Le bobo des villes et le bobo des champs
Suite à l’appel de la Fédération nationale des chasseurs, des manifestations ont eu lieu le 18 septembre dernier, dans toute la France, pour dénoncer la politique de Barbara Pompili, ministre écolo à l’initiative de plusieurs décisions d’interdiction de chasses traditionnelles et notoire bobo anti-chasse parachutée à la Transition écologique. Chasseurs, agriculteurs et pêcheurs demandent sa démission et dénoncent « les attaques incessantes contre la ruralité » en mettant notamment en avant leur rôle dans la préservation de la biodiversité.
« Pompili, au pilori ! », « Macron fossoyeur de nos traditions », « Arrêtez d’emmerder les ruraux », « Que les urbains nous foutent la paix ! », pouvait-on entendre au cours de ces manifestations. Au-delà de ces cris du cœur, il s’agit également, et peut-être surtout, de défendre un art de vivre, une « culture qui part en lambeaux », transmettre des traditions et préserver un patrimoine mis à mal par les « idéologues de la capitale ».
À la ville comme au champ, le bobo est adepte de la diversité ; le bobo des villes milite pour la diversité culturelle, le bobo des champs prône la diversité naturelle. Quoi de plus louable, somme toute ? Sauf que le bobo, dans son écosystème citadin naturel, a le regard, à bien des égards, bien plus bienveillant que dans l’écosystème rural qu’il essaye de coloniser. En dehors de son milieu naturel initial, celui de la ville écoresponsable, connectée, sanitaire et solidaire, le bobo urbanisé s’avère être une espèce ubérisée assez envahissante. Et dominante.
La France périphérique, celle des gilets jaunes des ronds-points, victime de la mondialisation, a été reléguée au rang de citoyens de seconde zone au profit d’une population importée et d’une paix civile subsidiée à coups de milliards. Si la République des banlieues a été gavée de politique de la ville, après la France périphérique, c’est maintenant à la France profonde, privée d’une politique rurale et dernier rempart à l’homogénéisation idéologique, de subir les coups de boutoir d’une caste hors-sol.
« On a en face de nous des démagogues. On ne demandera jamais à un vegan de manger de la viande, qu’on nous foute la paix ! Qu’on nous laisse vivre », a lancé Willy Schraen, président de la Fédération nationale des chasseurs, appelant à la création d’un grand ministère de la Ruralité « pour s’y sentir enfin chez nous ». Après la police de la pensée républicaine, nous voici dans l’ère de la police alimentaire et de l’antispécisme radical. Et de poursuivre : « On est entrés dans une période de fracture idéologique assez forte ». Des fractures dont on ne compte plus le nombre au sein d’une République fragmentée qui a déconstruit la France : fractures sociale, cultuelle, sanitaire, éducationnelle, civilisationnelle ; une tribalisation idéologique, conséquence de la déconstruction de nos racines historiques, de la liquéfaction progressiste d’un socle de valeurs communes.
La chasse est le troisième loisir préféré des Français. Avec plus d’un million de chasseurs en possession d’un permis de chasse valide, la France est le pays européen le plus peuplé de chasseurs. Pire, 97,8 % des chasseurs sont des mâles, dont presque la moitié ont moins de 55 ans. Un électorat très courtisé en période de chasse à l’électeur. Nos campagnes sont donc armées de fusils de chasse mais désarmées face à la démagogie de minorités agissantes qui conçoivent cette activité comme le reliquat d’une société patriarcale à déviriliser.
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