Les Belgo-Turcs voteront-ils sur le rétablissement de la peine de mort en Turquie ?

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Du comportement électoral des (Belgo-)Turcs, on sait avec une précision croissante qu’ils votent majoritairement pour Recep Tayyip Erdoğan lors des scrutins ayant lieu dans leur pays d’origine et qu’ils portent leur suffrage sur les partis de gauche quand ils sont invités à se rendre aux urnes dans leur pays d’accueil.

En d’autres termes, ils suivent, de façon faussement paradoxale, la ligne conservatrice de l’AKP et généreuse en allocations diverses des socialistes (et de leurs alliés) belges.

Le récent référendum turc sur l’élargissement des pouvoirs présidentiels avait provoqué de vives tensions en Belgique, qui voyait importée en son sein l’instabilité régnant sur les bords de la mer Noire depuis le coup d’État manqué de juillet dernier. Les Turcs vivant en Belgique avaient finalement soutenu à 75 % le « oui » donnant quitus au président turc.

C’est pourtant un autre référendum qui pose aujourd’hui problème en Belgique, celui, annoncé par Erdoğan, sur le rétablissement de la peine de mort dans son pays. Les Turcs de Belgique seront-ils consultés ? Si c’est le cas, cela signifierait la tenue d’un référendum sur la peine de mort sur le territoire belge.

Le Premier ministre libéral Charles Michel, pendant longtemps partisan de l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne, a d’ores et déjà annoncé qu’il ne tolérerait pas la tenue d’un tel référendum sur le sol belge à propos d’un "sujet inacceptable". La Belgique étudiera, selon lui, "toutes les possibilités juridiques" pour interdire la consultation.

Les partis flamands de la majorité fédérale de centre droit ont indiqué être sur la même longueur d’onde que le chef de la majorité.

Plus tôt dans le mois, l’Allemagne, les Pays-Bas et l’Autriche avaient déjà témoigné de leur embarras et de leur volonté d’interdire sur leurs terres tout référendum sur un sujet "en totale contradiction avec les valeurs européennes".

Les États européens disposent-ils des moyens juridiques d’interdire la tenue du référendum ? La question soulève, en tout cas, une nouvelle fois le problème de la mondialisation et de la double nationalité, débat relancé (mais sans grande conviction) en Belgique.

À noter qu’après le coup d’État avorté, le hashtag "je réclame la peine de mort" avait fleuri sur les réseaux sociaux des Belgo-Turcs : probablement une indication du résultat du référendum s’il devait se tenir dans le plat pays.

Mais le débat prouve à nouveau que la Turquie n’a pas sa place dans l’Union européenne. Ni aujourd’hui, ni demain.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 09/01/2020 à 18:25.
Gregory Vanden Bruel
Gregory Vanden Bruel
Conseiller politique

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