Ariège : l’ironique victoire du tout sauf Mélenchon

Bénédicte Taurine, députée LFI
Bénédicte Taurine, députée LFI

Une seule étincelle peut mettre le feu aux poudres. Telle cette élection législative partielle, dans la première circonscription de l’Ariège, à l’occasion de laquelle la députée sortante, Bénédicte Taurine (LFI), a dû abandonner son siège à Martine Froger (socialiste dissidente).

Avec 60,19 % des voix au second tour, ce n’est plus une victoire mais un quasi-triomphe pour la rivale de la candidate LFI, cette dernière se contentant de 39,81 % des suffrages.

Au premier tour de ce nouveau match, Bénédicte Taurine était arrivée en tête, avec 31,18 % des voix, perdant toutefois 3.500 suffrages par rapport à juin 2022. Quant au candidat RN, Jean-Marc Garnier, il est privé de second tour à quelques centaines de bulletins près : 24,78 %, contre 26,42 % pour sa rivale socialiste dissidente, Martine Froger. Que s’est-il alors passé pour que cette dernière gagne, haut la main, ce second tour ?

Il y a le poids des électeurs macronistes, même si le résultat de leur candidate, Anne-Sophie Tribout, passe de 19,96 %, en juin dernier, à 10,69 %, lors du premier tour de cette partielle. Du coup, Renaissance appelle à massivement voter pour la candidate socialiste. Leur homologue mariniste, lui, ne dit rien, mais n’en pense sûrement pas moins. Résultat ? La candidate LFI battue Bénédicte Taurine salue, ce dimanche, une « victoire de la droite », une « droite qui a élu une députée de droite ». De son côté, Jean-Luc Mélenchon dénonce, sur Twitter, une « lamentable combine politicienne », tout en constatant : « Voilà à quoi servent les dissidents du PS. Refuge du vote Le Pen et Macron au second tour pour battre l’opposition à la retraite à 64 ans. »

D’un point de vue dialectique, la charge est confuse. Encore plus confuse est la position du Parti socialiste ou, tout au moins, de ce qu’il en reste. En effet, Martine Froger, la soixantaine encore alerte, demeure une socialiste à l’ancienne, éprise de valeurs « humanistes » et « républicaines ». Soutenue par Carole Delga, présidente du conseil régional d’Occitanie, elle est hostile à la NUPES et, par voie de fait, à cette union de la gauche qui a transformé le parti de François Mitterrand en vulgaire goumier du néo-trotskisme mélenchonien à forte connotation identitaire et nappé de sauce islamo-gauchiste.

Au sommet de la direction socialiste, c’est, sans surprise, la crise de nerfs : « Ce soir, l’union de la gauche comme l’intergroupe de la NUPES à l’Assemblée nationale perdent une députée. […] Les félicitations du ministre de la Réforme des retraites [Olivier Dussopt, ancien socialiste, NDLR], qui salue ce soir la victoire de Martine Froger, sont un affront aux millions de Françaises et Français qui manifestent depuis des mois. » Quant au ministre en question, il signe ce tweet mortifère : « Il existe bien sûr une place sur l’échiquier politique pour une gauche responsable. Ce scrutin montre surtout que l’outrance et la radicalité ne paient pas et ne rassemblent pas. »

Certes. Mais ce qui ne semble plus guère payer, c’est le mantra de « l’union », des droites comme des gauches. La première signifierait la fin des LR au profit du RN. La seconde nous confirme que le PS n’est plus que la roue de secours de LFI. Le PS, donc, au même titre que LR, est désormais au pied du mur : s’unir au risque d’être anéanti ou tenter de faire cavalier seul pour survivre. Olivier Faure, élu de justesse contre Nicolas Mayer-Rossignol (soutien de Martine Froger, lors de cette élection) à la tête du PS, a choisi la première option, même si elle est contredite dans les urnes par la seconde.

Quant au tout aussi fameux « barrage républicain », naguère dirigé contre le Rassemblement national, le voilà qui se joue à front renversé : tout, sauf Mélenchon ! L’Histoire a parfois de ces ironies.

Nicolas Gauthier
Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

Vos commentaires

37 commentaires

  1. Je voudrais juste adresser un mot à « Raymileg »…
    Il n’est pas dans mes habitudes de pleurer devant des attitudes « suicidaires ». Lorsque l’on a de vrais convictions l’esprit partisan doit s’effacer.
    Qui ne semble avoir pour seul but que celui de nuire ?… Dans le constat navrant la polémique est stérile.
    Comme je le dis souvent, ce sont les petits ruisseaux qui rejoignent la rivière, pas l’inverse.
    Mais, bon…

    • Justement mes convictions s’éloignent jours après jours de celles du RN qui lui n’en a plus beaucoup (de convictions ) faut-il pour autant se soumettre !! Pas question … Quand à votre ruisseau qui rejoint la rivière, ça me fait penser aux positions très sages du « pas de vagues » et « restons dans le droit chemin », décidément le grand Charles avait bien raison avec son fameux  » « les Français sont des veaux ».
      Mais, bon…

  2. Je ne connais aucune des deux candidates ariégeoises. Mais la victoire de cette socialiste humaniste me comble de joie, même si je reste à droite. Elle rejoint dans mon esprit ces quelques « vrais » socialistes qui se distinguent de la mitraille pro-mélenchonienne, des intellectuels de haut niveau, brillants, lumineux, tels que Jacques Julliard, Michel Onfray, Jean-Pierre Chevènement, et des esprits libres qui se sont un peu éloignés du troupeau « gauchien » tels que Céline Pina, Marc Menant, Guillaume Bigot, d’autres également, et qui tout en déclarant rester de gauche, n’ont pas peur de côtoyer des gens de droite. L’Ariège donc vient de donner une leçon à la France. Qu’elle en soit remerciée.

  3. le lamentable mélenchon qui a appelé à voter macron en 2017 et 2022 parce que disait-il » nous le combattrons », mais pourquoi ne voulait-il pas combattre le FN puis RN en élisant Marine le pen ? a t-il peur des femmes ?

  4. Après avoir illustré l’expression « aller jusqu’à vendre père et mère », le PS Illustre celle des « rats quittant le navire ».
    Ce que ces gens peuvent être méprisables!

  5. Une candidate socialiste élue malgré toute l’influence du chef des socialistes ( Nupes ) : Olivier Faure !

  6. M. Gauthier, j’aime souvent vous lire mais, dans cet article, vous omettez un point essentiel à l’analyse du résultat…
    A l’issue du 1er tour, le candidat RN (M. GARNIER) obtient 19,94% des voix derrière Mme TRIBOUT à 19,96%…
    Le candidat Reconquête (M. JOSSINET) obtient lui 3,63% !!!… dans lesquels se trouvent, sans nul doute, la petite pincée de voix qui aurait pu permettre au candidat RN de participer au 2ème tour avec de réelles chances de l’emporter grâce aux reports de voix. C’était plus que jouable…
    La déduction saute aux yeux ! Hélas.
    Il va bien falloir que les amis de Z se posent, un jour, les vrais questions.
    Bizarre, vous avez dit…

    • Un peu facile votre commentaire !! Ce n’est pas reconquête qui refuse la coalition mais bien le RN … alors inutile de venir pleurer quand le RN est battu.

      • Je voudrais juste adresser un mot à « Raymileg »… Il n’est pas dans mes habitudes de pleurer devant des attitudes « suicidaires ». Lorsque l’on a de vrais convictions l’esprit partisan doit s’effacer. Qui ne semble avoir pour seul but que celui de nuire ?… Dans le constat navrant la polémique est stérile. Comme je le dis souvent, ce sont les petits ruisseaux qui rejoignent la rivière, pas l’inverse. Mais, bon… Je ne vais pas refaire l’historique des comportements plus que limites…

      • Décidément c’est une obsession cette alliance !
        Comment envisager une alliance quand, depuis 2017, le FN d’abord et le RN ensuite se sont heurtés à des refus successifs aux mains tendues ? Comment envisager une alliance alors que les tentatives ont été multiples pour essayer (en vain, heureusement) de faire chuter Le RN ? Le rôle clairement affiché par Z sur les plateaux télés ? Les attaques incessantes (mensongères) sur les réseaux sociaux ? Les tentatives (infrucTUEUSES) de dénigrements ? Bref, toutes ces « délicatesses » qui n’aident pas vraiment à une « fraternité » (douteuse) d’où l’amour de la France a totalement disparu, recouvert par le seul intérêt partisan et opportuniste destiné à parasiter et phagocyter « l’adversaire » en tentant de profiter de sa position ?
        S’il y a un appel c’est pour un rassemblement et cet appel s’adresse aux électeurs sincères, attachés à la France, qu’ils viennent de la droite ou de la gauche, on s’en fout ! C’est de l’intérêt de la France dont il s’agit ! Les cheffaillons carriéristes et revanchards qui rêvent d’être calife à la place du calife n’intéressent personne.
        Seule la victoire de la France est belle !
        Quand, allez-vous le comprendre ?

  7. Il faut quand même se demander s’il y a une différence fondamentale entre ces deux partis, connaissant les méfaits causés par le socialisme dans ce pays.

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