Bonjour Messieurs Dames, c’est ici, la fête à Macron ?

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Ce samedi 5 mai, c’était la « Fête à Macron », organisée par François Ruffin, député de La France insoumise. Dame Schiappa, la Madame de Scudéry du gouvernement, a tenu à donner sa petite leçon de grammaire sur Twitter. "Au-delà du sujet, il est insupportable de voir cette formule grammaticale promue par des élus ! “La Fête de Macron” eut (sic) été plus correct. Penser que les classes populaires ont besoin d’une langue française dégradée pour s’y reconnaître, c’est les mépriser."

Loin de moi l’idée de prendre la défense de la bande à Mélenchon, mais comment ne pas évoquer le retour de flamme que s’est pris la secrétaire d’État à l’Égalité femmes-hommes de la part d’une agrégée de lettres, toujours sur Twitter. "Deux contresens. 1) Il y a une différence de sens importante entre “la fête de Macron” et “la fête à Macron”, le 2e est l’antiphrase ironique du 1er. 2) Une tournure populaire n’est pas une “langue française dégradée”. On appelle ça l’usage." Antiphrase ? C’est une figure de style ironique qui consiste à dire le contraire de ce qu’on pense. Par exemple : « C’est du joli ! » Ou encore : « Cette Marlène Schiappa, quelle savante ! » Évidemment, tout est dans le ton avec lequel on prononce cela.

On aurait pu ajouter, histoire de faire son précieux ridicule, que « la fête à Macron » est une expression qui fait l’ellipse de plusieurs mots. Par exemple : "Le chien fait la fête à son maître en agitant la queue et La France insoumise fait la fête à Macron en agitant des slogans. À la fin, tout le monde rentre à la niche."

En tout cas, l’agrégée, elle, a voulu faire la fête à Schiappa en lui donnant le coup de grâce. "Par ailleurs, quitte à se prendre pour une pimbêche de la langue française, il manque un accent circonflexe à “eût été” (pour différencier le passé antérieur et le conditionnel passé." Point final.

Mais puisque Mme Schiappa se pique d’élégance linguistique et se revendique, en quelque sorte, du camp des gens bien élevés, on pourrait lui signaler que le président de la République lui-même n’est pas exempt de familiarités. Ainsi, à plusieurs reprises, nous l’avons entendu utiliser une expression que l’on emploie peut-être lorsqu’on entre dans une boutique mais pas, par exemple, dans une école ou l'appartement de Clemenceau. Cette expression ? « Bonjour Messieurs Dames. » Un homme si bien élevé, employer publiquement cette expression ! Car l’Académie, dans son dictionnaire, considère cette formule comme incorrecte. Le Larousse la qualifie même de familière. Certes, le normalien et agrégé Georges Pompidou l’employa un jour : "Puisque ces messieurs-dames viennent là en tant que militants, eh bien il est normal que nous les considérions comme des militants." Mais il y avait là une nuance - pour ne pas dire plus - d’ironie, de dénigrement. On me dira que cette formule familière est employée par Emmanuel Macron pour se mettre au niveau des gens. Mais Dame Schiappa, ipso facto, du haut de ses talons rouges, de s'exclamer : "Penser que les classes populaires ont besoin d’une langue française dégradée pour s’y reconnaître, c’est les mépriser."

On rétorquera qu’à l’oral, hors d’un contexte officiel, on n’est pas obligé non plus de parler comme à Buckingham Palace. Sauf qu’en décembre 2017, le président de la République, alors en visite officielle en Algérie, commença son discours au palais de Zeralda - en atteste le site officiel du palais de l’Élysée - par un "Bonjour Messieurs Dames." On a vu plus élégant à l'international.

Georges Michel
Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

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