Agriculteurs en colère : la crise semble changer les habitudes des consommateurs

viande et légumes

Cela fait plus d'une semaine que les agriculteurs ont levé les barrages, à la demande de leurs syndicats. Un retour à la maison mitigé, puisque nos paysans sont loin d'avoir obtenu gain de cause, mais ils ont tout de même fait entendre leur voix et obtenu certains gestes de la part du gouvernement. Le bienfait de cette mobilisation ne se mesure pas là, puisque leur situation, à long terme, demeure inchangée. Ce qui a pu évoluer, en revanche, c'est la considération de ce métier par le reste du pays. Un changement de paradigme qui pourrait bien être salvateur pour nos agriculteurs.

La crise agricole, en effet, n'a pas laissé les Français insensibles. Bien au contraire, les sondages démontrent que la population s'est montrée massivement favorable à ce mouvement : un sondage Toluna/Harris Interactive commandé le 23 janvier par RTL rapporte ainsi que 82 % de la population apportait son soutien aux agriculteurs. Une quasi-unanimité qui, loin d'être théorique, paraît se confirmer ces derniers jours. Si la mobilisation est terminée, le secteur agricole n'est est pas moins dans un piteux état, et cette donnée ne semble pas avoir échappé à certains Français... qui ont décidé d'agir.

Regain d'intérêt des consommateurs

Le Parisien rapporte ainsi que plusieurs exploitants auraient remarqué la hausse de visiteurs dans leurs magasins de vente directe. « Il y a davantage de monde, des gens qui viennent pour la première fois. Il y a plus de nouvelles têtes que d’habitude. Après, à nous de bien travailler pour les garder », témoigne ainsi Audrey, agricultrice, auprès du quotidien. Un regain d'intérêt des consommateurs fondé sur deux raisons principales : la solidarité envers les agriculteurs et la qualité des produits proposés par ces derniers. « J’étais déjà venue une fois, il y a plusieurs mois, par hasard, rapporte Éric. Avec ce qui s’est passé ces dernières semaines, je me suis dit : j’y retourne par solidarité. Autant que ça aille dans leur poche directement, il n’y a pas d’intermédiaire. En plus, ce n’est pas la même qualité qu’en supermarché. Les fruits et légumes se conservent mieux. »

Et pour cause : si la crise a mis en lumière les difficiles conditions de travail de nos paysans, elle a également rappelé aux consommateurs que les produits importés étaient parfois produits hors des normes imposées à la France, et dans des conditions souvent bien moins pointilleuses que chez nous. Le député LR de la Loire, Antoine Vermorel-Marques, rappelait à cette occasion que les « tomates du Maghreb [sont] traitées au dichloropropène, substance potentielle cancérigène interdite depuis quinze ans en Europe » et évoquait la « viande nourrie à la farine animale, aux céréales OGM d'Ukraine ». Autant d'incohérences et d'injustices qui ont mené le député à déposer une proposition de loi pour interdire l'importation de produits agricoles qui ne respectent pas les normes imposées en France aux agriculteurs.

La vente de produits locaux a le vent en poupe, et cette dynamique ne peut que redonner espoir dans un redressement des conditions de vie de nos agriculteurs. L'enjeu, désormais, c'est que le mouvement prenne de l'ampleur et, surtout, qu'il persiste. Lors de la crise Covid, la filière agricole avait bénéficié du même élan : « Les citadins étaient dans la recherche de produits de qualité, ils avaient plus de temps pour faire la cuisine et, surtout, une solidarité s’est instaurée vis-à-vis des producteurs locaux, particulièrement après l’annonce de la fermeture des marchés en plein air », expliquait alors Yuna Chiffoleau, directrice de recherche à l'Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement (INRAE), à France 3. Le mouvement avait fini par s'essouffler et la plupart des consommateurs s'étaient de nouveau tournés vers les grandes surfaces.

Gageons que, cette fois-ci, la voix des agriculteurs soit durablement entendue par ceux qui peuvent les soutenir.

Marie-Camille Le Conte
Marie-Camille Le Conte
Journaliste à BV

Vos commentaires

33 commentaires

  1. C’est évident, les producteurs agricoles doivent boycotter les centrales d’achat et s’organiser pour faire de la vente directe; ainsi les produits achetés seraient de meilleure qualité et avec un bilan carbone ( comme on dit !!!) plus écolo. Je fais mes courses dans un magasin qui regroupe tous les producteurs locaux et souvent j’y trouve des légumes et des fruits DE SAISON beaucoup moins cher que ce qui est proposé dans les super marchés ; Mais cela suppose toute une éducation du consommateur et les Leclerc et consort ont encore de beaux jours devant eux.

  2. Je ne souhaite pas vous dégoûter du poulet ukrainien mais faites l’expérience suivante. Un bouillon naturel de poulet à préparer. Vous achetez un bon poulet ukrainien. Vous le placez dans un récipient rempli d’eau et vous faites bouillir. Observez le résultat. Un poulet qui se désagrège au moindre contact. Un bouillon imbuvable. Le tout à la poubelle. Nous sommes peut-être difficiles… Une question à nos écolos qui se donnent tant de mal pour déconstruire et nous imposer leurs directives. Comment se fait-il qu’à la suite de tant d’efforts pendant de nombreuses années, de tant de produits bios, de tant de sacrifices en achetant les produits étrangers, le nombre de cancers augmente toujours d’année en année ? Même pas un petit infléchissement, un petit palier ! Ce n’est pas moi qui le dit…. Ce sont les spécialistes.

  3. Celà fait 50ans que je consomme local le plus souvent possible. J’ai appris récemment que j’étais un « localiste ». Comme Jourdain pour la prose, je ne le savais pas. Je boycotte les kebabs depuis 15ans, depuis que j’ai appris que leurs moutons venaient de Nouvelle-Zélande. Dire que George Marchais faisait de la pub pour acheter français !!!! Ses successeurs l’ont trahi.

  4. Soutenir notre Agriculture, c’est nous redonner l’indépendance alimentaire en contrant la Mondialisation et c’est aussi un pas vers le FREXIT ! VIVE les agriculteurs Francais !

  5. C’est très bien mais j’ai bien peur que, comme toujours, l’élan des Français ralentisse au fil des mois., car c’est bien connu nous avons, hélas, la mémoire courte !!

  6. Le danger toujours récurent existe : l’entrisme forcené des gauchistes de tous poils qui a détruit les G.J.

  7. Depuis cette crise il est vrai que chez mon boucher je lui demande maintenant : »cette viande est française? », chez mon maraicher je lui demande « d’où provient tel fruit ou tel légume » et qu’en cas de réponse d’une origine étrangère, je n’achète pas. (sauf pour les produits que la France ne produit pas tels que les ananas, les bananes, et les mandarines)

  8. Oui, avant ma règle était de la viande à tout les repas mais j’ai changé grâce aux agriculteurs et aussi à Madame Sandrine, c’est devenus une règle d’or intransigeante. Le barbecue des blancs.

  9. Je suis ravis d’apprendre que les français aient pris conscience qu’il est vital de sauver nos producteurs ne choisir que des fruits de saison ou Français sur les étales des grandes surfaces obligera les distributeurs à ne revoir leurs fournisseurs mais pour combien de temps ?

  10. Non seulement c’est de plus en plus cher mais la qualité n’est plus au rendez- vous . Fruits vendus verts qui ne mûrissent pas pommes de terre qui ne cuisent pas pour rester fermes, endives qui poussent dans l’eau etc etc . Quant aux plats cuisinés les recettes sont revues à la baisse et la margarine remplace le beurre.
    Que dire de la viande dont on ignore la provenance et les commerçants qui font payer au même prix la vache de réforme et le bœuf charolais ?
    Le constat est alarmant. Nous ne mangeons plus très bien en France. Nous remplaçons les légumes par des graines et le goût par des épices et ce n’est pas une assiette prétentieuse en restaurant plus digne d’un peintre que d’un gastronome qui me fera changer d’avis.

    • Je n’ai jamais acheté de « plats préparés » même lorsque ma profession me prenait 8 à 9 h. certains jours. C’est déjà la première chose à bannir. Achetez « à la coupe » au lieu de l »emballé ». Ce sera déjà mieux pour commencer, quand c’est possible.

  11. Les français soutiennent les agriculteurs..certes oui les paysans, les petits…. mais pas les empoisonneurs. pas l’agriculture intensive et destructrice des terres. Dans les mesures prises la levée du plan Ecophyto était-elle une mesure souhaitable ? Mais dans ce mouvement, il y avaient des situations de toutes sortes et des syndicats de toutes sortes. Il y a avait des syndicats mondialistes et des agriculteurs maqués avec l’agroalimentaire. Les traités européens qui vont faire que nos assiettes seront remplies par des denrées incontrôlées et produites suivant des règles bien plus souples que notre réglementation française n’ont pas été rompus. Bref, notre souveraineté alimentaire passe par la sortie de l’UE.

  12. Donner 400 euros ou plus pour un téléphone ou autre équipement , ingurgiter la malbouffe de fasts food chères , caloriques et le reste etc….. plein de petites choses sur lesquelles on peut réduire les dépenses nous permettront de manger mieux parce que ce n’est pas toujours l’argent qui fait défaut mais nos priorités de consommateurs boulimiques pour du futile .

    • Si les Français s’adonnaient encore à faire de la cuisine, ils mangeraient déjà beaucoup mieux et moins cher qu’en se nourrissant de plats surgelés et autres. Certes cela pend du temps mais, on a connu les 45 h par semaine et à la maison travaillant tous les deux avec deux garçons, c’était de la cuisine faite à la maison ! 10 heures de moins au bureau et plus le temps de cuisiner… Il est vrai que nous n’avions pas de télé ou bien il n’y avait qu’une seule chaîne et nous n’étions pas pendus au téléphone en permanence… Mais on mangeait bien et… pour tellement moins cher que les jeunes couples qui ne peuvent pas de passer de lave vaisselle… Ces gebs sont gâtés pourris et incapables de subvenir à leur propres besoins. Et ils pleurent de n’avoir pas assez de temps libre avec 5 semaines de congés, 11 jours de RTT etc. Alors acheter des denrées brutes à cuisiner ? Vous n’y pensez pas ?

  13. Qualité, quelle qualité ? Ce qu’ils vendent en « vente directe », c’est la même chose que ce qu’ils vendent aux grandes surface et à des prix (sans transport ni intermédiaires) sensiblement équivalent !

    • Mais l’argent va directement dans leur poche : les petits exploitants en ont besoin.
      Dans un autre domaine, quelqu’un pourrait il m’expliquer pourquoi les grandes surfaces ne pourront plus faire des promotions de 70 ou 80 % sur les produits d’hygiène et entretien à compter du 1er mars?
      Ce sera autant d’argent qui ne pourra être consacré à la nourriture et donc nuira à nos agriculteurs in fine

    • Votre remarque est globalement juste. Avec un producteur local, on peut toutefois espérer être mieux informé sur les origines et conditions d’élevage ou de culture des productions proposées à la vente. Il ne faut néanmoins jamais oublier que la proximité n’est aucunement une garantie absolue de qualité ou de prix attractifs.

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