Yann Moix et les nazis, une obsession aussi tenace qu’indécente

Jamais en reste de sorties qu’il est sans doute le seul à priser, Yann Moix – intellectuel autoproclamé se gargarisant de lui-même au risque de l’étouffement – a encore sévi dans la regrettable émission du service public "On n’est pas couché", financée par ceux sur qui elle vomit à longueur d’antenne, c’est-à-dire la France moisie. Cette fois-ci, il a franchi un cap en déclarant qu’"on vit dans un pays qui évalue les mineurs comme faisaient les nazis. Voilà comment sont triés, en France, les mineurs et les majeurs."

Ce chantre de Charles Péguy – dont on lui rappellera le patriotisme viscéral ainsi que la fervente foi chrétienne, sublimement illustrée dans Le Porche du mystère de la deuxième vertu – avait, ce soir-là, un invité pour lui donner la réplique en la personne d’Hugo Clément, sorte de yuppie 2.0 qui s’indigne et s’aime beaucoup au point d’avoir essuyé, en janvier dernier, un portrait peu flatteur dans les colonnes de Libération – c’est dire ! – où il était question de "sa propension à croire qu’il réinvente le journalisme, à s’indigner tous les quatre matins en ligne et à donner des leçons en tartuffe moraliste".

Hugo Clément a réalisé un reportage sur les mineurs étrangers – ou supposés, au moins pour certains qui ont l’air d’avoir un peu plus de 18 ans, cela dit sans aucune sympathie pour le IIIe Reich ! – écumant les rues de la capitale. Pour faire bonne mesure, il aurait pu filmer à Rennes "les mineurs étrangers délinquants [qui] “rejettent toute main tendue”, selon le procureur de Rennes, Nicolas Jacquet" (Ouest-France).

Mais, samedi soir, sur le plateau de Laurent Ruquier, c’est Yann Moix qui a sans conteste remporté la palme de l’obscénité en convoquant le nazisme dans une affaire où il n’a pas sa place. Il faut dire que cette référence est une obsession pour l’intéressé, étant donné le nombre de fois qu’elle sourd de sa bouche.

J’ai eu, jadis, l’occasion d’assister à la conférence d’un rescapé d’Auschwitz et je ne me souviens pas qu’il ait parlé de reconduites à la frontière en avion ni de centres d’accueil où l’on dormait au chaud et mangeait à sa faim. Pas plus que Primo Levi, dans l’implacable récit de son expérience concentrationnaire, Si c’est un homme.

Yann Moix appartient, cependant, au sérail et tout au plus lui fera-t-on promettre de ne pas réitérer de tels propos - ce dont il n’aura cure. Ça s’appelle de l’impunité sélective. Pour moins que ça, en effet, Éric Zemmour a été débarqué d’i>Télé – aujourd’hui CNews – et l’on ne compte plus les fortes têtes de son acabit qui ont été priées de faire une petite visite de courtoisie à la 17e chambre correctionnelle du tribunal de Paris.

Enfin, je trouve Yann Moix particulièrement ingrat avec un pouvoir qui se propose de traquer les « mauvaises » informations sur Internet afin que plus un cheveu ne dépasse de la limite autorisée - que le chroniqueur de France 2 contribue activement à tracer, soit dit en passant.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 10/09/2024 à 9:01.

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