Les gilets jaunes à Bordeaux : « Macron démission ! »

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Rien n'est mieux, pour commenter un événement, que d'être sur place et d'observer ce qui se passe autour de soi. On sait que des opérations ont eu lieu sur la rocade de Bordeaux, sur l'autoroute A63, que le pont d'Aquitaine, axe stratégique, a été bloqué, sans incident majeur, avant qu'un barrage filtrant ne soit installé. J'avais choisi de me rendre à une manifestation à pied, annoncée sur les réseaux sociaux, au départ de la place de la République, au centre de Bordeaux. Il fait un temps magnifique, de bon augure.

En arrivant sur la place, on est frappé par le nombre de gilets jaunes : 1.500, 2.000 ? Difficile à évaluer, mais la place est quasi pleine. Avant le départ du cortège, l'un des « organisateurs » (il porte un micro et un amplificateur puissant) entame "La Marseillaise". "Les gilets jaunes chantent “La Marseillaise” devant la mairie", titre, un peu plus tard, Le Figaro. En fait, c'est devant le palais de justice. Mais ce n'est pas grave. Toute la foule chante dignement l'hymne national. Quelques participants, peu nombreux, veulent ensuite chanter "L'Internationale", mais ils n'ont guère de succès. Ils ne recueillent que quelques sifflets de désapprobation.

Il y a certainement des gens d'extrême gauche dans cette manifestation, mais ils ne se font pas trop remarquer. J'ai bien vu un militant de La France insoumise, reconnaissable à son insigne, et un homme portant un tee-shirt du Parti communiste, parce que je suis tombé dessus par hasard. Mais l'immense majorité des manifestants est composée de gilets jaunes, sans appartenance politique apparente. Des retraités, des salariés, des jeunes, quelques enfants en poussette même. Une ambiance bon enfant et populaire. Les gens se parlent facilement. Ils ont l'impression de faire partie de la même famille.

On rejoint la fameuse place de la Victoire, où l'on fait étape. La foule semble avoir grossi. Puis on rejoint les quais. On nous annonce que l'objectif est le pont Chaban-Delmas. Une sacrée trotte. On passe devant le miroir d'eau, qui reflète la magnifique place de la Bourse, on longe les quais, rénovés par Alain Juppé (le maire de Bordeaux n'est pas sans défaut, mais cela, il l'a réussi !). Le flot grossit toujours : 2.000, 3.000 ? On suit la courbe de la Garonne. Le pont Chaban apparaît. Encore quelques centaines de mètres. On arrive bientôt au but.

Surprise ! Le pont est déjà bloqué... par des fourgons de policiers. Ils ont fait le travail pour les manifestants, qui ne voulaient que l'occuper et ralentir le passage.

Ces gilets jaunes avaient sans doute des opinions politiques diverses. Certains avaient voté Macron au second tour de la présidentielle et juraient qu'on ne les y prendrait plus. Ils étaient tous révoltés par la politique fiscale et sociale d'un Président dont ils ne voulaient plus. Le slogan qui eut le plus de succès fut : "Macron démission !" Le gouvernement devrait y prendre garde : dans cette manifestation improvisée, il y avait plus que l'expression d'un ras-le-bol.

Philippe Kerlouan
Philippe Kerlouan
Chroniqueur à BV, écrivain, professeur en retraite

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