Alléluia, la croissance repart !

M. Macron est un homme chanceux. Il a été élu par effraction en profitant de la disqualification de M. Fillon et des lacunes de Mme Le Pen. Celui qui l’a fait roi, M. Bayrou, a été carbonisé aussitôt après son élection. Les astres lui seront-ils aussi favorables dans le domaine économique ?

Ses thuriféraires chantent cocorico, car l’INSEE a relevé son estimation de croissance du premier trimestre de 0,4 % à 0,5 %. Cependant, on n’attend que 1,6 % sur 2017, un chiffre certes inconnu depuis 2011, mais qui reste médiocre. Ceux qui célèbrent cette petite accélération de croissance seraient comme des journalistes sportifs qui, après des années de défaites, s’enthousiasmeraient d'une victoire par 1 à 0 de notre équipe de football contre la Slovaquie !

Nous allons, certes, un peu mieux ; les investissements des ménages et des entreprises ont progressé de 1 %, mais la consommation stagne, ce qui n’est pas bon signe, et la fin programmée d’un mécanisme fiscal particulièrement favorable aux sociétés a joué. Néanmoins, la politique de l’offre menée par M. Hollande a porté quelques fruits. Les industriels ont rétabli leurs marges et recommencent à acheter des équipements, mais on revient de tellement loin... En outre, le coût des mesures de soutien ( 40 milliards par an, 70 % de l’impôt sur le revenu !) est exorbitant. Il aurait été justifié si nous avions eu des résultats spectaculaires, mais au vu de notre faible croissance, on peut s’interroger : aurait-on pu dépenser cette somme (ou moins ?) d’une façon plus efficace pour l’économie ? Sans doute, d'autant plus que notre commerce extérieur dérape : les exportations fléchissent et les importations augmentent, retranchant 0.6 % à la croissance. Une catastrophe !

M. Macron a une part de responsabilité dans ce tableau contrasté, car il a été ministre de l’Économie, même s’il n’a pas réussi à imposer tous ses choix à M. Hollande. Arrivera-t-il à nous sortir de l’ornière ? Nous ne serons guéris que lorsque notre croissance sera de 3 % et 4 % l’an comme en 2000. Une économie en bonne santé atteint ce chiffre une année sur trois. Pendant le second tiers d’un cycle économique « normal, elle tourne autour de 2 % et, dans la dernière partie, elle est en récession ou stagne autour de 1 %. Nous, nous restons encalminés dans le dernier tiers depuis dix ans !

M. Macron, qui est un chantre décomplexé du capitalisme, va accentuer la politique de M. Hollande en privilégiant l’entreprise aux salariés. Il limitera sévèrement les droits de ces derniers tout en leur redistribuant quelques miettes de pouvoir d’achat, et surtout en spoliant 50 % des retraités. Comme le pays lui fait confiance, peut-être réussira-t-il là où ses prédécesseurs ont échoué, car l’économie a un point commun avec la médecine : l’effet placebo. Un médicament marche d’autant mieux que le patient croit en ses vertus. M. Macron est très fort pour convaincre ses compatriotes que la potion amère qu’il concocte sauvera notre pays.

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Christian de Moliner
Professeur agrégé et écrivain

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