Benjamin Cauchy : « Les gilets jaunes ne soutiennent pas cette marche de la honte ! »

Les gilets jaunes soutiennent-ils le mouvement de lutte contre l'islamophobie ? On pourrait le croire, compte tenu de la présence de Jérôme Rodrigues, dimanche, à la marche organisée à Paris. Ce n'est pas l'avis de Benjamin Cauchy, qui réagit au micro de Boulevard Voltaire.

L'occasion de faire avec lui le bilan des engagements divers des figures du mouvement, un an après son émergence.

Une manifestation contre l’islamophobie a eu lieu, ce dimanche. Jérôme Rodriguez, une des figures des gilets jaunes, était présent. Les gilets jaunes soutiennent-ils cette lutte contre l’islamophobie ?

Absolument pas. Les gilets jaunes ne soutiennent pas cette marche de la honte. Jérôme Rodriguez se trompe d’enjeu. Il n’y avait aucune religion, aucune couleur de peau et aucune origine sociale qui interférait dans le mouvement originel des gilets jaunes. C’était, justement, un de ses intérêts. Jérôme Rodriguez est en train de faire des amalgames, sans doute par idéologie politique.

Si Jérôme Rodriguez ne représente pas les gilets jaunes, alors qui les représente ?

Les gilets jaunes se représentent eux-mêmes. Ils ont toujours été divers, politiquement, et protéiformes. Jérôme Rodriguez représente la branche d’extrême gauche qui pense que ce n’est que par la rue que le mouvement social pourra apporter du meilleur et du bien-être aux Français. Beaucoup d’autres, dont je suis, estiment que c’est dans le champ démocratique que les gilets jaunes ont toute leur place, qu’on pourra changer la donne et casser cette dynamique qu’Emmanuel Macron met en place depuis plus de deux ans et demi, à savoir la caste sociale.

Beaucoup de trajectoires divergentes sont présentes chez les gilets jaunes. Priscillia Ludosky continue de s’impliquer dans le mouvement. Jacline Mouraud réfléchit à s’engager en politique. Ingrid Levavasseur s’est engagée aux municipales. Maxime Nicolle s’oppose en critique des médias. Et vous, vous avez rejoint Debout la France.
Un an après, on a l’impression que les gilets jaunes prennent des chemins divers et variés. Cela risque-t-il de mettre en péril le mouvement ?

Je ne pense pas que cela risque de mettre en péril le mouvement. Les gilets jaunes sont pluriels et multiples. Ils font entendre leur voix de différentes manières. Maxime Nicolle critique les médias, mais en fait désormais partie. Ingrid Levavasseur a fait le choix de s’engager aux municipales en Normandie. Pour ma part, j’ai choisi de m’engager en région parisienne à Vigneux-sur-Seine.
Au contraire, le fait que des gilets jaunes veuillent s’engager et continuer à agir dans le débat public sans tourner en rond autour d’un rond-point me paraît plutôt pertinent.
On ne va pas demander à des citoyens de passer tous leurs samedis après-midi dans la rue. Cela ne fait que sourire Macron, Castaner et Édouard Philippe. Il faut donc agir autrement. Le fait que certains gilets jaunes aient décidé de s’engager autrement en fonction de leur condition propre me paraît plutôt sain.

Le week-end prochain aura lieu un acte très important des gilets jaunes. Cela va faire presque un an, jour pour jour, que ce mouvement est né. Comptez-vous vous y rendre ? Cela va certainement passer par quelques dégâts sur la voie publique. Selon vous, est-ce bien que ce mouvement continue de manifester hebdomadairement ?

Pour moi, c’est une bêtise. Il n’y a pas un an à fêter ou deux ans à fêter. Les gilets jaunes n’auront certainement pas intérêt à être pris en otage, une fois de plus, par des Black Blocs, par des casseurs ou par des extrémistes de gauche qui veulent salir le mouvement et la République. Les gilets jaunes, eux, ne veulent pas casser la République, ils veulent casser la logique politique d’Emmanuel Macron. Pour moi, c’est une erreur. Il n’y a pas d’anniversaire à fêter.
Je dirais plutôt que c’est l’anniversaire d’un échec. Au bout d’un an, nous n’avons pas réussi à obtenir ce que nous souhaitions. Je ne pense pas qu’il y ait de recrudescence majeure du mouvement. Il y aura une continuité du mouvement pour ceux qui veulent en découdre par la rue. Les gilets jaunes qu’on voit dans la rue ne sont que la partie émergée de l’iceberg. Beaucoup de misère sociale est cachée derrière de jolies façades d’immeubles. Ces gens-là ne vont plus dans la rue mais, pour autant, ils attendent quelque chose. Pour ma part, je pense que c’est par les urnes qu’on y arrivera.

Benjamin Cauchy
Benjamin Cauchy
Porte-parole de Debout la France

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