Si l’oligarchie « globaliste » ne rêve que d’une chose - que Trump finisse ses jours en prison, ruiné -, alors comment se fait-il que celui qui a passé un pacte faustien avec ladite oligarchie pour devenir le Président d’un souvenir « archaïque » qui se nomme France, comment se fait-il qu’Emmanuel Macron, grand prêtre des « valeurs universelles », ait tout fait pour aider Trump à se dépêtrer de son retrait de l’accord de Paris sur le climat, de ses initiatives tarifaires lancées à la va-vite, de son « non-interventionnisme-lance-missiles » (Syrie) et surtout de son obsession iranophobe (retrait américain de l’accord sur le nucléaire tant souhaité par le Premier ministre Netanyahou) ?

Lors de ces trois jours de cajoleries qui frisaient le ridicule, les deux présidents donnaient en effet l’impression qu’ils avaient désespérément besoin l’un de l’autre. Macron a traité Trump avec le plus grand respect, et la plus grande admiration de façade, jouant son rôle de façon très plausible. Le plus américain des Européens, car baptisé à l’autel des grandes banques d’affaires de Wall Street, faisait visiblement partie du club de l’establishment US. En apportant sa caution professionnelle et « morale » à Trump, en validant urbi et orbi la récente stratégie coréenne du président américain, Macron a ainsi offert un peu de répit à un président traîné dans une boue de plus en plus visqueuse et toxique.

Dès lundi, les commentateurs américains faisaient l’ouverture de la chasse en qualifiant Macron de « chuchoteur » (dans le sens de « l’homme qui murmure aux chevaux », Donald étant ici le canasson à réhabiliter, à convertir à la davocratie).

La réalité est que Macron a bien offert à Trump plusieurs portes de sortie lui permettant de revenir sur ses engagements ou décisions en sauvant la face avec un beau visage de gagnant. Sur l’accord de Paris, Macron, nuancé, a reconnu les préoccupations américaines (impact économique, équité), ce qui entrouvre la porte à une renégociation possible avec Washington. Macron a, par ailleurs, relevé les inégalités et impacts négatifs de la mondialisation et des traités commerciaux, ce qui donne matière à revoir les choses de façon plus équitable.

Mais c’est sur l’Iran que Macron a facilité les choses à Trump. Car, au moment où ce dernier va rencontrer le "Rocket Man" nord-coréen (en mai ?), le président américain ne peut pas donner un contre-exemple de mauvaise foi sur le cas iranien. Macron a, de facto, ouvert la porte à une extension de l’accord portant sur « quatre piliers » connexes (en particulier l’usage de vecteurs/missiles potentiels). Et il y fort à parier que cette ouverture était également destinée à protéger les entreprises européennes contre une batterie de sanctions visant leurs activités en Iran (voire en Russie) que le néoconservateurs brûlent de lancer dès la sortie américaine de l’accord. Il devient possible que la position américaine puisse ainsi libérer Washington de certains engagements pris à Riyad et Jérusalem. En ouvrant une renégociation trumpienne soutenue par les Européens, Chinois (et Russes)…

Bon élève, Macron va augmenter sa contribution à l’OTAN (donc ses achats d’armements américains). Reçu à Washington comme le cofondateur de jure du Nouvel Ordre des Siècles, il a bel et bien réussi son entrevue de recrutement, désormais devenu proconsul de l’empire américain en Europe. Qu’en pense Angela Merkel, qui passera ce vendredi à Washington ?

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 09/01/2020 à 17:43.

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26 avril 2018 à 9:12

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