Baccalauréat : Gabriel Attal sera-t-il le roi de la rustine ?

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Le bon sens reviendrait-il, rue de Grenelle ? Gabriel Attal vient d'annoncer que les épreuves de spécialité du baccalauréat seraient reculées en juin pour la session 2024. Tous les professionnels qui connaissent la réalité du terrain avaient pourtant, lors des concertations sur la nouvelle organisation de l'examen, expliqué les dangers du calendrier prévu. Rien n'y faisait : le ministère avait forcément raison !

En 2021 - épidémie oblige -, ces épreuves n'avaient pas eu lieu ; en 2022, elles avaient dû être reportées en mai ; mais, en 2023, l'évidence a éclaté aux yeux mêmes des plus sceptiques : on constate, depuis le mois de mars, une démotivation et un absentéisme importants chez les élèves de terminale. Dans l'entretien accordé au magazine Le Point, Emmanuel Macron avait ouvert la voie à un repositionnement des épreuves : « On ne peut pas avoir des épreuves si tôt dans l'année », avait-il déclaré, annonçant des « ajustements » à venir. Ce qu'a confirmé Gabriel Attal, dimanche soir sur TF1 puis, ce lundi, lors de sa conférence de presse de rentrée.

Révision complète

Mieux vaut tard que jamais, comme dit le proverbe. Il reste cependant que le gouvernement, une fois de plus, est resté longtemps sourd aux inquiétudes exprimées sur la nouvelle organisation du baccalauréat et son calendrier, jusqu'à ce qu'il soit mis dans l'obligation de rectifier le tir, sous peine de passer pour un dilettante ou un irresponsable. Force est de constater, malheureusement, que cet amateurisme ne se manifeste pas seulement dans l'enseignement. Ce n'est que lorsqu'ils ne peuvent plus travestir le réel et qu'ils sont contraints et forcés par l'opinion publique que nos dirigeants corrigent leurs erreurs.

Au demeurant, si Gabriel Attal a pris une bonne décision, elle est loin de résoudre tous les problèmes. Le ministre de l’Éducation nationale a précisé qu’il n’y aurait « pas de modification massive du calendrier de Parcoursup », mais on ne voit pas comment les notes obtenues aux épreuves de spécialité pourraient être prises en compte sans retarder le processus d'affectation dans l'enseignement supérieur. Et, si elles comptent pour du beurre, à quoi bon les passer ?

Dans tous les cas, le ministre se contente de corriger des défauts qui étaient prévisibles et répare avec des rustines un système qui ne fonctionne pratiquement plus et aurait besoin d'une complète révision. Cela peut, un moment, faire illusion auprès de l'opinion publique, laquelle se rendra bientôt compte que le baccalauréat n'a plus de valeur et ne sert plus à rien. Si on ne rétablit pas, dans toutes les matières importantes, des épreuves terminales exigeantes, si on ne refait pas du baccalauréat un diplôme permettant de vérifier l'acquisition des connaissances et des méthodes nécessaires pour accéder à l'enseignement supérieur, avec des chances d'y réussir, on n'aura rien fait.

L'avenir dira si Gabriel Attal saura se libérer des préjugés idéologiques et pédagogiques qui ont la peau dure et ont entravé l'action de la plupart de ses prédécesseurs. Si l'on souhaite le redressement de l'enseignement, on ne saurait se satisfaire qu'il soit seulement le roi de la rustine.

Philippe Kerlouan
Philippe Kerlouan
Chroniqueur à BV, écrivain, professeur en retraite

Vos commentaires

17 commentaires

  1. Le nouveau Ministre de l’Educ. Nale aura t il la bonne intuition, pour revaloriser le baccalauréat, d’IMPOSER LA NOTE ZERO à toutes les épreuves ECRITES COMPORTANT DES FAUTES D’ORTHOGRAPHE ???? Ce serait un bon point de départ pour rehausser le niveau de nos candidats à l’enseignement supérieur…CHICHE !!!!

  2. En fait la stratégie de communication depuis 2017 se résume à promouvoir des tactiques de rustines mal calibrées

  3. Il y a du travail à faire dans l’EN! Il faut commencer par le cours préparatoire et remettre le redoublement en place afin de ne pas freiner ceux qui « avancent  » bien et arrêter le nivellement par le bas. Dictée, grammaire et maths tous les jours, enseignement de l’histoire et géographie de manière plus ludique pour intéresser les enfants. RESPECT des enseignants et sanctions immédiates des élèves perturbateurs. Je serai certainement traitée de « dictateur » mais c’est le seul moyen de remettre un peu d’ordre dans tout ce cirque qu’est devenu l’EN.

    • Suite à une expérience positive (de ma fille) en ce sens, je propose que dans le primaire les instituteurs s’échangent leurs classes en alternance : CE1-CE2 et CM1-CM2. Ce qui permettrait aux élèves « qui suivent » d’avoir le même instit pendant 2 ans et à ceux « qui redoublent » de ne pas avoir « le même son de cloche » deux années de suite.
      Et j’étendrais la même alternance entre le CP et une classe SOS après le CM2 pour ceux qui n’ont pas le niveau pour accéder au collège. Afin de donner à tous une chance sérieuse d’obtenir un « certificat d’études primaires » qui ait de la valeur en ce qui concerne les fondamentaux ; car j’obligerais les élèves des collèges de passer eux aussi cet examen à la fin de la sixième.
      Pour moi, l’important n’est pas que tout le monde ait un bac au rabais, mais que le plus grand nombre possible ait un certificat d’études valable.

      • Merci et bravo. Je vois que je ne suis pas la seule. Je suis un peu autoritaire et perfectionniste. c’est ce qui manque actuellement à beaucoup. Ordre et discipline!

  4. Ne s’apercevoir des lacunes énormes chez les candidats lors des épreuves du BAC est bien trop tard et contre productif. D’autant que passer brutalement de plus de 90% de réussite à 45% sans doute ferait très mauvais genre et signifierait le limogeage immédiat du ministre en charge. L’instruction n’est pas un long fleuve tranquille avec un seul obstacle à franchir. Un contrôle des connaissances périodique est donc nécessaire… Où sont donc passé les « certificats d’études » qui devraient sanctionner l’entrée en 6ème, les BEPC qui sanctionneraient la fin de 3ème et qui manifesteraient de l’apprentissage continu ! Le BAC alors pourrait retrouver tout son sens car n’y accèderaient que ceux qui auraient « déjà » passé les épreuves qualifiantes. On retrouverait alors un nombre de prétendants au BAC raisonnable et des pourcentages de réussite valorisants. Il existe biuen d’autres filières à partir de 14 ou 16 ans permettant le plein épanouissement et la réussite dans la vie sans passer par l’université qui devient un dépotoir dont un nombre affligeant sortent après une année, voire deux, entièrement perdues… On n’aborde pas une compétition sans entraînement !

    • Si je ne me trompe le certificat d’études se passait à 14 ans bien après l’entrée en 6ème. Combien de bacheliers actuellement obtiendraient cet examen ?

  5. Comme toutes les autres mesures, l’interdiction de l’abaya ressemblera à un cent mètres haies. Il faudra (essayer de) franchir les obstacles : conseil d’état, conseil constitutionnel, CEDH, CJUE… La ligne d’arrivée semble hors d’atteinte.

  6. L’apprentissage des rudiments : lire, écrire et compter, devrait être le début d’une bonne idée . Ce n’est pas à la Fac que l’on doit acquérir ces savoirs de base sans lesquels la Culture ressemble tout juste -hélas- à la culture générale, celle de la Télévision par laquelle on mène les peuples.

  7. Gaby Attal le « laïcitator* », le « roi de la rustine »…
    Sûrement l’applicateur de cataplasmes sur les deux jambes de bois éducatrices nationales.
    * voir article l’abaya.

  8. L’éducation national comme les forces de l’ordre et la Justice sont a réformer en profondeur. C’est pas un tel gouvernement en place qui le peut, c’est à commencer par là.

  9. Qu’ils font SEMBLANT de corriger leurs erreurs, le résultat de leur recette reste le même, ce qui change c’est l’ordre dans lequel on incorpore les ingrédient, pour nous enfumer.

  10. Une remarque.
    Le rétablissement des matières terminales exigeantes signifie des échecs et donc un pourcentage de réussite au BAC en baisse.
    Vous n’y pensez pas.

  11.  » Si on ne rétablit pas, dans toutes les matières importantes, des épreuves terminales exigeantes, si on ne refait pas du baccalauréat un diplôme permettant de vérifier l’acquisition des connaissances et des méthodes nécessaires pour accéder à l’enseignement supérieur, avec des chances d’y réussir, on n’aura rien fait. »Tout est dit dans cette phrase .

    • Combien d’années faudra-t-il pour y parvenir ? Il faudrait commencer l’exigence au primaire et peut-être même avant avec le respect, l’écoute et l’obéissance ! Tout ce que nous avons perdu et complètement incompréhensible pour ceux qui n’ont pas connu ce qui faisait rayonner le France, et ce n’est certainement pas avec ce nouveau peuplement que nous y parviendrons !

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