Boris Johnson au secours du service de santé anglais

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Souvenez-vous du slogan placardé sur un bus pendant la campagne référendaire de 2017 soutenue par BoJo qui suggérait d’envoyer 350 millions de livres par semaine au NHS (National Health Service) plutôt qu’à l’Europe.

« Le NHS nous a soignés quand nous en avions le plus besoin. Il a traité avec héroïsme un demi-million de malades du Covid-19 et administré plus de 91 millions de vaccins. Mais le résultat de cet effort extraordinaire est une énorme liste de patients en attente de soins [au moins 5 millions], a expliqué M. Johnson, mardi, à la Chambre des communes. Notre plan pour la dépendance vise aussi à ce que les personnes âgées reçoivent les meilleurs soins possibles sans craindre de s’acquitter de coûts insupportables. Notre NHS reste la fierté du Royaume-Uni et nous ferons en sorte qu’il continue à susciter l’envie dans le reste du monde. »

Dans le reste du monde, sauf aux yeux des républicains américains, de Donald Trump en particulier, et au Royaume-Uni même, au sein des Tories. Le principal argument du parti dans la gestion de la crise reste la rigueur budgétaire. Or, parmi ses critiques les plus véhéments, Marcus Fysh, président du Economic Growth Group, club de députés conservateurs, s’est dit « alarmé », dans les colonnes du Daily Telegraph, par « l’approche socialiste » du gouvernement. « Cette hausse aura un impact sur la reprise économique en faisant peser des coûts importants sur les entreprises déjà sous pression », déclare Suren Thiru, des British Chambers of Commerce.

La hausse de 1,25 point de la taxe de la National Insurance portera sur les employeurs, les salariés, et sur les dividendes des actionnaires. Selon un sondage YouGov, 64 % des Britanniques approuvent la mesure. « Il est décevant que le gouvernement n’ait pas trouvé un meilleur paquet de mesures fiscales pour financer ces augmentations de dépenses inéluctables, a toutefois estimé Paul Johnson, directeur de l’IFS (Institute for Fiscal Studies). Une simple augmentation de l’impôt sur le revenu aurait été préférable, mais c’est mieux que de ne rien faire. »

Le financement « temporaire » pour éliminer l’arriéré du NHS pourrait devenir « permanent », laissant les soins sociaux non financés par la même redevance conçue pour les soutenir, rapporte le conservateur Daily Telegraph.

Cette mesure déplaît dans les rangs conservateurs hostiles à l’impôt, puisqu’elle renie une promesse centrale de campagne de 2019, alors que les manifestos (les promesses de campagne) sont considérés avec le plus grand sérieux au Royaume-Uni. Mais elle « renvoie au slogan placardé sur un bus pendant la campagne référendaire de 2017, soutenue par BoJo, qui suggérait d’envoyer 350 millions de livres par semaine au NHS plutôt qu’à l’Europe », rappelle honnêtement Arnaud de La Grange, le correspondant du Figaro à Londres.

À la différence du Président Macron, Boris Johnson ne suggère pas que l’argent tombe du ciel ou qu’il ne faudrait pas rembourser les emprunts.

L’opposition travailliste semblait en difficulté, privée de ses principaux arguments : la protection du NHS (une création du Labour, au sortir de la Seconde Guerre mondiale) et la pertinence des dépenses publiques, est obligée de reconnaître Cécile Ducourtieux, la correspondante du Monde à Londres. L’état du système de santé n’est « qu’une résultante d’une décennie de négligence et de sous-investissements des conservateurs au pouvoir », a pointé Keir Starmer, le chef du Labour. « Le Parti travailliste n’a aucun plan [pour financer le NHS]. Nous [les conservateurs] sommes le parti qui résout les problèmes, nous sommes le parti du NHS », a répliqué M. Johnson.

Paradoxalement cette réforme historique et ce langage de vérité sur les comptes public pourraient remettre en selle notre BoJo.

Thierry Martin
Thierry Martin
Auteur, dirigeant d’entreprise, sociologue de formation

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