a-t-il pas participé gratuitement à la campagne de Macron ? 2600€ par tête et par jour avec 20 membres du cabinet organisant la campagne de ce galopin, mais là c’était gratuit donc, une personne morale qui finance sa campagne avec ensuite un retour d’ascenseur exorbitant et prohibitif pour le contribuable ! Quel mépris du peuple français.

  2. Comme Fabius donc, c’est pas moi, j’étais pas au courant. Un gouvernement à la mexicaine ? Et pourtant, lors de l’affaire Benalla ne disait-il pas « Il n’y a qu’un seul responsable, c’est moi, qu’ils viennent me chercher ! » Voilà, c’est maintenant chose faite peut-être !

  3. Ce que cache l’affaire McKinsey ? Le Grand Remplacement de la fonction publique et la mise au placard du référendum et l’avachissement de l’Assemblée Nationale LaREM sous la coupe des Ferrand, Castaner et Braun Pivet……

  4. La « sous-traitance » a vidé les entreprises de leurs savoir faire et de leur autonomie, pour l’État, il en sera de même et rien ne dit qu’économiquement cela est une bonne chose pour les entreprises encore moins pour l’État, vu l’ardoise laissée et le fait que cette entreprise sous-traitante ne paye pas d’impôt en France !!! Bravo Monsieur MACRON vive la start-up nation !!!!

  5. Bravo Gabrielle, il faut continuer jusqu’au dernier quart d’heure, il faut enfoncer le clou ,la brèche est ouverte, pas de pitié ni de retenue. Il n’a pas souhaité descendre dans l’arène peu importe, la corrida s’achève, elle a été pénible pour le peuple, encensée par les « élites », vénérée par la sphère capitalistique, la mise à mort politique de l’animal transgénique, mélange de banquier d’affaire et de technocratie politicienne, se fera par contumace.

  6. La cause est entendue !
    La salubrité publique veut que nous nous débarrassions de ces escrocs/manipulateurs en « costards ».
    Toutes et tous sans exceptions aux urnes.

  7. Ce que cache l’affaire McKinsey ? Le mépris absolu de Macron pour l’argent des Français en plus de son mépris tout court.

    • « Le mépris absolu de Macron pour l’argent des Français ». Pas d’accord. Le mépris absolu de Macron pour les Français; mais pas pour leur argent.

  8. Un autre scandale attend énorme Macron : Celui de sa fortune cachée. Les rémunérations réellement reçues de Rothschild pour la transaction à 11.8 milliards de dollars entre PFIZER et NESTLE sont très vraisemblablement planquées dans un trust « offshore ». Ses déclarations de patrimoine sont très probablement « fantaisistes ». La vérité finira par exploser. Malgré l’opacité mise en oeuvre pour dissimuler les preuves.

  9. Bientôt ça va être le tour de E ZEMMOUR (jusque là, les tentatives ont un peu fait long feu, mais…), puis les autres vont venir, suivant la montée de leurs scores.

  10. C’est quand même curieux que ce genre de « scandale » éclate juste au moment des élections…non? On a déjà vu cela au lendemain de l’élection de F FILLON aux primaires de la droite, pareil pour D STRAUSS-KAHN,… Vous n’en avez pas marre de vous laisser mener?

  11. 4 SCANDALES EN UN ! Le plus gros, c’est le « cadeau » fait par MacKinsey à la campagne de Macron 2017. Ces dons (valant au tarif McKinsey des centaines de milliers d’euros) « en nature » d’une personne morale pour une campagne sont ILLEGAUX. Le PNF doit être saisi. Le Pénélope gate c’est de la tisane tiède.

  12. Entendons nous…le McKinsey gate est un détail.
    La France c’est d’abord un état.
    Macron a bien compris que pour démolir la France il faut démolir l’état.
    De grace aidez nous à virer ce traître à nos intérêts vitaux!!!!!!!!

  13. Merci pour cet article, mais il faut que tous les médias en parle ! il faut faire pression pour que la majorité des français qui n’écoutent que TF1 et la 2 soient au courant !!

  14. Il s’agit d’éviter ce que les espagnols appellent la « selectividad » et on inflige aux bacheliers (95% de la classe d’âge) le parcours prépa, grandes écoles, ENA aux « meilleurs »….,,lesquels peuvent sortir des plus grandes écoles scientifiques, comme de celles de la littérature « snobistique »…..ce qui, chez des gamines et gamins « exhaustés », peut les conduire à des emplois d’Etat pour lesquels ils nécessiteront de l’appui de ces officines extérieures si chères que c’en est inconvenant!

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