Audrey Pulvar/Gérald Darmanin : fin du bal masqué

bal masqué

C'est une affaire qui illustre parfaitement les guignolades et autres gesticulations médiatiques actuellement initiées par moult états-majors politiques qui, en pleine campagne électorale, s'affairent davantage au clientélisme primaire qu'à se poser les bonnes questions : identifier les vrais problématiques subies par le peuple (il n'y en a pas qu'un peu, en ce moment) et, idéalement, proposer les bonnes solutions pour y remédier.

Ainsi donc, en plein week-end de Pentecôte, la tête de liste socialiste en Île-de-France, Audrey Pulvar, a publiquement estimé « assez glaçante » la manifestation de policiers du 19 mai dernier.

Une manifestation « soutenue par l'extrême droite, à laquelle participe un ministre de l'Intérieur, qui marche sur l'Assemblée nationale pour faire pression sur les députés en train d'examiner un texte de loi concernant la justice, c'est une image qui pour moi était assez glaçante », affirmait l'ex-journaliste, samedi dernier, sur les ondes de France Info. Laquelle n'en est pas à son coup d'essai en termes de propos maladroits, puisque celle-ci s'était déjà illustrée, il y a peu, considérant qu'il était possible de demander aux Blancs « de se taire » lors d'une réunion non mixte...

Evidemment, comme toujours, contrairement au sort habituellement réservé à des personnalités tout aussi engagées mais étiquetées du « côté obscur de la force » telles qu'Éric Zemmour qui, elles, pour bien moins, se retrouvent convoquées à s'expliquer devant la barre des tribunaux, aucune charge n'avait alors été retenue contre Audrey Pulvar, puisque cette fois-ci, l'apartheid s'opérait du bon côté de la barrière bien-pensante. Même laissez-passer, d'ailleurs, concernant les indigénistes, les leaders de la cancel culture ou encore Pauline Harmange, l'auteur de l'ouvrage Moi les hommes, je les déteste, qui, à l'instar de tous ces courants idéologiques « progressistes », bénéficie du motif de « discrimination positive » ou de « défense des minorités » et peut donc continuer à revendiquer sa misandrie, en toute quiétude, sinon avec la bénédiction de la dictature de la pensée (unique).

Toujours est-il qu'en ce week-end de Pentecôte (l'effusion du Saint-Esprit avait-elle éclairé quelques âmes en peine ?), les lignes ont bougé puisque, lundi soir, le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, annonçait porter plainte contre Audrey Pulvar, l’accusant de « diffamer la police ».

« Les propos de Madame Pulvar dépassent le simple cadre d’une campagne électorale et viennent profondément diffamer la police de la République. Je porte plainte au nom du ministère de l'Intérieur », avait tweeté le ministre.

Mais la principale intéressée rétorquait immédiatement via une autre plainte portée, cette fois-ci, contre Gérald Darmanin au motif d'une « dénonciation calomnieuse ».

On s'acheminait donc vers l'enlisement d'une escalade de jérémiades victimaires, en plaintes croisées, entre les deux protagonistes. Tragique impasse pour ces deux camps autoproclamés du bien.

Alors heureusement, comme dans les contes de fées (où l'on voudrait faire disparaître le salvateur baiser d'amour final du prince à Blanche-Neige, s'appuyant sur le doute qu'il serait peut-être non consenti, et donc forcé, et donc prônerait l’horrible oppression patriarcale...), le vieux monde est venu à la rescousse du prétendu nouveau qui, dépassé par un principe de réalité qui lui échappe, avait cruellement besoin de l'aide de son aîné pour se sortir de ce bien mauvais pas.

Aussi, reproduisant la bonne vieille méthode qui fonctionne depuis la nuit des temps, les petits arrangements entre élites politiques ont donc repris leur cours normal. Et quelques « précisions » plus tard (merci aux petits lutins de la communication), une « rencontre » a été proposée par Gérald Darmanin. Rencontre à laquelle la candidate de la liste « Île-de-France en commun » a soudainement dit vouloir se rendre « avec enthousiasme et dans un esprit républicain ».

Fin du bal masqué. Avec beaucoup de bruit pour rien.

Mais reste en suspens la question de fond. Face à cette énième démonstration de son inconsistance, peut-on vraiment avoir encore confiance dans le fonctionnement des arcanes politiques de notre pays ? Comment, avec qui, tout changer ?

Les paris sont ouverts et les urnes livreront bientôt leur verdict...

Cyril Kempfer
Cyril Kempfer
Éditorialiste

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