50 ans de carrière : éloge de Patrick Sébastien, artiste populaire
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À 71 printemps, Patrick Sébastien, l’amuseur public qu’on sait, fête son demi-siècle de carrière. Inutile de préciser que notre homme n’a jamais exactement été dans les petits papiers de Libération, des Inrockuptibles et de Télérama. Pourtant, le grand public l’aime. Il doit être bien le seul, comme on dit, à en juger de ses audiences historiques du 26 septembre 1992 ; soit 17,5 millions de téléspectateurs et 74 % de parts de marché, avec Le Grand Bluff. Un record qui ne sera battu que le 12 juillet 1998, lors de la finale opposant la France au Brésil à l’occasion de la Coupe du monde de football. Bref, Patrick Sébastien est un artiste populaire ; quasiment un gros mot, par les temps qui courent.
Il n’en fallait pas plus pour qu’il soit grossièrement dégagé de France télévisions, incarnant manifestement la figure emblématique du « mâle blanc de plus de 50 ans » si chère à sa patronne d’alors, Delphine Ernotte.
La magie du plus grand cabaret du monde
S’il a présenté des dizaines d’émissions, l’une d’elles demeurera probablement dans la mémoire collective française : Le Plus Grand Cabaret du monde où, de 1998 à 2019, il présente la crème des artistes de cirques internationaux, jongleurs, clowns, trapézistes, prestidigitateurs. Un véritable bonheur qui rendait à tous leurs yeux d’enfants, même les plus blasés. Ce qui lui fait dire aujourd’hui, à l’occasion d’un entretien accordé au Parisien, ce 19 novembre : « On voit aujourd’hui que le divertissement n’a plus sa place à la télévision. Il y a une espèce de climat anxiogène où les gens s’anxiogénisent eux-mêmes. Il suffit de voir ce qu’ils regardent : des histoires de meurtres. […] Le mec est sur son canapé, il voit la guerre, des petites filles assassinées. […] Il se dit qu’il a déjà de la chance que ce qu’il voit à l’écran ne lui arrive pas dans la réalité. »
Victime de la censure
Et puis, il y a encore la censure ; celle qui frappe C8, par exemple, chaîne qui rediffuse régulièrement les florilèges de ses meilleures émissions : « Ce n’est pas normal. Ils privent deux millions de personnes de leur spectacle du soir. J’aime bien Cyril Hanouna, je le regarde avec des gens normaux, chez moi, et ce n’est ni plus ni moins que le café du commerce. Mais les téléspectateurs ne sont pas assez cons pour se faire leur avis uniquement avec cela ! Ils savent ce qu’il y a à prendre et à laisser. On méprise une nouvelle fois ces personnes-là. » Il est vrai que Patrick Sébastien avait déjà eu affaire aux ligues de vertu en 1995. Là, à l’occasion de l’élection présidentielle et dans son émission d’alors sur TF1, Osons, il se grime en Jean-Marie Le Pen pour interpréter un pastiche de Casser la voix, la célèbre chanson de Patrick Bruel, ici rebaptisée Casser du Noir. Cela fait rire à peu près tout le monde, hormis le MRAP, qui le fait condamner à 30.000 francs d’amende. À l’époque, l’amuseur ne comprend pas trop bien ce qui lui arrive. Quoiqu’il ait dû apprendre, depuis : ne pas attaquer Le Pen, c’est faire de vous son complice supposé. D’ailleurs, à propos de politique, il s’en tient à la vieille amitié qui le liait à Jacques Chirac, « quelqu’un qui, comme moi, a la réputation d’être un grand con sympathique », tel que dit sur Europe 1.
Des ventes de disques à faire des jaloux
Histoire d’aggraver son cas, Patrick Sébastien connaît un indéniable succès dans la chanson, souvent à boire et rarement au-dessus de la ceinture ; soit une ancestrale tradition française qui se perpétue, aujourd’hui encore, avec ces hymnes de camping que sont Tournez les serviettes, Le Petit Bonhomme en mousse, Les Sardines et Une p’tite pipe hourra !. Soit vingt-deux albums en tout et vingt-trois compilations ; le tout vendu par wagons entiers. De quoi faire des jaloux chez les amateurs de « musique exigeante », pour reprendre la formule consacrée du Monde.
Pour tout arranger, Patrick Sébastien a le succès partageur et, surtout, discret. Ainsi a-t-il lancé la carrière de gens tels qu’Albert Dupontel, Dany Boon, Nicolas Canteloup, Shirley & Dino ou le ventriloque Jeff Panacloc, sans jamais s’en vanter. La consécration, même paradoxale, viendra du fait qu’ayant commencé sa carrière en tant qu’imitateur – pas le meilleur, n’est pas Laurent Gerra qui veut –, il finit imité à son tour par Nicolas-Bonaventure Ciatonni, dit Cartman, qui le caricature sous le nom de Sébastien Patoche, avec cette pochade, Quand il pète il troue son slip, à laquelle il convient illico d’accorder le titre de la pire chanson réjouissante jamais enregistrée en France. Pourtant, en mai 2013, cette ritournelle plus que leste se vend plus que Get Lucky, le tube international de nos très chics Daft Punk…
Quand il ne fait pas l’acteur, au théâtre, au cinéma et à la télévision, notre poète écrit des livres. Vingt-cinq à ce jour avec le dernier, tout chaud sorti du four, le 31 octobre dernier : Le Carnaval des ambitieux. Certes, nous sommes loin de Montaigne et de La Boétie. Mais on y trouve parfois de réjouissantes saillies : « La différence entre les femmes et les coïncidences, c’est qu’il y a des coïncidences qui ne trompent pas », « Quand je sors du bistrot, je marche de travers… Il faut que j’arrête les chips au crabe », « James Bond 007, tu parles d’un agent secret, tout le monde le connaît ». Et une petite dernière, pour la route : « À 45 ans, elle est encore belle comme le jour… Le problème, c’est la nuit. » Et de l’esprit, avec ça…
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22 commentaires
je n’ai pas le culte de la personnalité , je ne suis pas fan de qui que ce soit ,et je ne comprendrais jamais les hystériques hurlant leur admiration , mais bon il faut de tout pour faire un monde même ,si ce n’est pas le mien ! Mr Patrick Sébastien m’a parfois agacé voir insupporté mais jamais dégoûté comme certains pseudos humoristes devenus donneurs de leçons ; je dois reconnaitre que j’ai un grand respect et une admiration certaine pour l’homme , sa réussite , son courage à surmonter des épreuves , sachant traverser les décennies sans se compromettre, restant égal à lui même , gardant une humanité certaine et palpable : cela vaut tout à mes yeux .C’est le genre d’ami que l’on souhaiterait avoir, que la notoriété n’a pas transformé ; il a son franc parlé, sa spontanéité et comme chez les véritables amis , le bon en lui prend sur tout le reste , je ne le connais pas mais c’est ainsi que je le ressens ! L’homme de spectacle il est ce qu’il est son succès est largement mérité et personne n’est obligé d’aimer ni même de critiquer on aime ou on aime pas mais obligatoirement a un moment ou a un autre il nous fera rire ; il a su trouvé un public pour chaque chose et je trouve cela plutôt brillant
Je ne regarde plus la TV depuis une éternité mais j’ai quelques tres bons souvenirs de ses émissions avec Shirley et Dino dont certains sketchs( es) faisaient rire aux larmes une personne tres chère à mon coeur et pour cela un immense merci
je lui souhaite une longue vie et encore plein de succès et qu’il ne change pas
Merci Patrick ! Merci beaucoup ! Voilà un amuseur , peut-être parfois un peu suffisant , qui plaisait aux gens , à ceux d’en bas , aux « sans dent » comme disait l’autre crétin . Il nous présentait des numéros distrayants qui n’obligeaient pas à se poser des questions existentielles . Il était là pour l’amusement , la déconne parfois . Pas de politique , surtout pas de wokisme imbécile .
Patrick Sébastien a fait de la Tv de qualité et distayante , à travers « le plus grand cabaret du monde » et « les années bonheur », gentiment nostalgiques , il a rencontré un franc succès sans jamais faire référence à ses idées politiques même si on savait qu’à travers ses imitations, il avait une sympathie certaine pour le personnage Chirac . Cyril Hanouna est dans la même veine avec les mêmes succès en terme de part de marché et de statistiques d’audience ,qui en font les champions toute catégorie du PAF ce qui ne plait pas aux donneurs de leçons qui encouragent les animateurs du service public à ne pas recevoir tel ou tel homme ou plutôt femme politique, quand ils ne sont pas du bon côté du manche . Ils participent par là à la mise à l’écart d’une bonne partie des spectateurs tv . C’est pour cela que je ne regarde plus les émissions de Michel Drucker depuis longtemps déjà, ainsi que celles de Ruquier qui n’en râtait pas une pour fustiger « l’estreme droate » . Cyril Hanouna a changé son fusil d’épaule par rapport à Sébastien en affichant clairement ses opinions comme le font depuis des lustres les autres animateurs vedettes de la TV au profit du discours de gauche . Il a permis par cela de régulariser une situation injustifiable qui marginalisait tout en partie des gens qui payent cette TV par la redevance, et désormais , par leurs impôts. Je considère que des considérations politiques se basant sur des faits rééls ont autant sinon plus de légitimité que celles qui ont une base idéologique sans aucun fondement prouvé ou bilan rendu . Je pense que ces gens feraient mieux de faire leur auto censure plutôt que continuer à chanter comme le coq sur le tas de fumier et tenter de faire taire ceux qui ont toutes les raisons de leur en vouloir !
Ah…le populo…et ses onze millions d’électeurs bas du front…Finalement il n’y a de populaire qui vaille que quand il est précédé dudit front…et quand il est « nouveau », alors là, on se régale !
Cette dualité pour/ contre me rappelle J. Dujardin critiqué car apparaissant _ à un match de rugby _ avec un béret, en marcel et avec une miche de pain… Les « critiques » là aussi sont le fait de minorités style Libé, LFI etc P. Sébastien l’a précédé. Spectacles TV de qualité ( pour beaucoup de gens qui n’avaient pas les moyens de « sortir » et autres spectateurs ), franc-parler et bonne franquette… donc CQFD pour les progressistes. Bon sens aussi ( épisode du martinet face à Moix qui lui a évoqué le souhait de mort de ses parents _ à re-vérifier, mais presque sûr ). P. Sébastien est « peuple » donc populaire pour sa proximité, sa sympathie et son amour des gens simples, ce qui ne court pas les rues…
Un p’tit gars parti de pas grand-chose, un « self-made-man », un homme qui a su tirer les leçons d’une vie qui ne lui fait pas de cadeaux , un garçon dont la joie , la bonne humeur et la sincérité sont communicatives et même si je ne partage pas toutes vos gaudrioles Merci Monsieur Patrick Sébastien !
Patrick Sébastien est un homme à multiples facettes avec une constante :il a oublié d’être con, même si il s’est amusé à donner dans l’image de gros beauf dont certains ont voulu l’affubler.
Il a fait les meilleures émissions de variétés à la télé, et ce n’est pas pour rien qu’il était autant apprécié du public.
« Il doit être bien LE seul » = par rapport à qui ? « Si chère à » signifie « chérie par » = n’est-ce pas le contraire ici ? Etc etc… cet article est illisible et ce n’est pas la première fois.
Manifestement l’ironie vous échappe.
Comme disait ma grand mère, la culture c’est comme la confiture moins on en a plus on l’étale !!! Pauvre France qui a de plus en plus de peine à lire…
Il y a différentes façons de lire…Un exemple, ceux qui n’apprécient l’ironie de Libération.
Sébastien subit une éclipse mais reviendra en grâce. Il ne peut en être autrement. Comme pour le cinéma où, il y a une cinquantaine d’années, les intellos critiquaient le cinéma d’Audiard ou de Lautner ou d’Oury au profit de « la nouvelle vague » incarnée par des Godard, Truffaut ou Chabrol. La parenthèse refermée, on constate que, lorsque les Tontons Flingueurs ou la Grande Vadrouille passent à la télé, les audiences sont largement supérieures que lorsque la soi-disant nouvelle vague y est diffusée.
Il risque de lui arriver, ce qui est arrivé à Coluche, Balavoine, Le Luron peut-être aussi jésus. Lol!
Tant qu’il tait ce qu’il doit savoir mais qu’il ne faut pas dire, il n’est pas gênant pour l’élite (celle qui a pris le pouvoir en 85 après le départ de Mauroy)
Merci pour cette mise en valeur de quelqu’un de très bien .
Bravo et merci pour cet article ! je me demande vraiment pourquoi notre télé a décidé de l’oublier , c’est un artiste, un vrai, qui nous amuse en nous rappelant l’époque bénie où la France était un beau pays où les français étaient heureux
Facile de vous répondre: l’intelligentsia adore la nullité et en fait la promotion car plus les gens sont nuls plus on peut en faire des veaux (ou des moutons)
Les « intellos » se bouchent le nez en entendant son nom, le traitent de beauf ou pire… Il est toujours resté debout, malgré tout. Grace au public ! C’est un des rares personnages publiques avec lequel j’aimerai partager un saucisson et une bonne bouteille, en rigolant de la connerie humaine !
Je peux me joindre à vous ???
Blanc, pas de gauche et du succès, donc à bannir de la mafia qui noyaute nos média
Et n’oublions pas sa présidence du club de rugby le C.A. Brive qu’il a conduit aux sommes européens. Et c’est un supporter de l’Aviron bayonnais qui le dit.
Patrick Sébastien est un gaulois non réfractaire à la plaisanterie quelquefois lourde, cela va sans dire. Mais ce multitalents, comme d’autres sont multicartes, sait parfois être très tendre et surtout d’une sincérité indéniable. Il fait partie d’un monde du spectacle qui peu à peu disparaît. C’est dommage car dans la morosité ambiante, on a vraiment envie de s’évader. Peu importe avec qui, il n’y a que le résultat qui compte. Comme il nous arrive de nous couper en quatre, pour quelqu’un qu’on apprécie, alors pourquoi ne pas remercier celui qui s’est toujours coupé en deux : Patrick Sébastien ou Sébastien Patrick. Quoi qu’il en soit, c’est un duo qu’on aime.