Je vous l’ai dit, déjà : Paris est envahi par les rats.

Des bêtes bien nourries, en pleine santé malgré les raticides qu’ils avalent comme des bonbons. Autrefois, ils attendaient la nuit pour sortir. Désormais, forts de leur nombre et de leur belle santé, ils cavalent dans les parcs et jardins en plein jour, trottinent dans les caniveaux, gambadent sur les trottoirs au milieu des campements sauvages et des détritus, se pendent aux délicieux sacs plastique des poubelles/garde-manger comme au distributeur de sandwichs…

Il a fallu, voilà quelques jours, qu’un éboueur mette en ligne ce qui fait désormais son quotidien pour que la presse s’émeuve. Une vision d’horreur relayée par Le Parisien. C’était dans le très chic VIIe arrondissement de Paris, celui du palais Bourbon et des ministères, des Invalides et de la tour Eiffel. Ouvrant l’une de ces grandes bennes à ordures qu’on trouve au pied des immeubles cossus, les agents ont découvert qu’y grouillaient des dizaines de rats. Un cauchemar pour film gore.

L’employé de la Propreté de Paris (on ne rit pas…) raconte : "Ça nous a impressionnés, donc, on a vite refermé le bac et on l'a vidé dans la benne." Ce qui, au passage, signifie bouillie de rats… Question : les bennes sont-elles désinfectées ? Que font les amis des bêtes (je plaisante) ? Il poursuit : les rats "sont énormes et ils ont de moins en moins peur de nous. La preuve, ils n'ont pas hésité à attaquer plusieurs de nos collègues sur différents arrondissements. Il y en a un qui a sauté à la gorge d'un collègue, un autre qui a sauté sur le bras d'un collègue." Chose confirmée ce jour par une personne dont l’entreprise œuvre dans la station métro/RER du Châtelet : "Ça cavale partout, me dit-il, les rats sont gros comme des chats. Ils nous foncent dessus, il faut sans arrêt être sur ses gardes."

Et ça, Monsieur Macron, ce n’est pas une "fake news.

Ce lundi matin, le maire de Neuilly pleurnichait au micro de RTL, scandalisé comme son amie Valérie Pécresse que le Premier ministre ait décidé de renoncer au projet d’Exposition universelle. Ce serait magnifique, grandiose, disaient-ils ; et d’avancer le chiffre potentiel de vingt millions de touristes.

Fort bien. Sachant que le ratio, à Paris, est d’une moyenne de deux rats par habitant, faites le calcul. Et pas sûr que lesdits touristes apprécient de voir la population des égouts cavaler désormais en plein air.

Devant la grogne de ses agents, la mairie de Paris dit avoir saisi le problème à bras-le-corps et consacré 1,5 million d’euros, en 2017, pour lutter contre les bêtes à fourrure. On en met cent fois plus pour le « plan vélo » : 150 millions sur cinq ans. Et la dératisation, ce n’est pas très écolo ! Comme le signalaient les chercheurs qui étudient l’évolution de l’espèce Rattus norvegicus, "les squares, les jardins municipaux envahis doivent être fermés les uns après les autres pour être dératisés, avec des produits chimiques agressifs et polluants à côté desquels le dioxyde d’azote et les particules fines ont la dangerosité de l’eau de Cologne". À quoi il faut ajouter cette autre découverte particulièrement inquiétante : "56 % des rats se sont révélés génétiquement résistants aux raticides couramment utilisés pour contrôler les populations de rongeurs." Et, mieux encore : on a identifié chez ces rats mutants de nouvelles bestioles porteuses de saloperies "potentiellement responsables de maladies chez l'homme et les animaux".

L’avenir ? Pas rose du tout. Plutôt gris, même. Les éboueurs craignent, en effet, que les conditions météo n’aggravent encore les choses : "Là, par exemple, on est en période de crue. Je vous laisse imaginer dans quelques temps, quand il y aura la décrue, ce qui va se passer. Tous les rats vont remonter, ça va être un carnage."

On pourrait peut-être leur indiquer le chemin de l’hôtel de ville, direct vers le bureau de madame Hidalgo ?

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22 janvier 2018 à 17:47

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