Affaire Bannon : Trump s’apprêtait-il à trahir ses électeurs?
Trump sera-t-il « dégagé » par les chrétiens populistes pour cause de haute trahison électorale ? Le vice-président Mike Pence deviendra-t-il président en 2018 ? On se le demande…
Après son départ en août 2017 de la Maison-Blanche, Bannon aurait dit que la présidence Trump était « terminée » et qu’il faudrait désormais s’organiser pour sauver et relancer le « trumpisme ». Terminée parce que Trump avait dû se soumettre aux banquiers ainsi qu’aux néocons (en politique étrangère). Il fallait donc mettre en place un contre-pouvoir (autour de Breitbart, de la famille Mercer ainsi que d’autres médias libres tel le Sinclair Broadcast Group) et faire élire aux législatives des candidats authentiquement trumpistes (en imposant des populistes). La perception était que Trump aurait besoin de se déverrouiller de son entourage et de disposer d’un corps législatif fiable.
La parution du livre de Michael Wolff (Fire and Fury) tombe au moment où bon nombre de conservateurs-populistes semblaient préoccupés par une possible apostasie de Trump sur la question migratoire, la politique étrangère (la Chine, plutôt que la Corée), les dépenses budgétaires « obligatoires », le commerce international, les infrastructures, l’enquête sur le vote des immigrants illégaux. Le 31 décembre, Bannon avait déclaré que le mois de janvier 2018 déterminerait si Trump choisirait la voie « Amérique d’abord » ou celle du « Business d’abord ».
Bonne question, si l’on considère que les récents cadeaux fiscaux récemment accordés aux classes moyennes sont « temporaires », tandis que ceux accordés aux financiers seront « permanents ». Bref, Trump allait-il se jouer de ses électeurs afin de sauver sa peau dans l’enquête russe, et ultimement son business familial ? Hypothèse plausible, renforcée par la volte-face massive de la plupart des parlementaires de l’establishment qui, pour la première fois, l’ont vigoureusement soutenu, comme l’un des leurs, dans l’affaire russe.
Le livre Fire and Fury prétend que le but réel de la campagne de Trump était de créer un grand groupe médiatique, Trump confirmant « avoir déjà gagné » à la veille d’une élection qu’il s’attendait de perdre. Mais les propos de Bannon sont accablants. Il présente la célèbre rencontre entre l’avocat russe et Donald Trump, ainsi que Kushner, comme un acte de trahison antipatriotique, ajoutant que personne n’avait eu l’idée, en une telle circonstance, de se faire représenter par des avocats (méthode Hillary), ni celle de prévenir le FBI afin de se couvrir. Il révèle ainsi l’amateurisme des enfants Trump comme du gendre, Jared Kushner, tous à l’origine des mauvaises décisions (la révocation de Comey) qui vont détruire Trump. Parce que Junior et Kushner pourraient se faire épingler pour blanchiment d’argent.
Bannon semblerait décider que le « trumpisme » est plus important que Trump, et que le sort des électeurs prime sur les projets d’affaire du président, comme sur la survie de son affairiste progéniture. De là à conclure que Bannon veut faire tomber un président en poignardant Don Junior, provoquant ainsi une présidence Pence le temps que son ami Ted Cruz récupère le trumpisme en 2020, il n’y a qu’un pas. Une chose est sûre : il ne faut pas sous-estimer Bannon. Il a des réseaux et contrôle une partie de la base. En attendant, le Dow Jones franchissait pour la première fois, jeudi, la barre des 25.000…
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