À Ouagadougou, Emmanuel Macron a encore une fois noyé le poisson de l’islam. Que dira-t-il à Alger ?

Après avoir répété aux auditeurs de l'université Ouaga 1 du Burkina Faso que la France avait commis des crimes incontestables lors de la colonisation, Emmanuel Macron est parti dans un long, très long discours où il a notamment développé les périls qui menaçaient l'Afrique.

Certaines de ses déclarations m'ont paru aller dans le bon sens, et comme l'a écrit ici Philippe Bilger, m'ont laissé penser que ce Président était décidément plein de bonnes surprises. Mais j'ai bien peur que, le 6 décembre, à Alger, il ne renouvelle, du haut de son nuage, la repentance d'un crime contre l'humanité qu'aurait fait subir la République à ses ressortissants algériens. Mais ceci est un autre débat. Revenons au Burkina Faso.

La presse a largement passé sous silence le quatrième péril énoncé par notre Président. Sans doute le ton était-il assommant et l'audience endormie par la litanie présidentielle. Mais ce quatrième péril concerne la religion. Et là, les phrases prennent toute leur importance. Car Macron n'a pas hésité à énoncer une cuisante vérité, sans toutefois la nommer... Écoutons-le :

Le quatrième péril, c'est l'obscurantisme, c'est l'emprise de l'extrémisme religieux sur les esprits, et là aussi, je n'aurai aucune naïveté. C'est une menace bien plus redoutable parfois que le terrorisme, car elle est massive, diffuse, quotidienne, elle s'immisce dans les écoles, dans les foyers, dans les campus, dans la vie politique. Cette menace n'a pas de frontières ni de continent, tout simplement parce qu'elle s'attaque à ce qu'il y a de plus intime, la foi et la religion, pour en détourner le sens, pour en transformer la transcendance en négation de l'autre.

Après avoir reconnu que la France est confrontée à un tel défi, il ne mentionnera jamais la religion coupable :

Je veux ici parler à toutes les consciences, aux vôtres, vous pouvez être totalement athée, laïc, et le revendiquer, vous pouvez croire dans l'islam, la religion catholique, dans l'animisme ou tout autre, vous pouvez être musulman, évangéliste, ne laissez jamais la religion dans laquelle vous croyez faire ce pourquoi elle n'a jamais été faite, ne laissez jamais la religion vous convaincre que c'est une aventure de destruction de l'autre.

Eh oui, pour ne pas choquer son audience et celle de nos concitoyens musulmans, ou peut-être pour ne pas faire l'objet d'une fatwa, notre cher Président n'ose citer le seul islam dont la planète entière sait que c'est lui qui est a l'origine des crimes commis par ses fous d'Allah.

Ne laissez jamais, au nom de votre religion, certains faire croire qu'ils pourraient dominer, voire détruire ceux qui ne croient pas ou ne croient pas pareil. Ne laissez jamais, au nom de votre religion, asservir les consciences ou les individus. Toutes les religions sont des religions construites sur un message d'amour et d'espoir, elles ont des différences, elles se sont parfois combattues, mais nous avons un devoir, celui de construire des États libres, séparés du religieux, et d'assurer l'exercice libre des consciences et adultes. Mais chaque conscience a un devoir - c’est sa part de responsabilité -, c'est de ne jamais laisser sa religion détournée de sa fonction première, je vous le dis, parce que, ici aussi, votre responsabilité est immense.

Or, il se trouve que la fonction première de l'islam, c'est la soumission des individus à Allah...

Eh bien, oui, Emmanuel Macron répète ce qu'il avait déclaré à Abou Dhabi quelques semaines auparavant : l'islam est une religion de paix et d'amour, oubliant les dizaines de millions de morts, de soumis et d'esclaves que l'application stricte du Coran a engendrés.

Comment a-t-il pu oser, une nouvelle fois, faire un amalgame historiquement et théologiquement indéfendable entre le Dieu d'amour des chrétiens et Allah guerrier qui n'a conquis la moitié du monde que par l'épée et la terreur ? Quand il affirme, avec raison, qu'il ne faut laisser à l'extrémisme "aucun espace en le combattant partout, dans les écoles, dans les universités, dans toutes les formes de citoyenneté, le combattre au quotidien, le combattre dans les discours politiques, et dans l'action", comment peut-il ne pas citer le seul extrémisme religieux qui pose un problème à travers le monde ?

Floris de Bonneville
Floris de Bonneville
Journaliste - Ancien directeur des rédactions de l’Agence Gamma

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