Abus sexuels dans l’Église : attention aux écueils
Mardi sort le rapport de la CIASE, Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église. L’étude de 70 ans de pédophilie dans l’Église de France. Son président, Jean-Marc Sauvé, a révélé un premier chiffre à l'AFP : depuis 1950, environ 3.000 prêtres et religieux ont commis des abus sexuels sur des personnes mineures ou des majeurs vulnérables. Nous savons déjà que le miroir nous renverra une image laide, salie, d’une institution qui a préféré dans bien des cas camoufler le péché sans trop se soucier des victimes. Il y a des écueils.
Le premier serait de dire que c’est peut-être ou sans doute pire ailleurs, au sein de l’Éducation nationale, des structures associatives ou sportives, dans les huis clos des familles. Quand bien même ce serait vrai, les fautes commises au sein de l’Église sont plus graves en raison de la nature de sa mission.
De même, le courage de l’Église de (peut-être) se regarder sans ciller dans ce miroir n’oblige en rien les autres institutions à se livrer à la même introspection et, donc, à les dénigrer de ne pas le faire. Même si, bien sûr, la justice des hommes doit instruire et sanctionner dès qu’elle a connaissance de faits délictueux ou criminels partout où ils sont commis.
Comme dans tout rapport, il est probable que des erreurs de diagnostic ponctuelles s’y soient noyées : faux positif, faux négatif, jongler entre respect de la présomption d’innocence et protection des enfants. Souhaitons que cela n’altère pas la fiabilité de l’image globale, mais ne prenons pas prétexte de ces possibles erreurs pour jeter le bébé avec l’eau du bain et refuser de regarder ce miroir. N’éludons pas les responsabilités. Elles sont toujours collectives, même s’il y a des degrés. Que l’Église agisse pour que cessent ces scandales trop souvent mis sous le boisseau. Elle a déjà commencé, heureusement. Il faut poursuivre, inlassablement.
De tout temps, l’enfant a été instrumentalisé par et pour l’adulte. Des sacrifices du fils à Baal à la pédophilie, que ce soit celle de l’Église catholique ou celle de l’intelligentsia de gauche ou libérale-libertaire, triomphante dans les années 70, plus hypocrite aujourd’hui. Souhaitons que nous sachions identifier à temps toutes les maltraitances dont sont victimes les enfants. Et elles sont nombreuses.
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