André Bercoff : « C’est parce que le climat social est délétère que n’importe quelle information ou désinformation peut marcher à ce point »

Un appel à la « purge » contre les policiers a été lancé sur les réseaux sociaux. Une information relayée par Le Figaro, qui y a consacré un long article.

Réaction au micro de Boulevard Voltaire d'André Bercoff.

Des appels à la purge ont été lancés sur les réseaux sociaux. C’était suffisamment sérieux pour que Le Figaro y consacre un article assez long ce matin.
Pouvez-vous d’abord nous expliquer ce concept de purge ?

J’ai lu le libellé de la purge qui ressemblait en effet à un appel, règlement de compte, sinon massacre. Et j’ai vu quelques heures plus tard un certain Aïssa qui disait sur les réseaux, se filmant lui-même : "c’est moi qui ai fait la purge. C’est une plaisanterie. Je ne comprends pas que l’on ait pris cela au sérieux, que tout le monde s’est excité et que les gens m’appellent. Ce n’est rien, rentrez chez vous. Circulez, il n’y a plus rien à voir. En revanche, je suis prêt à répondre à vos questions ».
Andy Warhol disait il y a 30 ans : «  chacun sera célèbre pendant un quart d’heure dans sa vie ».
Aujourd’hui, c’est quinze secondes.

Qui sont ces jeunes qui sont dépassés par l’utilisation des réseaux sociaux ?

Les réseaux sociaux sont comme disait Cocteau ‘’un miroir qui réfléchit’’, dans le bon sens comme dans le pire des sens. Ça charrie le meilleur comme le pire. Le pire, c’est ça, des gens qui sont sur des charbons ardents, et qui commencent à réagir dès qu’ils voient quelque chose chose, un appel au soulèvement ou une espèce de mobilisation quelle qu'elle soit.
La simultanéité, la capillarité, l’extraordinaire force d’instantanéité et bien sûr le côté obscur de la force des réseaux sociaux peuvent entraîner cela.
Cela dit, ne jetons pas les réseaux sociaux avec l’eau du bain de l’information, car ils nous révèlent aussi beaucoup de choses.


La rentrée est chargée des livres d’auteurs comme Obertone et Zemmour qui nous prédisent un grand soulèvement.
Le titre de l’article dans Le Figaro confirme un climat social de plus en plus délétère…

Tout à fait. C’est parce que le climat social est délétère que n’importe quelle information ou désinformation peut à ce point marcher.
Mais n’oublions pas que les réseaux sociaux nous ont aussi révélé des choses que les médias dits mainstream ne nous révélaient pas. De Benalla en passant par le viol d’une Italienne par un certain nombre de racailles, beaucoup de choses nous ont été révélées par les réseaux sociaux. Beaucoup d’autres informations sont révélées par les réseaux sociaux.
C’est tout le paradoxe de notre temps de surchauffe, cela charrie l’homme et la boue et, si je peux me permettre, la merde et les étoiles.
Il nous appartient d’exercer notre esprit critique et de faire le tri. Cela n’est pas facile, mais pourtant indispensable.

André Bercoff
André Bercoff
Ecrivain, journaliste - Il fut journaliste à l'Express, directeur de la rédaction de France-Soir et directeur littéraire dans plusieurs maisons d'édition dont Belfond et Robert Laffont. Auteur d'une quarantaine de livres.

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