Lors des élections pour le renouvellement du Parlement de Bavière de ce dimanche 14 octobre 2018, les sociaux-chrétiens de la CSU et les sociaux-démocrates du SPD ont subi une énorme déroute électorale.

La CSU, parti dominant en Bavière, chute de 47,7 %, en 2013, à 37,2 %, en 2018, et perd sa majorité absolue en nombre de sièges au sein de l’assemblée bavaroise. Le SPD s’effondre, passant de 20,6 %, en 2013, à 9,7 % cette année. Ces deux partis, qui prennent part au gouvernement national à Berlin aux côtés de la CDU d’Angela Merkel, sont très largement sanctionnés par les électeurs.

La CSU obtient son deuxième plus mauvais score - le plus bas étant celui du scrutin de 1950 - depuis la Seconde Guerre mondiale lors d’élections pour le Parlement de Bavière. Ce parti, actif seulement en Bavière, est nettement plus conservateur que la formation politique démocrate-chrétienne CDU de la chancelière fédérale Angela Merkel, présente dans les quinze autres États allemands.

La CSU a fait de la Bavière, autrefois rurale et pauvre, une puissance économique et y a amené la prospérité, le plein-emploi et la sécurité tout en préservant les traditions - en s’appuyant sur le catholicisme - et la nature.

Cette extraordinaire réussite engendre cependant des problèmes : le prix de l’immobilier et le coût de la vie sont élevés et une partie des retraités ne sont pas en mesure d’assumer financièrement leur existence. Mais ces soucis ne semblent pas être une cause majeure de l’altération des résultats de la CSU.

Le scrutin prouve que les meilleurs chiffres en matière économique et d’emploi, ainsi que de nombreux avantages distribués aux citoyens grâce à la puissance économique de cette partie de l’Allemagne, ne suffisent pas pour gagner des élections.

Plusieurs éléments expliquent ce grave revers électoral.

Le premier est la montée en puissance du vote écologiste, que les prospères États voisins de Bade-Wurtemberg et de Hesse – désormais dirigés respectivement par une coalition Verts-CDU et CDU-Verts - ont connu dans le passé. Les écologistes décrochent 17,6 % des voix, soit une augmentation de 9 %.

Le deuxième est le rejet de l’immigration, né de l’ouverture des frontières par la chancelière CDU Angela Merkel, qui a conduit à la percée du parti patriotique Alternative pour l’Allemagne (AfD), qui obtient 10,2 % et entre au sein du Parlement de Bavière.

Les mouvements de population en provenance d’autres régions d’Allemagne, engendrés par le besoin de main-d’œuvre dû à la prospérité économique de la Bavière, constituent également un de ces éléments : les nouveaux venus n’ont pas grandi dans l’environnement idéologique bavarois.

De plus, la CSU a manœuvré complètement de travers au cours des dernières années. En dénonçant la politique migratoire de la chancelière tout en prenant part au gouvernement fédéral organisant l’immigration massive, la CSU s’est aliénée la tranche la plus patriote de son électorat. Elle a ensuite dû faire face à la percée, dans les sondages, de l’AfD engendrée par l’afflux de migrants et l’insécurité qui en découle et a alors décidé, bien trop tard, de courir après l’AfD afin de lui couper l’herbe sous le pied, ce qui a engendré une légitimation des idées de celle-ci. La CSU a vu alors survenir une montée en puissance, au sein des études d'opinion, des Verts qui ont capté des électeurs CSU du centre déboussolés par le soudain virage vers la droite de la CSU, alors que cette dernière avait dérivé vers la gauche au cours des vingt dernières années.

Les libéraux du FDP décrochent un peu plus des 5 % nécessaires afin d’obtenir des élus, les Électeurs libres 11,6 % et les post-communistes de Die Linke 3,2 %.

La grande perdante de ce scrutin est la chancelière fédérale Angela Merkel, responsable, en 2015, de l’ouverture des frontières aux migrants et dont le gouvernement CDU/CSU/SPD est désormais au bout du rouleau.

Le 28 octobre 2018, les élections pour le Parlement de Hesse constitueront un nouveau test pour le gouvernement fédéral allemand.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 09/01/2020 à 18:47.

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15 octobre 2018 à 8:02

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