Abolition des privilèges !

Ce dimanche 21 janvier, l'émission Capital diffusée sur M6 était consacrée au coût de l'État et de sa cohorte d'élus et de hauts fonctionnaires. À l'heure où l'on commémore l'exécution de Louis XVI, cela ne pouvait mieux tomber. Car si le but de la Révolution était l'égalité fiscale et l'abolition des privilèges, l'objectif est loin d'être atteint aujourd'hui. La République a, certes, aboli l'aristocratie surannée de l'Ancien Régime et les taxes qui pressuraient le tiers état, mais elle y a substitué une noblesse républicaine d'énarques, d'élus et autres dignitaires d'État qui jouissent de privilèges et perçoivent d'exorbitants salaires payés par l'impôt du contribuable.

Des voix s'élèvent, dès lors, pour critiquer le fonctionnement de la République, voire la République elle-même. Selon un sondage réalisé par LCI au mois de mars, 17 % des Français seraient favorables à une monarchie. En outre, les trois quarts des personnes interrogées dans un récent sondage disent ne plus faire confiance à l'État et aux élus. Qui peut leur donner tort ?

Lorsque la République faillit à sa mission et à ses idéaux, elle est contestée, délégitimée et donc menacée. Pour la sauver, il faut la réinventer, ou plutôt lui redonner son sens à travers ses principes fondateurs.

L'abolition des privilèges républicains et de la noblesse énarchique est une condition sine qua non pour que le terme d'égalité retrouve son sens. Lorsque l'émission Capital nous dévoile les coûts faramineux d'une institution comme l'Assemblée nationale (six fois plus chère que l'Élysée !) et nous parle de ces hauts fonctionnaires qui ont droit à un majordome, une voiture et un logement de fonction ainsi qu'à des primes et des congés grassement payés, on est en droit de se demander si l'on est encore en république. Ajoutons que la plupart des élus vivent et/ou travaillent dans le luxe de bâtiments (souvent des palais) datant de l'Ancien Régime, les fameux "ors de la République". Il faudra sans doute s'interroger un jour sur la pertinence d'une classe politique républicaine qui gouverne depuis les palais des rois. Les lieux de pouvoir façonnent la manière de gouverner.

Si la plupart des Français se disent toujours attachés à la République, c'est plus par habitude que par réelle adhésion à un régime. Le Français n'est ni nationaliste ni républicain par nature. En fait, il se contrefout des idéologies (et il a bien raison). Ce qu'il veut : la prospérité, la sécurité et la justice. Quand la République leur assure ces choses (comme durant les Trente Glorieuses), les Français y adhèrent et ne veulent pas entendre parler d'extrême droite ou de royalisme. Or, dans des périodes de crise où la République n'est plus apte à remplir son rôle, les Français inquiets commencent légitimement à la critiquer et à perdre confiance en elle.

Comment aimer un régime qui rémunère ses élus et hauts fonctionnaires avec des dizaines de milliers d'euros et étouffe les citoyens travailleurs à coups de taxes toujours plus grandes ? Si les inégalités ont toujours existé et existeront toujours, elles sont plus criantes et plus choquantes lorsque la misère des uns et l'engraissement des autres sont de plus en plus visibles.

Élus, le peuple gronde. Sortez de vos palais et écoutez ce qu'il a à vous dire. C'est parce que les rois furent sourds à la colère du peuple que l'Ancien Régime tomba. Si la République veut survivre, elle ne doit pas commettre les mêmes erreurs.

Nicolas Kirkitadze
Nicolas Kirkitadze
Etudiant en Histoire

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