Voilà tout juste un an, à Vienne, Sebastian Kurz, le leader du Parti populaire autrichien (ÖVP), concluait un accord de gouvernement avec Heinz-Christian Strache, président du Parti de la liberté (FPÖ). On se souvient de l'émoi soulevé dans l'Europe bien-pensante par l'annonce de cette coalition entre la droite conservatrice et l'extrême droite. Chacun souhaitait qu'elle fût éphémère et guettait le faux pas qui la mettrait à terre. Manque de chance, un an après, l'Autriche se porte bien : bonne santé économique et politique, des sondages au plus haut. Un exemple à suivre ?

Avec une croissance économique de 3 %, un taux de chômage de 5,6 % (l'un des plus bas de la zone euro), des salaires qui progressent de plus de 2,5 % dans la majorité des branches, y compris dans la fonction publique, ce pays pourrait faire envie, si l'on compare sa situation avec celle de la France, dirigée par un prétendu magicien qui a rapidement montré ses limites. Il a fallu le mouvement des gilets jaunes pour qu'il fasse, aux plus modestes, quelques concessions financières, au demeurant très insuffisantes et mal ficelées : une aumône distribuée à la va-vite pour se sortir du pétrin, sans même avoir une idée précise du coût de ces mesures...

Le secret de la solidité de cette alliance ? D'abord, s'être accordé sur une plate-forme commune qui correspond aux attentes de la majorité de la population : expulsions effectives de migrants déboutés du droit d'asile, fermeture des mosquées salafistes, refus de signer le pacte de Marrakech, indexation des prestations familiales... Tout le contraire de la politique menée en France, où l'on signe le pacte de l'ONU en catimini, où l'on augmente le budget de l'immigration, tout en annonçant qu'on réfléchit à l'immigration dans la consultation nationale, où le pouvoir d'achat des actifs et des inactifs se détériore de jour en jour.

Ensuite, avoir fait preuve de bon sens en ne se pliant pas au tabou qui interdit toute alliance entre la droite conservatrice et la droite populaire, en cherchant plutôt les points de convergence, en montrant que les besoins de l'économie ne vont pas nécessairement à l'encontre des besoins du peuple, en ne mettant pas sous le coude le problème de l'immigration mais en le saisissant à bras-le-corps. Avoir su, également, faire des efforts de part et d'autre, ne pas mettre publiquement l'accent sur leurs désaccords pour mettre en avant les points d'accord. Ce qui ne peut que susciter la confiance.

Bien sûr, les situations ne sont pas totalement transposables d'un pays à l'autre, mais l'exemple du FPÖ et de l'ÖVP ne pourrait-il pas inspirer Les Républicains et des partis comme le Rassemblement national ou Debout la France ? Certes, depuis l'élection présidentielle, on a constaté qu'une partie des Républicains se tournait vers Macron : on ne peut guère compter sur ceux qui vont toujours dans le sens du vent (on les voit, d'ailleurs, prêts à tourner leur veste quand leur champion est en mauvaise posture).
Mais il est une partie des Républicains qui défend sincèrement des valeurs de droite, ne renie pas notre héritage chrétien, ne dédaigne pas le peuple, partage en paroles et, quelquefois, en actes les positions des « populistes », parce qu'ils ont d'abord le souci des Français.

Est-il utopique de rêver à une union des droites où, comme en Autriche, on se mettrait d'accord sur l'essentiel pour gouverner dans l'intérêt de tous ? Cela supposerait que chacun y mît du sien, mais cela vaudrait la peine d'essayer.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 09/01/2020 à 18:52.

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14 décembre 2018 à 23:00

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