Aux Éditions Gérard Collomb : Lyon, nid d’espions

gérard collomb

Tout le monde espionne tout le monde, c’est bien connu, et ce n’est pas d’hier. L’espion qui venait du froid, aux pattes de velours, celui qui m’aimait, ou encore celui qui m’a larguée, les espions sont de partout, partout et de toujours.

Catherine de Médicis déployait, si l’on en croit la légende, un escadron volant de femmes sublimes qui espionnaient les grands seigneurs. De quoi entretenir tous les fantasmes. Plus austère, Richelieu avait son père Joseph, Louis XV, plus ambigu, son chevalier – ou chevalière – d’Éon. La télé des années Pompidou enjoliva un peu l’histoire d’un certain Schulmeister (1770-1853) en en faisant l’espion de l’empereur. Toujours au rayon « fantasmes en tous genres », comment ne pas évoquer Mata Hari, danseuse nue exotique, condamnée à mort pour « intelligence avec l’ennemi en temps de guerre » et fusillée au polygone de Vincennes, le 17 octobre 1917 ? On notera, d’ailleurs, qu’espionnage et coucherie font bon ménage en général. En tout cas, si l’on en croit la littérature et le cinéma. Dans la vraie vie, on sait pas. Les espions sont partout, disions-nous. Voyez au cinéma : Salonique, nid d’espions, Casablanca, nid d’espions aussi. Moins connu, Téhéran 43, nid d’espions. Et, bien sûr, OSS 117, Le Caire, nid d’espions !

Manquait à la série, qui n’en est pas une, « Lyon, nid d’espions ». C’est fait. Grâce au Canard enchaîné, qui doit avoir ses espions dans la place, et, bien sûr, à Gérard Collomb. Le numéro du 24 décembre révèle que l'édile lyonnais aurait demandé aux deux officiers de sécurité et deux chauffeurs, auxquels il a droit en tant qu’ancien ministre de l’Intérieur, et chargés de le suivre partout – ou presque – là où il va et vaque, tels les trente canards de Pierre Palmade, de lui lâcher la grappe. C’est pas dit comme ça, mais c’est tout comme. Le maire de Lyon a expliqué, campagne électorale oblige, qu’il voulait « rencontrer les Lyonnais, même à l’improviste, de façon naturelle ». Surprise, c'est Gérard Collomb ! C’est sûr qu’entouré comme la reine de Saba rendant visite à Salomon - le roi, pas le chauffeur -, c’est plus compliqué pour engager le dialogue avec la vieille dame qui veut acheter un kilo de poireaux sur le marché de la Croix-Rousse.

Mais Le Canard donne une autre explication : Gérard Collomb craindrait d’être espionné par les quatre lascars pour le compte de Castaner. « Un espionnage qui serait en lien avec l’affaire Nouri », selon le site LyonMag. Rappelons que Meriem Nouri, ancienne compagne de Collomb, est soupçonnée d’emploi fictif à la mairie de Lyon. Si l’on en croit Le Canard, Macron en voudrait à Collomb de l’avoir planté à l’automne 2018 et tous les ennuis rencontrés depuis par l’ancien ministre, en gros, viendraient de cette rancune présidentielle.

Alors, on imagine la scène. Un appartement miteux. Plus crédible qu'un loft de 400 m2 avec vue imprenable sur des créatures de rêve préparant des cocktails dans le salon et, accessoirement, sur les quais de Rhône - ou de Saône, c'est vous qui voyez. Les quatre policiers font leur petit rapport à Castaner, sous la loupiote pâlotte, comme au temps de l'armée des ombres. « Le sapin est toujours vert. Je répète : le sapin est toujours vert. Le coq au vin dresse la tête, le coq au vin dresse la tête... »

Et puis, scène deuxième, nous voici dans le grand bureau de la place Beauvau. À l’heure vespérale où bruissent dans Paris - et ailleurs aussi - les complots et les robes en soie, Christophe Castaner, ministre de toutes les polices de France, est penché sur le compte rendu, décodé au préalable par un fonctionnaire de confiance dans les sous-sols – ou sous-pentes, c’est encore vous qui voyez - du ministère. « Laissez-moi », dit-il au fonctionnaire porteur du message décodé et d'une jolie chaîne en argent, non pas sur son épaisse toison pectorale, comme Castaner jeune à Marseille, mais sur son habit noir d'huissier. Seul, enfin, le ministre empoigne son téléphone. « Emmanuel ? Oui, Christophe. Je viens de recevoir le dernier rapport. Il n’a pas fini de nous emmerder. » « Qui ça, il ? Le vieux de Lyon… »

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Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

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