Le marketing du suicide assisté et de l’euthanasie est fait de compassion, de pathos à la louche ; il est confit de bons sentiments et n’a que de grands mots comme la dignité à la bouche. Ce n’est que la partie émergée de l’iceberg. Il y a la pratique, une fois que la morale a cédé et que la loi tout court s’est couchée devant la loi du marché. Par exemple, la Belgique avec son comité Théodule en charge du contrôle éthique de l’euthanasie qui statue qu’une euthanasie est infligée sans consentement, mais refuse d’en tirer les conséquences judiciaires qui s’imposeraient : dénoncer un meurtre à un procureur !

C’est de l’Ontario, au Canada, que vient le scandale d’aujourd’hui. Un homme de 42 ans, Roger Foley, atteint d’une maladie rare et incurable, se voit proposer le choix entre l’euthanasie ou la prise en charge du coût de son hospitalisation, soit 1.800 dollars canadiens par jour. Le système d’hospitalisation à domicile dont il a bénéficié dans le passé n’était pas la solution : empoisonnement avec une nourriture pas adaptée, accidents domestiques.

"Malheureusement, les systèmes de soins et d’hospitalisation à domicile de l’Ontario ont brisé mon esprit et propulsé ma vie dans un vide bureaucratique caractérisé par l’absence de responsabilité et de supervision", dit-il, tout en étant obligé d’engager des poursuites judiciaires tous azimuts. Son avocat dénonce qu’une euthanasie lui soit proposée avant que toutes les options palliatives qui soulageraient sa douleur ne soient envisagées, ce qui serait une violation de ses droits constitutionnels.

Ce n’est qu’une affaire de gros sous, que l’assureur soit une collectivité nationale ou une assurance privée : quand les sinistres coûtent trop cher, on souhaite mettre un terme soit au remboursement soit à la source du problème de la façon la plus radicale. Les Onc’ Picsou du rapport sinistres à primes veillent. Ils veulent l’euthanasie en France aussi.

Les jeunes, aujourd’hui, seraient très favorables à l’euthanasie. Ils subissent, comme les moins jeunes, ce matraquage médiatique orchestré par le lobby des bourreaux en blouse blanche. Même si l’euthanasie n’est pas à l’ordre du jour de la loi devant suivre les États généraux de la bioéthique, il est un scénario possible : plutôt que de tenter de passer en force sur la PMA, pourquoi ne pas donner l’euthanasie et le suicide assisté, plus consensuels, comme os à ronger ou lot de consolation à ce camp du progrès autoproclamé ? La réponse négative actuelle d’Agnès Buzyn est d’une imparable logique : la loi Claeys-Leonetti est trop récente pour légiférer de nouveau. Et ce n’est pas le consensus que l’on sait si bien manipuler qui détermine ce qui est bien et ce qui est mal. Mais le risque subsiste et les pressions sont fortes.

La fragilité d’une vie qui s’échappe doit faire l’objet de soins attentifs et dévoués, pas d’un traitement brutal qui ferait de nous des barbares. Même si, comme dans l’histoire, nous couvrions notre pelage de loup d’une peau de mouton.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 09/01/2020 à 16:59.

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26 mars 2018 à 15:48

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