6 juillet 1809 : Wagram, une victoire amère pour Napoléon

Wagram n’aura été qu’un dernier éclat avant le crépuscule, le chant du cygne de l’Empire français.
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Le 6 juillet 1809, sur les plaines du Marchfeld, non loin de Vienne, Napoléon remportait l’une de ses plus difficiles et sanglantes batailles : Wagram. Cette victoire, obtenue de justesse face aux forces austro-hongroises de l’archiduc Charles, mit fin à la Cinquième Coalition et consacra, une fois de plus, la suprématie militaire française sur le continent européen. Pourtant, derrière le succès tactique, le coût humain de cette bataille est tel qu'elle ne peut être qu'une victoire à la Pyrrhus.

La revanche autrichienne

Depuis Austerlitz le 2 décembre 1805, l’Empire d’Autriche attendait l’occasion de laver l’humiliation infligée par Napoléon. En 1809, la guerre d’Espagne mobilise les troupes impériales dans la péninsule ibérique, offrant à Vienne l’opportunité de reprendre l’initiative. Encouragé par l’Angleterre, ennemi invétéré de la France, l’archiduc Charles, frère de l’empereur François Ier, lance alors une vaste offensive en Bavière en avril 1809.

Napoléon, comme à son habitude, réagit rapidement. Il inflige ainsi une série de revers à l’armée autrichienne, notamment à Eckmühl, avant d’entrer à Vienne le 13 mai. Cependant, l’ennemi n’est pas encore vaincu. Le 21 mai, l’archiduc Charles surprend l’armée française à Aspern-Essling, au nord du Danube, et lui inflige sa première défaite majeure. Durant ce combat, Napoléon perd l’un de ses plus proches compagnons, le maréchal Lannes, dont il disait qu’il était « le plus brave de tous les hommes ». L’Empereur, la mort dans l’âme, est alors contraint de battre en retraite mais prépare avec minutie sa revanche depuis l’île de Lobau, au milieu du Danube, où il s’est retranché.

Deux jours de combats acharnés

Le 5 juillet, Napoléon décide de traverser le Danube et réussit à rattraper les armées de l’archiduc Charles. Il dispose alors de près de 160 000 hommes face aux quelque 130 000 soldats autrichiens. Malgré sa supériorité numérique, l’Empereur sait qu’il fait face à une armée organisée, expérimentée, résolue à en découdre et commandée par un chef compétent.

La bataille de Wagram débute le premier jour par des combats d’artillerie et des escarmouches. Cependant, le 6 juillet, l’action s’intensifie. L’archiduc Charles lance une puissante offensive sur le flanc gauche français, menaçant de rompre la ligne impériale. La situation devient alors critique. Napoléon réagit en déchaînant une intense canonnade sur les positions ennemies, ses 102 pièces d’artillerie pouvant tirer ensemble plus de 400 coups à la minute. L’Empereur ordonne ensuite une gigantesque contre-offensive au centre, menée par le général Macdonald. Cette attaque décisive, bien que coûteuse, brise les lignes autrichiennes et vaut à Macdonald, futur duc de Tarente, son bâton de maréchal. Les troupes autrichiennes, bien qu’héroïques, finissent par céder sous la pression. À la fin de la journée, la victoire est française.

Une victoire amère

La victoire de Wagram est totale, mais son coût est immense : plus de 35 000 morts ou blessés côté français, environ 40 000 pour les Autrichiens. Cette hécatombe témoigne de la violence des combats et du prix payé pour une victoire que Napoléon juge lui-même amer.

Nombre de ses soldats et officiers ont été fauchés par les balles autrichiennes, tandis que d’autres se sont montrés à ses yeux incompétents, comme le maréchal Bernadotte, dont les décisions jugées fâcheuses pendant le combat entraîneront la disgrâce. Ce dernier, se sentant injustement traité par un Empereur pour lequel il a très peu d’estime, se retournera bientôt contre la France lorsqu’il montera sur le trône de Suède.

Dans la foulée, le traité de Schönbrunn est signé le 14 octobre 1809. La Cinquième Coalition est dissoute, et l’Autriche perd des territoires importants, notamment le Tyrol, la Galicie, Trieste et la Dalmatie. L’empereur François Ier se voit également imposer de lourdes indemnités et doit accepter un rapprochement diplomatique avec la France en rejoignant le blocus continental contre l’Angleterre. Pour mieux sceller cette paix et resserrer ses liens avec les vieilles monarchies d’Europe, Napoléon épousera en 1810 l’archiduchesse Marie-Louise, la fille de l’empereur d’Autriche, qui saura lui donner l’héritier tant attendu.

Cependant, ce traité ne fera que repousser l’inéluctable : la paix en Europe demeure impossible. Deux ans plus tard, Napoléon devra s’engager dans la désastreuse campagne de Russie. En vérité, la victoire de Wagram n’aura été qu’un dernier éclat avant le crépuscule, le chant du cygne de l’Empire français, qui entamera un long déclin jusqu’à sa défaite en 1814.

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Eric de Mascureau
Chroniqueur à BV, licence d'histoire-patrimoine, master d'histoire de l'art

Vos commentaires

26 commentaires

  1. Napoléon s’est brûlé les ailes devant Moscou, bis repetita d’Hiltler. Et je comprends Trump, car jamais deux cent trois. On prend Trump pour une grande gueule, mais je pense que c’est un grand politique, l’inverse de notre rigolot, qui serait bout en guerre, alors qu’une guerre éclair peut-être possible, mais l’ours bolchevique a pour lui la grandeur du Pays et l’âme slave qui a tellement endurée, qu’elle est blindée. C’est toute la différence.

    • La Russie – c’est à dire le Général Hiver, à Moscou comme à Stalingrad – a défait les troupes françaises et allemandes, il est vrai. Mais c’est l’Angleterre qui a manipulé ses alliés européens en 1815 et tiré les marrons du feu en ce qui concerne les guerres du premier Empire. Quant à l’Ours russe, depuis 4 siècles il n’a pas encore été capable d’installer, dans un empire qu’il n’avait nul besoin de conquérir pour être grand, une forme de gouvernement qui ne soit pas forcé de fonctionner au knout, symbolique ou littéral. L’endurance n’est pas la réponse à tout, il lui reste à apprendre la mesure et la maîtrise de soi.

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