72 élus qui regretteront vite d’avoir rallié Macron

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Une opération bien menée : 72 élus « de la droite et du centre » ont décidé de se rallier à Macron. Parmi eux, ceux de villes importantes : Nancy, Tours, Orléans, Angers, Roubaix, Tourcoing, Vesoul, Fontainebleau. Mais aussi des personnalités comme l’ancien ministre François Goulard, président du conseil départemental du Morbihan. Beaucoup plus de gens du nord que du sud.

Ils viennent, ainsi, apporter un utile renfort à un parti, En Marche !, qui n’a pas vraiment réussi à s’implanter sur le terrain.

Pris un à un, certains de ces choix sont peu surprenants : Hénart, le maire de Nancy, est radical, Béchu, celui d’Angers, membre du Bilderberg.

Nous pensons, néanmoins, que, ce faisant, ils manquent de jugement politique.

Ils semblent ignorer que la politique est faite de hauts et de bas. Que la droite classique dont ils viennent ait essuyé un sérieux revers aux élections européennes - sur la base de 50 % d’abstentions, qui en diminue la signification - est une chose. Que l’étiquette Macron soit une valeur d’avenir, notamment pour les prochaines élections municipales, en est une autre.

Rappelons que seulement 11 % des inscrits ont, en votant Renaissance, décerné un satisfecit à Macron. Et encore ce chiffre comprend-il un fort vote légitimiste de personnes âgées ou très âgées qui votent toujours pour le pouvoir en place ; tout le contraire de forces vives. Clamer que c’est une victoire pour le pouvoir, c’est de la communication, pas de l’analyse.

Néanmoins, illusionné par cette fausse victoire aux européennes, enfermé dans un autisme idéologique désolant, lié par ses engagements européens, le Président imagine qu’il peut désormais ne rien céder. Il a tort.

Il ne faut pas enterrer trop vite le mouvement des gilets jaunes. Quoiqu’il paraisse s'étioler, il a exprimé un mécontentement au sein de la société française d’une profondeur inégalée. Même s’il prend d’autres formes, rien ne laisse supposer que ce mécontentement va s’apaiser, au contraire.

La situation économique ne va pas s’améliorer.

L’affaire Alstom, relancée par Olivier Marleix - un des rares députés de l’opposition qui fasse son travail -, pourrait bien déboucher sur une grave crise. D’autres scandales peuvent éclater.

Nous faisons là plus qu’un pronostic. Face au désastre de 1940, beaucoup de Français, accablés, se sont précipités dans les bras de Pétain. Quand de Gaulle est entré en Résistance, il a au contraire prédit que l’Allemagne allait perdre : ce n’était ni de la divination, ni de l’intuition, ni un pari, mais une prévision rationnelle. Nous faisons de même.

Il est aujourd’hui probable que les 72 élus transfuges (qui, soit dit en passant, donnent une déplorable image de la classe politique) voudront faire oublier ce choix au printemps prochain.

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